L'épicière de Dorkada

THESSALONIKI - CHRYSSOUPOLI

itinéraire de Thessaloniki à Chrissoupoli

THESSALONIKI – SERRES
Chaud en partant de Thessaloniki, ça se couvre en montant un col. Ca mouille et il fait froid à Dorkada mais avec l’épicière ça va toujours bien. Fraîcheur dans la plaine de Serres.
SERRES - CHRYSSOUPOLI
Ca roule bien au début. Puis ça se valonne un peu jusqu’à la montée de Kavala. Un orage qui menace . Il a plus mais j’arrive à Chrissoupoli sec.

tour blanche à ThessalonikiMercredi 24 juin, quelle nuit un peu courte mais quel délice de reposer ses jambes. Ce matin, c'est l'orage qui gronde. Grosse averse dans les rues qui résonnent de klaxons et de roulage sous la pluie. C'est peut-être cela qui va dicter mon choix : rester un jour de plus pour visiter ou repartir. Et puis le soleil est revenu me décidant de rester ce matin à visiter et à repartir ensuite. Je me fais indiquer les principales curiosités de la ville par la fille de l'hôtel sympa qui me donne plans et guides de la ville. Me voilà donc parti à droite puis à gauche vers la mer comme elle m'a conseillé. Le front de mer que je suis avec toujours ces deux bateaux tankers qui mouillent au large n'osant pas affronter la folie de cette ville. La large allée est sans aucune protection et il faut pas tomber à la mer ! La tour blanche plutôt grise au fond d'une première anse. Sûrement une histoire Tour génoise ? En continuant la corniche, une piste cyclable miracle mais inondée ! Des parapluies ou parasol transparent érigés en sculpture pour un soleil qui est brûlant ce matin après l'orage. Au bout, à côté d'un bâtiment peut être un musée, la statue équestre d'Alexandre. Photo avec mon cheval. Conquérir l'Europe à vélo ? Retour vers le centre et ses rues gavées de circulation. La belle église d'Agia Sofia, son dôme et une colonne comme un minaret. Le musée de Byzance annoncé. Je préfère y aller. La Odos Egnatia puis Monastiraki où je repasse devant l'hôtel pris dans ce flot de taxi, bus, voitures, piétons, scooters en plus avec les travaux du métro qui rétrécissent la chaussée semble me pousser vers la sortie de ce monstre bruyant. Par une longue autoroute décourageante en montée. Enfin, une sortie Lithi au bas de la descente. Enfin, Serres annoncé. Bulgaria ! La nationale c'est comme une petite route tranquille quand on sort de cet enfer. Champs de blé, un gros moulin, petites collines mi vert mi blé. Ca menace, noir au loin. Une pause avant la pluie peut-être. Ah qu'elle est belle ma cantine, Ah qu'elles sont belles mes cantinières avec enfin la musique grecque, avec ce brin de mélancolie unique avec cette voix langoureuse et ce bouzouki. Longue montée m'attend ensuite avec une longue ligne droite qui va chercher l'autoroute en haut puis une routes encore mouillée. Ma Ba. Une tortue sur le dos. Je la ramasse et la mets dans l'herbe.
Ça commence à pleuvoir en arrivant au village de Dorkada. Ça mouille et j'ai presque froid aux mains. J'abrite vite mon cheval à une taverne fermée et vient faire de même à une épicerie en face. Je demande aux clientx, à l'épicière un hébergement, un hôtel. Rien dans le village. Pas avant 55 km. La petite pluie devient un déluge. Je me vois contraint de prolonger mon séjour dans cette auberge espagnole, l'épicerie un peu bazar où on trouve de tout. L'épicière me propose à boire et à manger. Elle parle un peu le français qu'elle a appris à Thessalonique et on commence à sympathiser. Elle me demande sandwich ? Fromage fêta ? Tomate ? Déjà, un énorme sandwich, elle veut me faire goûter ensuite des plats qu'elle a préparés. Tomates et poivrons farcis elle me laisse avec tous ça sur une table au fond du magasin. Il faut finir ! C'est très bon mais je n'arrive pas à terminer le gros sandwich qu'elle m'a préparé. Je la remercie et veux payer tout ça mais elle refuse catégoriquement et son sourire généreux m'incite à accepter Efcharisto, Efcharisto je me confond en remerciements. Je n'oublierai jamais, je lui dis en partant en lui touchant la main. Quel souvenir agréable à jamais gravé dans mon coeur : l'épicière de Dorkada.
La pluie s'ést arrêtée, je peux repartir mais ne trouvant pas mon coupe-vent, je me caille un peu mais avec tout ce que j'ai mangé, j'ai l'énergie pour me réchauffer et faire les montées dans les pins un peu escargot sortant après la pluie. Le panneau Serres à une plaine verdoyanteintersection. Je demande. Ça rejoint l'autoroute. Heureusement, c'est pas long, ça devient une quatre voies avec une large bande cyclable, c'est plus roulant mais je regrette la route casse-pattes mais tranquille. Ça redescend et je fonce derrière des camions pour trouver l'aspiration. Ça débouche sur une large plaine verdoyante ensuite. De gros nuages et des éclairs sur les montagnes sombres de Bulgarie ? Serres à 22 km Bulgarie 41 km pistes de ski à 30 km. À moins de 100 km de Thessalonique, je me crois dans un autre monde Serres 17° ce n'est pas la chaleur de Thessalonique ! Hôtel Galaxy, trop cher. On m'indique l'hôtel Metropolite. L'hôte sympa moustachu et cigarette me porte mon vélo à côté de ma chambre ! Rustique et simple avec un vieux téléphone, une vieille armoire, deux lits jumeaux l'un où j'étale mes cartes, l'autre ou je m'étale enfin après tant de péripéties et rêvant déjà d'après.
Jeudi 25 juin, il fait beau dans la chambre bleue et à l'extérieur. Plafond bleu plus prononcé en frise tout autour comme le ciel de ma fenêtre. En sortant, petit déjeuner à l'apetito, un self avec terrasse sur une place pleine de verdure, ombragée où j'apprécie le soleil mais qui m'éblouit. J'ai oublié mes lunettes de star ! Un thé ici et un croissant à côté et c'est partie sous les palmiers maigrichons. En ressortant du square, un musée archéologique, vieille bâtisse d'une église byzantine.
La banque hellénique où on fait la queue au distributeur. Instinct grégaire ? Je m'y colle. C'est pas le tout mais de caféneio en psisteria, de kiosque en marchand ambulant genre de brasses à d'eau, rues très commerçantes, beaucoup de fringues, entre la marchande de fruits Ah les grosses cerises bien mûres et un marchand de vélo qui ne veut pas me vendre ses maillots suspendus ! Je ne me retrouve plus, Ah, ça y est, je le vois Métropolis qui s'étale à la verticale au bout de la rue. À côté d'un marché aux fruits et d'une pâtisserie avec des glaces quasiment à la porte de l'hôtel. De la provocation !
Du mal à dormir, je pars chercher un maillot mais la ville, elle, dort encore. Peu de circulation, du mal à voiréglise byzanthine à Serres quelques magasins ouverts à part des pâtisseries. Le magasin de vêtements pour un possible maillot cycliste n'ouvre qu'à six heures ! J'erre dans les rues à la recherche du centre et d'un magasin de vélo. Un carrefour, j'y rentre mais aucun vêtement. Aller si loin pour se retrouver aux caisses d'un supermarché bien français. Un magasin de vélo, de beaux vélos mais des maillots trop chers et pas typiques du pays. Tant pis. Je m'amuse à déchiffrer avec la transcription littérale alphabet grec, français, les noms de rues, des magasins comme cette bibliothèque, en déchiffrant cela donne Socrate. Ça perturbe et on se sent comme un enfant qui déchiffre sa première lecture. Ici, au petit café, autour d'une Kaiser, je pense à tout ça, aux langues et aux mots que l'on ne comprend pas. Qu'en pense donc Socrate ?
Des vieux, enfin comme moi prennent un café ici moderne pas vraiment typique, d'autres le prennent au coin de la rue à côté d'un kiosque l'un tient son chapelet à la main et continue la tradition comme ce marchand ambulant de pastèque sur une roulotte tirée par son cheval qu'il guide en criant à travers les rues. Des jeunes aussi qui discutent sur un banc autour d'une glace. Le boucher qui découpe sa viande sur un rondin de bois. Un haut-parleur sur un pick-up qui crie cinématographe, transforme... A la taverne, dans les rues piétonnes, aubergines grillées, veal liver en fait c'est du foie que je n'avais pas vu et c'est carrément grillé. Ma foi, c'est pas mauvais quand même. Je me rattrape avec une profiterole délicieuse au chocolat au pied de l'hôtel. Toujours bien terminé. Il était une fois un soir à Serres. Un cyclo changé comme un mulet arrive au ParK hôtel. Il est bronzé comme un sud-américain. Il semble faire le tour du monde avec toutes ses sacoches usées jusqu'à la corde. Il ne me regarde pas. Je n'ose l'aborder. Peut-être demain sur la route ?

Vendredi 26 juin, vite réveillé, excité par ce qui m'attend encore, nuageux. Il va peut-être pleuvoir ? Demandai-je à l'hôtelier gros pataud sympa qui finit par faire marcher sa machine pour la carte bancaire. J'avais peur de payer deux fois ! Frais en sortant. Du mal à mettre en route l'homme et la bête, le cheval et son cavalier. Du bleu au loin. Large route mais avec une bonne bande cyclable et sans trop de circulation. Collines aux couleurs ocres pelées contrastant avec la plaine et sa macédoine de verts et de blonds, de maïs et de champs de blé. Marchands de cerise dans des cahutes sous un parasol. Un vieux monsieur, chapeau et canne doit regarder ce que je fais. Lorsque je m'arrête près de lui. Il me rajoute une poignée de cerise pour la route. Efcharisto !
aqueduc de KamaresLe jour où j'ai failli être enterré dans les tombes de Macédoine. Celles-ci sont annoncées guère avant un pont sur une rivière chargée d'eau boueuse. J'essaie en voulant prendre une photo de désenfourcher mon vélo, je m'accroche et c'est la chute à l'arrêt. Heureusement, le cheval n'est pas blessé. Un peu sonné, sûrement un bleu sur le côté. Ouf ! Des nuages à tête blanche m'accompagnent sur la route qui semble buter sur la montagne sombre d'Orapangeon. Petit arrêt thé à une cantine tenue par une dame blonde. Surprenant en Grèce. Un vieux monsieur assis au soleil voudrait communiquer mais la langue toujours la langue. Je lui offre en partant une cerise. Allez Ya Sa, le problème en s'arrêtant c'est qu'on a plus envie de partir, on voudrait parler aux gens et rester avec eux. Sur la route d'Eleftheroupoli, petites montées pour contourner les plissements du massif. Belle église dans le village. A Amistana, montée impressionnante mais avec une pente régulière en lacets. Ce n'est pas une montée au courage, à la volonté. C'est une montée avec aisance. De la belle ouvrage comme une dentelle dans les lacets de Kavala. Au sommet, quelle récompense avec la mer que l'on domine et la ville de Kavala qui s'étend au-dessus. Le port, les bateaux, les yachts, la ville et ses pavés, l'old aqueduc de Kamares. On se croirait sur la côte ligure avec sa côte rocheuse et sa mer d'un vert transparent. Une plage. J'y poserais bien ma serviette. Un homme me regarde. Je m'en vais. C'est la route de Xanthi. Il y a l'autoroute mais cette fois la route normale est indiquée. C'est royal. Route tranquille et belle. Végétation plus aride, on retrouve les oliviers et les cigales.
A Pondolivado, où j'avais prévu de m'arrêter, je demande au kiosque. L'homme et sa femme sympa, on essaie de discuter avec la barrière de la langue. En Turquie, vers Constantinoupoli, me demande-t-il ? C'est la deuxième fois qu'on me cite le nom de la ville d'Istanbul comme ceci après l'épicière de Dorkada. L'homme a même dit que l'hôtel Erini à Chrisoupoli. Efcharisto. J'y cours y a pas d'hôtel ici et l'orage menace. Noir là-bas avec des éclairs. Je me dépêche. Heureusement, c'est plat et en approchant, route mouillée, l'orage est passé. À Chrisoupoli, pas de problème pour le trouver. Une dame âgée très digne, beaucoup de bracelets, le tient. À 16 heures, arrivée, c'est presque Byzance ! Chrisoupoli, c'est la ville du Christ ? A Retro, recommandé par le café des habitués en face par un jeune presque minot qui apporte ses commandes avec un plateau suspendu. En étage, dans un bâtiment neuf avec décor sobre et table classe avec la musique traditionnelle grecque, c'est un peu dommage. Le restaurateur, au visage un peu rougeaud, l'air bonasse semble un peu ennuyé de ne pas pouvoir bien m'expliquer ses plats en grec que je ne comprends pas. A-t-il vu trop grand ? Préfère-t-il la clientèle locale ? Un café ensuite avec l'Albanie à qui je demande mon hôtel. Il ne s'exprime pas bien en anglais. Ce qui rend la discussion difficile. Il me parle de son village FIERI en Albanie. Il prend un thé que je goûte, ça doit être une infusion. Je demande son nom en se quittant. No capisto, me répond-il. Ne voulait-il pas me le dire ? Ciao Ciao. Rencontre d'un soir. Je regretterai toute la nuit son Gaje au lieu de mon expresso qui me tient réveillé presque toute la nuit.