Un acrobate sur le fil de l'Histoire

chapiteau de nuit

C’est le navire « Britania » qui en 1854 a donné sa voilure à William Pinder, gérant d’un théâtre ambulant, dans le port de Hartpool en Angleterre. William se fait aider de sa femme et de son frère, George, et ensemble ils créent le Cirque Britania. Celui-ci se déplace d’abord en Hollande, commençant ainsi une longue tradition d’itinérance. Puis c’est enfin la France et l’Angleterre, dans des allers-retours qui se poursuivent jusqu’à la retraite du fondateur. Son fils Arthur reprend l’aventure et décide d’implanter le cirque définitivement en France en 1904. Le cirque prend alors le nom de Cirque Pinder Frères, puis Grand Cirque Hippodrome Pinder et se fait connaître pour ses cavalcades. Mais la Première Guerre Mondiale porte un premier coup à l’entreprise qui finit par faire faillite après la mort d’Arthur en 1924.

C’est Charles Spiessert qui la reprend. Lui aussi connaît le voyage, le succès et les déboires (il perd tout dans le tremblement de terre de San Francisco en 1906), et lui aussi a monté sa petite entreprise de divertissement (un cinéma ambulant) avant d’acquérir le Cirque Pinder. Gestionnaire avisé et passionné par les nouvelles technologies, il équipe le cirque de véhicules rugissants, à la pointe du progrès. La Seconde Guerre Mondiale arrête une nouvelle fois l’essor du cirque. Spiessert enterre le chapiteau pour signifier son refus de jouer pour l’occupant et remise tout le matériel à Tours, en attendant l’heure de refaire surface. Et c’est chose faite dès 1945 : pendant la période d’après-guerre, le cirque renaît et le « Tour des Villes » est ressuscité. Spiessert fait l’acquisition de nouveaux véhicules achetés à bon prix aux Américains qui rentrent chez eux. Il y attèle des chars carrossés en créatures fantastiques et les habille de deux couleurs devenues caractéristiques : le rouge et le jaune. Le chapiteau peut maintenant accueillir 10 000 personnes ! Les stars foulent la piste, un partenariat avec l’O.R.T.F commence et Roger Lanzac remplit son rôle de Monsieur Loyal avec brio. Tout l’univers de Pinder s’anime alors sous les feux des projecteurs et des caméras et sous le regard subjugué des spectateurs qui remplissent le chapiteau.

En mai 1968, c’est aussi la crise pour le Cirque. Il y a rupture avec l’O.R .T.F, la concurrence de la télévision et des autres cirques est rude, les dettes s’accumulent. Spiessert meurt en 1970 et le Cirque est repris par le comédien Jean Richard deux ans plus tard. Le nouveau directeur réduit le nombre de places et redore le blason de l’entreprise sous l’appellation Cirque Pinder Jean Richard. Le géant se remet une fois encore sur pieds, rebondit, retrouve son équilibre pour mieux repartir sur les routes de France et semer des étoiles partout sur son passage. Aujourd’hui, c’est Gilbert Edelstein qui tient les rennes du colosse et entend bien perpétuer la tradition.

Aujourd’hui comme hier, le cirque fait rire et rêver les petits et ranime la flamme de l’insouciance et de la légèreté dans les yeux de ceux qui ont grandi trop vite !

    Audrey Bonnet
Publié le 02/12/09

Crédit Photos: © Cirque Pinder