Sur les pas d'Alexandre...

CHRYSSOUPOLI – SILIVRI

itinéraire de Chryssoupoli à Silivri

CHRYSSOUPOLI – ALEXANDROUPOLI
Ca roule bien au début Xanthi, Porto Lagos puis ça se relève. Il fait chaud dans la montée de Mesti avant de rejoindre la côte avant Alexandroupoli
ALEXANDROUPOLI - MALKARA
La frontière de Kipi tant redoutée sans encombre puis les montagnes russes ou turques jusqu’à Malkara MALKARA- SILIVRI
I Toujours ces montagnes turques La rencontre avec Paul sur la route de Silivri. Une route de plus en plus large et de plus en plus encombrée jusqu’à Silivri.

cigognesSamedi 27 juin, réveil ornithologique avec le coq, chante-t-il cocorico en grec ? Le chat huant Rrou Rrou à "c'est l'heure" semble-t-il me dire et les oiseaux qui dialoguent généreusement en note aiguë. La grande salle de restaurant café, chaises recouvertes de tissu, piano blanc au-dessus des portraits de famille, je suppose, peut-être son mari bel homme qu'elle aurait perdu, cette veuve un peu triste. En musique pour partir, j'ai mis ma radio dans ma sacoche. Des moutons, des lauriers roses qui forment un collier au village de Paradaisos. C'est plat le long des collines arides de chênes verts. Byzantin Castle prés de Nestos river gros fleuve dont le delta est annoncé. Forteresse byzantine à Xanthii. Exploitation de marbre et de granit. Des chèvres à cornes avant la grande plaine. Facile, ce plat que j'avale à 25 km heure. Les cigognes s'envolent devant moi et se posent sur un lampadère.
Toujours du plat. Un plat typique hollandais en guise d'apéritif. Des marais salants à Porto Lagos. Je pique une tête dans une plage déserte tout nu. Qu'elle est bonne ! Les lignes droites menant à Komotini. Il fait faim. Arrêt repas à l'épicerie du coin. Le fast-food en face avec son kebab ne m'inspire pas. L'épicier sympa me propose de l'eau fraîche et des glaçons. Pas de refus. Efcharisto Ciao Ciao les champs de blé en repartant sous le soleil me renvoient en passant leur bouffée de chaleur. Heureusement, les nuages me forment un chapeau naturel m'envoyant même quelques gouttes. Des vendeurs bulgares sur le bord de la route. Le plateau sauvage et brûlé de Sapes. Une forêt d'oiseaux à entendre leur piaillement dans des bois campingd'acacia. C'est la Via Ognatia. Aux amandiers et aux champx de blé, succède la garrigue dans la longue montée après Mesti vers les éoliennes qui font tourner leurs bras en haut de la colline. Il faut prendre son temps avec le triple et s'élever sans vouloir brûler les étapes. La mer enfin, une petite échappée vers la grande bleue mais de courte durée. Un virage et de nouveau la remontée dans la garrigue. Alexandre veut-il m'éprouver en me donnant ses fausses illusions. Enfin, c'est la descente finale, les oliviers rassemblés comme des philosophes à la tête argentée contemplant la mer depuis des millénaires. Et Alexandre finalement m'accueille par cette ligne droite menant à sa ville et m'offre un camping comme un lieu de paradis en bord de mer. J'hésite et puis me lance. La tente est vite montée. Un miracle. Merci Jan pour la démo à Bari. Au resto du camping, la musique grecque, la bière Amstel bien fraîche servie par un Apollon. Le paradis tombé du ciel.

Dimanche 28 juin, nuit agitée avec du bruit, des gens qui rient au restaurant du camping juste à côté, de la musique et quand on est sous la tente au confort minimal, que la terre est dure, on se réveille souvent. L'avantage c'est qu'on se lève de bonne heure. Maintenant, le camping est encore endormi quand je m'en vais en traversant Alexandroupoli. Beaucoup de militaires. Une femme soldat sort d'un taxi quand je m'arrête au café pour un café greco un peu cher et où y a pas mal de fond. C'est peut être compris dans le prix, pouvoir lire dans le marc de café ! Grande plaine en sortant. A Contros, le delta de l'Evros annoncé, des cyclos VTTistes me font signe. À Traianopoli, des sources thermales. Je m'y referai bien une santé. La frontière de Kipi approche. Dernière église byzantine.
Un peu d'appréhension et d'excitation avant de franchir cette frontière mythique. 10 km d'autoroute, on ne peut y échapper avant les douanes de Kipi. Ça y est. J'appréhendais les Turcs, c'est une espagnole et un Français qui m'accueillent. En fait, c'est la frontière de l'espace Schengen et c'est l'Europe qui la garde. On discute un bon moments avec le français et la très sympa et charmante espagnole. Je leur explique en long et en large mon périple. Ça fait du bien de parler sa langue. Elle commençait à rouiller ! Les Grecs un peu plus loin sur un pont en tenue d'apparat en fait un peu des clowns avec leur pompons sur les chaussures. Un peu plus loin, ce sont deux militaires turcs. Là, pas de photo mais quand même le panneau de Turkey. Puis, il y a la douane turque et un check-point. Bref, la frontière est bien gardée. Pas loin de la rivière, on dirait des rizières très vertes. Des vaches broutent le long de la route. Un peu plus loin, c'est un berger et ses moutons. Souvent, ils me font un signe d'encouragement. Des gens dans un champ de riz qui sèment. De l'engrais ? Ipsala puis Esetça, les deux premiers villages turcs avec leur consonance différente. Maintenant que je m'étais habitué à la grecque ! Des vallonnements de la route qui surmonte les plissements du terrain comme des rides de la Terre. Après le soleil brûlant, ça se couvre et ça menace même. Là-bas, c'est noir et on dirait qu'il peut déjà. A Kasam, arrêt au vendeur de kebab du coin. Pas facile de discuter avec lui et son enfant qui me sert à boire et me fait écouter une radio plutôt originale. Difficile de payer, lui demande 10 en monnaie turque, finalement, je lui donne cinq euros et là il est content. Allez, il y a quelques gouttes. Il vont s'abriter et je pars sur la route qui a l'air de fuir les éclairs. Me voilà sur la route de Malkara où je pense m'arrêter. Une mosquée et son minaret. Un troupeau de moutons et son berger l'entourent. Ramène-t-il ses brebis dans le droit chemin ?
Une longue montée pour atteindre une forêt d'un vert sombre très serré. Et puis, on aperçoit les immeubles sur la colline de Malkara . Je demande au pied un hôtel. Il faut monter pour arriver dans le village. Tout à gauche pour enfin arriver au centre. Plusieurs demandes avec les gens qui baragouinent péniblement l'anglais, c'est pas facile. À l'hôtel Gungur, je crois avoir trouvé mon bonheur, il n'accepte pas les euros. Finalement, c'est l'hôtel Eser, conduit par un guide improvisé qui le fera. Accueil sympa, un homme avec un vieux monsieur son père ? dans le salon, chambre confortable, vue sur la mosquée, son dôme et son minaret blanc. Que du bonheur ! Le muezzin appelle à la prière par une longue plainte. Mes jambes allongées sur un lit confortable et souple pourraient faire de même. En sortant, belle place avec des bancs, réunion du village surement mais il y aura d'autres places, d'autres parcs où plein de monde s'y réunisse. Quelques femmes voilées de foulards, d'autres à l'occidentale. Dans un parc, les marchandes de glaces, une blonde et une brune aux yeux noirs pétillants pas froid aux yeux, s'amuse à traduire ce que je veux en anglais. Le village tout en pente est rempli de parcs et de squares fleuris où il fait bon se reposer et prendre un thé mais quand on s'écarte des rues principales, c'est moins reluisant avec des murs délabrés, des maisons de misère et ses rues jonchées de détritus. À la pizzeria pour une Margherita mais pas de bière, pas d'alcool dans le village, comme l'explique le serveur. Dur de s'adapter à la culture de l'islam. Une vieille dame voilée de noir fait contraste avec la musique occidentale de la salle. Au café Binguller, encore dans un parc magnifique séparé par un jet d'eau pour déguster une glace et un Coy, (choy) un thé à la turque servi dans un petit verre. C'est le jeune serveur qui m'a appris mon premier mot turc. Mon autre c'est un que j'ai deviné en voyant la vitrine c'est KUOFORU pour coiffeur. Ce jet d'eau sépare le côté famille avec l'autre pour les amis. Ce que je ne savais pas. Je me fais chassé par un homme pas très aimable. Ici familia, dit-il sèchement. De l'autre côté, me fait-t-il signe de la main. S'adapter à la culture. Cela ne m'empêche pas de contempler la vue. Les pins qui ouvrent la route vers Istanbul où les lumières des voitures serpentent vers les montagnes bleutées s'effaçant à l'horizon.

grecs en tenue d'apparatmarchand de Kebab

Lundi 29 juin, c'est beau la mosquée mais c'est bruyant. Vers 5 h 30, ce matin, avant le lever du soleil, l'appel à la prière me l'a bien rappelé ! Premier petit déjeuner à la turque. Le serveur trapu un peu bourru me fait signe de m'asseoir. Un thé, beurre, confiture classique mais avec une assiette olives, tomates, concombre et fromage frais plus original. Juste un mot avec le père Istanbul ? Me demande-t-il. Non, Silivri, demain Istanbul. Avec les perruches, ça détend un peu l'atmosphère un peu tendue ! Le marché s'installe en sortant dans la rue. Pas le temps de s'y attarder, c'est ma dernière longue étape. Descente de la ville jusqu'à la grande route. Là, c'est un serpent qui s'étend dans la brume. Des vaches, des champs de blé, de je ne sais quoi suis je encore en Turquie ou en Normandie ? Ça se lève au bout de quelques bosses. La source bienvenue dans la fraîcheur du noyer. Des cerises, une taverne au-dessus. Encore des longues montées, des montagnes russes interminables. Pas loin de suivre un camion vert qui broute dans la côte. Un troupeau de moutons et son berger, un cheval et un bonhomme sur sa carriole, un tracteur. L'ancien et le moderne. Et puis un quatre étoiles, l'hôtel Yayoba et puis la mer de Marmara d'un bleu vaporeux au fond de la descente.
passe-rosesC'est Tekirdag qui appâraît, bréakfast à Tekirdag sous la tonnelle d'un restaurant Portakal à côté de la mer lumineuse et des bateaux qui mouillent au large. Petit déjeuner comme à l'hôtel avec du bon pain et l'air marin qui m'a ouvert l'appétit. C'est extra ! La fatwa sur la dame en vert. Une dame seule s'asseoit au restaurant habillé à l'occidentale et en plus sa robe remontée à l'arrière fait apparaître le haut de ses cuisses. Que fait l'imam ! Beaucoup de restaurants, de marchands de glace le long de la promenade de la corniche. Difficile d'en partir quand il fait chaud et orageux. Les champs de tournesols, de blés avec la moissonneuse sur fond de mer. Le bar, la plage, la bière servie par trois jeunes Turcs avec qui je discute. Les passe-roses sur la mer El Paradisio.
Quand un belge remplace avantageusement Eddy Merckx. Je m'apprête à partir quand je vois un cycloi changé comme un mulet faire de même. Je m'approche. On discute. Il fait le tour du monde ! Il a vendu sa maison et pour cinq cas c'est son vélo qui sera la sienne. C'est Paul, un Belge parti du Limburg le 6 avril. Sur la route de France, Italie, Grèce et donc Istanbul mais ensuite la traversée de la Turquie, l'Iran, le Pakistan, l'Inde, le Népal et un trek, le Laos, le Vietnam, continuer sur l'Australie, la Nouvelle-Zélande enfin remonter les Amériques du Sud jusqu'en Alaska. En quelques secondes, il me fait le tour du monde. On part. Il crève. Je l'aide à réparer car il faut enlever toutes les sacoches et Dieu sait s'il y en a ! On repart ensuite mais très vite même en essayant de l'abriter, je roule un peu fort pour lui et on décide de se retrouver à Silivri. Encore 25, je lui dis mais en fait c'est plus de 30. Grande route mais après le plat, c'est encore des vallonnements incessant, un coup on voit la mer, on la suit, un coup, on s'en éloigne. Maramaraeriglesi, quel beau nom ; les baigneurs reviennent de la plage et traversent la quatre voies leur serviette à la main. D'autres profitent encore de la plage, s'y prélassent ou s'yi baignent. Quelle chance ! Je me concentre sur Silivri dont je guette les panneaux. Je prends en photo le dernier exténué avant de plonger sur la ville qui s'étend jusqu'à la mer. Le centre, le marché, du monde, le marchand de pastèque qui m'offre un beau quartier. Quel bonheur après cette soif immense de pouvoir l'épancher avec ce goût sucré et frais qui coule dans ma bouche. Thank you long life. La Pension ensuite, un hôtel miteux dans un quartier populaire. Un homme et une femme, un peu Popeye et Tartine me mettent le grappin dessus comme s'il pêchait le bon poisson. Ca y est. La chambre à quatre lits ! La douche même froide, quel plaisir de s'allonger sur les draps verts et de fermer les yeux en entendant crier les enfants qui jouent dehors. Maintenant, je me pense, comment je vais annoncer que finalement je continue de faire le tour du monde avec Paul ? Non, je plaisante. Demain, est un grand jour, Demain c'est Istanbul !
Au marché, sous les teintures dressées sur une avenue assiégée par les marchands. Beaux légumes bien rangés, tissus, vêtements. Ca crie, ça interpelle en turc. Je me gave de cerises, d'abricots de pastèque. Beaucoup de femmes en manteau long beige et foulard serré autour du cou. Ça doit être la tenue réglementaire. Une petite fille en robe jaune orange vert, cheveux au vent, suit sa mère voilée. Suivra-t-elle sa mère en grandissant ou l'inverse ? Une dame âgée voilée entièrement de noir jusque sa bouche. Est-elle punie ? A-t-elle trop parlé ? Au restaurant Haci Sait au-dessus d'une grande pâtisserie-glaces. Salade de tomates, persil avec galette. Brochettes de poulet, tomates, oignons et fromage frais avec un çoi pour finir. Ça passe tout seul. Et Paul avec ça ? Perdu de vue. Peut-être il est sur la plage à dormir sous les étoiles...