Mercredi 8 juin : Moscou
Au réveil, nous surprenons par la fenêtre de notre chambre un vieil homme en train de retourner les
poubelles. Sous le regard des habitants de l’immeuble, il fouille minutieusement toutes les ordures. De son butin dépend certainement sa survie. Au cours de notre séjour, nous observerons régulièrement cette scène révélatrice des dures conditions de vie d’un grand nombre de Russes.
Le midi, nous déjeunons dans un bistrot près de la Place Rouge recommandé par des amis de Sébastien pour ses prix dérisoires. Nous apprécions l'Akrochka, soupe froide à base de légumes, de crème fraiche et de fines herbes. L'après-midi, place à la richesse avec la « Krasnaya Plochad ». Cette expression russe signifie à la fois « place rouge » et « belle place ». La Cathédrale Basile Le Bienheureux, le Kremlin (terme signifiant Forteresse), le tombeau de Lénine et la galerie commerciale « Le Goum » (tous décrits dans les pages suivantes) sont autant d'éléments qui contribuent à la magnificence du centre-ville de 
Moscou !
En face du Kremlin, la cathédrale Basile Le Bienheureux est à Moscou ce que la Tour Eiffel est à Paris. Lalégenderaconte qu'Ivan IV Le Terrible, le commanditaire de l'église, fit crever les yeux de ses architectes pour qu'ilsne puissent recréer pareille splendeur. Ses bulbes polychromes et sa couleur ocre se détachant sur un ciel bleulair font penser aux contes de fées de Walt Disney
A côté de la Cathédrale s'étend le Goum, galerie marchande de luxe. Nous nous y introduisons.Sur les côtés se succèdent les vitrines des plus grandes marques internationales dont de nombreuses françaises comme L'Oréal, Chanel et 
Yves Rocher (perçue en Russie comme une marque de luxe). Et dans les allées se trouvent des stands touristiques où sont vendues les fameuses poupées gigognes russes appelées matriochkas.
En longeant l'enceinte fortifiée du Kremlin, mythique siège du pouvoir russe, nous parvenons à la tombe du Soldat Inconnu. A ses côtés, une grande flamme éclaire l'étoile soviétique dessinée au sol. Des gerbes de fleurs et des écussons entourent la tombe. Deux gardes surveillent sévèrement les touristes depuisleurs cabines de verre.
A côté de tant de merveilles, la pauvreté est visible près de la Place Rouge au niveau du « Kilomètre Zéro », point de départ des distances kilométriques en Russie. Là, les touristes se placent au centre d'un cercle gravé sur le sol et jettent par-dessus leur épaule des pièces, geste qui est censé porter chance. Aussitôt les pièces (souvent des kopecks) tombées à terre, les mendiants se précipitent pour les ramasser sans la moindre gêne.
Nous nous rendons ensuite au Bolchoï (terme signifiant grand), célèbrethéâtre de Moscou où se produit l'une des meilleures troupes de ballet au monde. Sa façade à huit colonnes est surmontée d'un fronton triangulaire.
Dans la billetterie, une miniature permet d'apprécier les vastes dimensionsdu théâtre. Nous étudions l'échelle des prix compris entre 100 et 3000 roubles, soit entre 3 E et 100 E. Les places les moins chères pour les derniers spectacles ont déjà été vendues. Notre budget n'est pas suffisant pour les places restantes. Dommage car le Bolchoï ferme à la fin du mois pour trois ans de restauration
Sur la Tverskaya Ulitsa, célèbre artère commerçante de Moscou partant de la Place Rouge, des personnes souvent âgées exercent des « petits métiers ».
Sur les trottoirs, des femmes-sandwichs font le piquet des heures durant. D'autres personnes, telles des épouvantails, tendent leurs bras sur les côtés attendantpatiemment que leur stock de prospectus s'écoule.
Dans les rues, des « Dames Pipi » sont chargées de l'entretien de toilettes mobiles. Et dans le métro, des « Dames Photomaton » apportent leur aide aux personnes désirant réaliser des photos d'identité et des « Dames Escalator » veillent également au bon fonctionnement des escalators.
Plus loin, une vieille femme toute vêtue de noir (à l'exception du foulard lui couvrant la tête) plonge sa main au fond d'une poubelle. Elle en extrait un paquet de chips entamé au fond duquel elle récupère quelques miettes. Poursuivant sa quête, elle repère une autre poubelle juste à côté de la première. Cette fois-ci, elle y trouve un reste de pomme de terre qu'elle s'empresse de dévorer sans marquer la moindre pause. Elle semble vraiment affamée et sa détresse me serre le cur.
Le soir, nous retrouvons Gabriel, Jean-Baptiste, Larissa Marjorie, Charles et Sophie, des étudiants français qui, comme Sébastien, ont passé trois mois à Moscou. Plusieurs d'entre eux repartent en France le lendemain matin. On ne peut pas dire qu'ils débordent de joie à l'idée de rentrer chez eux. Leur séjour en Russie a été si riche en surprises, découvertes et amitiés qu'ils regrettent de tourner la page sur cette belle tranche de vie
Pour marquer les départs, nous décidons de braver un interdit : boire de la vodka sur la Place Rouge devant la Cathédrale Basile Le Bienheureux! Nous profitons de l'obscurité et de la pluie pour mettre notre plan à exécution : serrés sous nos parapluies, nous sortons discrètement nos gobelets et la bouteille d'alcool. Après avoir clamé en cur « Zdarovïé » (qui veut dire « Santé »), nous avalons cul sec notre verre. Cette vodka au goût d'eau de Javel fera naître sur mon visage une grimace de dégoût.
Auteurs : Mathilde Wagner et Sébastien Risse