Récit du trek sur le GR20 Nord étapes 1 à 4 avec photos

mardi 20 juin 2000

Avec Manu, mon partenaire de trek, nous nous donnons rendez-vous dès la veille du départ à son domicile, non loin de Grenoble, afin d'écourter le trajet pour nous rendre à l'aéroport de Lyon-Satolas, où nous devons prendre un vol pour Calvi (Haute-Corse), via Nice.  A mon grand étonnement, après deux bonnes heures à préparer le sac à dos, sa pesée révèle 23,6 kg sur la balance. Pourtant, j'ai bien pris le minimum...enfin je pense (voir plus loin pour la liste du matériel à emporter, ainsi que la nourriture, l'habillement et les effets de santé et d'hygiène, à titre indicatif). J'en profite pour me peser également, histoire de voir si une aventure pareille me fait perdre plus de 5 kg comme après mon trek au Népal. Le sac de Manu ne fait que 16,4 kg. Je lui laisserai volontiers le soin de prendre la toile de tente qui équilibrera un peu les charges. Je suis tout de même inquiet, je n'ai pas l'habitude de marcher des heures avec une telle charge sur le dos.

mercredi 21 juin 2000

Notre vol, affrété par Air Littoral (une compagnie d'Air France), est programmé à 8 h 30. Après 1h15, nous faisons escale à Nice pour une durée de 4 heures avant de reprendre les airs pour Calvi. Nous prenons alors un bus qui nous dépose en plein centre de la célèbre Promenade des Anglais, et profitons pour prendre un premier bain de soleil méditerranéen, en regardant les touristes déjà pressés sur les plages de galets qui s'étendent à perte de vue. L'air marin nous fait un bien fou, loin de nos montagnes alpines. Déjà un air de vacances ! Nous visitons le marché aux fleurs, dans la vieille ville, et empruntons les petites ruelles piétonnes au milieu des chaudes façades multicolores et des senteurs des produits provençaux, tandis que la fête de la musique se prépare (nous sommes le jour le plus long). Il y a beaucoup de monde dans les rues. A l'aéroport de Calvi, nous prenons directement un taxi pour Calenzana, le village de départ du GR20, où nous avons réservé une chambre à l'hôtel Monte Grosso.

Calenzana, village de départ du GR20 Nord

Calenzana, village de départ du GR20 Nord

Nous visitons rapidement les lieux, c'est charmant. Après avoir effectué quelques derniers achats et écrit quelques cartes postales, nous étudions méticuleusement le tracé de notre périple. Nous envisageons alors nous réserver un jour de sécurité, ainsi qu'un dernier jour à la fin où nous pourrons récupérer physiquement de nos 8 jours d'efforts, par exemple sur une plage. Aussi, nous n'écartons pas la possibilité d'effectuer des variantes au GR20, comme atteindre des sommets dont le Monte Cinto, le point culminant de la Corse.

Balisage et signalisation complets

Balisage et signalisation complets et fréquents

Nous prenons ce qui sera notre dernier vrai repas avant le trek, sur la terrasse d'un restaurant où règne une douce chaleur d'été, avant de nous installer dans le seul bistro local devant un match de football de l'Euro 2000 qui nous intéresse (France-Hollande) pendant lequel nous avalerons goulûment quelques glaces.

Avant la nuit, nous irons repérer le point de départ exact du GR20.

jeudi 22 juin 2000

1ère étape : Calenzana - Refuge Ortu di Piobbu

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu 12,7 km 1695 m 380 m 2075 m

Calenzana - Refuge Ortu di PiobbuCalenzana - Refuge Ortu di Piobbu

Départ sous une faible chaleur, directement dans le village de Calenzana où règne un silence parfait à 7h du matin. Le soleil levant fait ressortir avantageusement les couleurs des façades des maisons, et plus particulièrement celles du clocher de l'église qui est superbe.

Nous sommes dans le bain tout de suite, le sentier montant serpente dans la végétation dense, qui fait penser à la garrigue. La chaleur monte rapidement. Les lézards sortent de leur cachette par dizaines et fuient à notre passage. Nous croisons même un taureau le long du chemin, nous nous en écartons rapidement pour le laisser passer. Quelle surprise ! Nous avons plutôt l'habitude de voir ce genre d'animaux dans les champs.

Peu à peu, nous apercevons le village de Calenzana qui s'éloigne pour enfin disparaître de notre champ de vision. Je réalise à ce moment-là que nous sommes bel et bien partis et engagés dans cette grande aventure. Nous prenons de l'altitude assez rapidement. Quelques petites pauses répétées nous permettent d'observer le paysage panoramique tout en soulageant notre dos et en croquant des barres de céréales. Nous apercevons au loin la rade de Calvi qui se dessine dans le découpage de la côte Corse, avec sa citadelle et l'eau turquoise de la Méditerranée. Notre sac à dos est lourd, il est difficile de l'oublier.

Notre progression devient régulière. Voilà deux heures que nous sommes partis, nous choisissons alors spontanément une variante : un sentier indiqué comme "parcours sportif". Nous ne savons pas exactement ce que cela signifie mais je me dis qu'il s'agit peut-être d'une opportunité pour passer la crête plus vite, que je chemin est plus direct mais aussi plus pentu. En fait, non. Il s'agit d'une longue traversée à flanc de pente. Nous apprendrons plus tard qu'il s'agit de l'ancien sentier GR20, qui n'est plus du tout entretenu. Le sentier est très sinueux et apparemment très peu fréquenté, nous devons par moments nous frayer un chemin dans les fougères ou les ronces pour pouvoir avancer. Ces branchages n'épargnent pas nos cuisses et nos mollets qui sont alors véritablement lacérés. Nous nous perdons à plusieurs reprises, ne voyant plus de marques blanches et rouges ni de cairns (tas de cailloux en forme de pyramide indiquant la présence du sentier). Nous devons alors faire le point sur la carte à l'aide du GPS qui nous renseigne facilement sur notre position exacte et nous donne la direction à prendre. Contents de l'avoir embarqué, nous commencions sérieusement à désespérer, notre moral en a pris un bon coup. Nous regrettons bien évidemment cette variante, mais nous n'avons plus le choix et devons poursuivre notre route.

La carte nous indique que nous devons rejoindre un autre itinéraire au fond d'une vallée. Nous parvenons à l'intersection avec le sentier du Mare E Monti avec beaucoup de mal. Nous sommes très fatigués, nous devons faire route sur notre cap, droit dans la végétation car le sentier n'existe plus. Les pieds sont douloureux, le sac à dos pèse sur les épaules, le moral est alors au plus bas.

Nous dépassons notre horaire prévu sur la première étape de plus de trois heures et la chaleur croissante n'arrange rien. Nous reprenons néanmoins quelques forces en découvrant l'important chemin attendu, et surtout quand nous voyons une pancarte avec l'indication "Refuge Ortu di Piobbu 1h30". Il suffit alors de suivre ce large chemin jusqu'au refuge. La remontée sera difficile. Je regarde souvent l'altimètre pour nous renseigner sur le dénivelé restant à faire. L'arrivée au refuge est une délivrance.

Refuge Ortu di Piobbu

Refuge Ortu di Piobbu

Nous organisons rapidement la douche et le lavage des habits avant de nous préparer une soupe minestrone réconfortante suivi d'un repas énergétique reconstituant. Il s'agit également de se préparer pour le lendemain, nous savons que nous avons laissé beaucoup de forces aujourd'hui sur le terrain. Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps et ce ne sont pas les quelques barres de céréales que nous avons pu avaler qui peuvent subvenir de manière suffisante à nos besoins alimentaires. Il faut beaucoup boire et manger pour compenser les pertes en sels minéraux. J'ai l'impression d'avoir déjà perdu 3 kg après cette première journée.

Coucher de soleil depuis le refuge Ortu di Piobbu

Coucher de soleil depuis le refuge d'Ortu di Piobbu

Nous faisons connaissance avec un groupe de savoyards sympas que nous allons côtoyer de temps à autre sur le parcours, au gré de notre rythme, et partager les soirées dans les refuges pendant quelques jours.

vendredi 23 juin

2ème étape : Refuge Ortu di Piobbu - Refuge Carrozzu

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu 6.7 km 492 m 792 m 1284 m

Refuge Ortu di Piobbu - Refuge Carrozzu
Etape : Refuge Ortu di Piobbu - Refuge Carrozzu

Nous démarrons à 6 h 45 après un réveil facile, aidés par le groupe des savoyards. Un peu moins chargés en raison des vivres que nous avons déjà commencé à consommer, nous nous organisons pour éliminer au maximum le plus lourd, c'est ainsi que nous prévoyons de liquider les patates au lard ce soir, une fois de plus.

Le parcours commence par une longue montée dans les cailloux et les gravières. Les grandes dalles de granit me rappellent certains paysages des Alpes. Le relief, accentué par la lumière matinale, est très découpé. Nous atteignons peu après le premier col (Bocca Piccaia) à 1950 m, en haut duquel nous découvrons le saisissant spectacle offert par les plus hauts sommets corses, droit devant nous, dont le Monte Cinto.

Le sac à dos pèse lourds et augmente la difficulté

Le sac à dos pèse lourd et augmente la difficulté

Depuis le col, nous devons continuer à nous élever jusqu'à 2020 m pour suivre ensuite une longue ligne de crête très accidentée où serpente le chemin. Nous trouvons une succession de montées et de descentes de part et d'autre de la crête, avec des passages techniques de grande qualité qui nous font penser que le GR20 est une affaire d'entraînement et d'expérience. En effet, il faut parfois escalader des parties rocheuses, et avec 23 kg dans le dos, c'est assez délicat. Personnellement, je préfère ce genre de passage par les crêtes, beaucoup plus intéressant, et offrant souvent de meilleurs panoramas.

Les montagnes corses sont partout autour de nous, les différentes teintes varient du noir à l'ocre clair en fonction de l'élévation du soleil et de la profondeur de champ, c'est incomparable avec les Alpes.

Nous atteignons un deuxième col, puis empruntons une longue descente empierrée de plus de 750 m de dénivelé où les méandres du sentier nous rapprochent lentement du refuge Carrozzu. Nous mettrons 5 h 30 pour l'atteindre, un peu moins que le temps prévu sur le topo-guide. Cette journée nous laisse alors un sentiment très agréable.

Nous avons tout le temps de nous préparer un repas reconstituant à base de féculents, avant de nous concentrer sur le calcul des étapes suivantes. Nous changeons légèrement nos plans pour pouvoir engager une randonnée à la journée au Monte Cinto depuis la station de Haut Asco où nous devons nous trouver demain. Nos prévisions étaient de l'aborder depuis le refuge de Tighjettu que nous voulions rallier directement, mais quelques connaisseurs locaux nous en ont dissuadé en raison des grandes difficultés techniques et de l'absence de véritable sentier. Nous acceptons alors conjointement de passer une journée de plus sur le GR20, tout en sacrifiant la journée balnéaire de repos prévue à la fin du trek, vers Bastia.

Coucher de soleil depuis le refuge Carrozzu

Coucher de soleil vu depuis le refuge Carrozzu

La soirée au refuge se passe dans une ambiance de convivialité, forcée par un groupe de 22 canadiens québécois. Je discuterai avec un népalais de 19 ans qui travaille ici comme cuisinier, qui a sympathisé avec le gardien du refuge lors d'une expédition himalayenne en 1999 (Manaslu, plus de 7000 m d'altitude). J'apprendrai très vite qu'il connaît personnellement l'un des guides qui était avec moi lors d'un trek au Népal deux mois auparavant. Que le monde est petit !

samedi 24 juin 2000

3ème étape : Refuge Carrozzu - Refuge d'Asco Stagnu (station de Haut Asco)

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu 4,4 km 730 m 550 m 1280 m

Refuge Carrozzu - Refuge d'Asco Stagnu
Etape : Refuge Carrozzu - Refuge Asco Stagnu

Le timing est de 4 heures pour cette relative courte étape. Nous partons néanmoins tôt. Peu après le départ, nous traversons le ruisseau de Spasimata par la passerelle suspendue du même nom avant de monter sur la rive gauche des gorges en empruntant des grandes dalles de pierres en dévers avec quelques passages techniques. J'en profite pour tourner quelques images de la traversée de la passerelle, qui n'est pas chose aisée pour tout le monde. Avec nos sacs à dos, nous pesons chacun pas loin de 100 kg et cette traversée s'avère alors délicate.

Passerelle de Spasimata

Passerelle de Spasimata

Peu après le passage vers le lac de la Muvrella, Manu casse sa branche de lunettes sur mon sac à dos dans une montée périlleuse. Nous devons alors trouver une solution de secours : le rafistolage de fortune se fera avec de la bande élastoplaste !

En haut du col "Bocca a i Stagni" nous prenons la décision de grimper au Monte Cinto dans la journée, en enchaînant avec l'étape du jour, étant donné l'horaire confortable.

Nous voyons d'ici le refuge Asco Stagnu qui se trouve à plus de 700 mètres sous nos pieds. Je descends un peu plus vite que Manu, afin de réserver un couchage dans le refuge. J'arrive à 10 h 15. La gardienne, très accueillante, me permet de m'installer et me donne déjà la clé de la chambre. Nous sommes dans une ancienne station de ski désaffectée, Haut-Asco, et le refuge du GR20 est probablement un ancien hôtel, offrant plus de confort qu'un traditionnel refuge montagnard. La chambre étant réservée, j'effectue quelques achats de nourriture au ravitaillement qui se trouve à proximité du refuge, je pose mon sac à dos et remonte à la rencontre de Manu à toute vitesse pour lui annoncer que tout était réglé. Nous avons même le privilège d'entrevoir un repas avec quelques produits frais le soir venu (tomates, pommes, oufs, saucisson corse).

A notre rencontre, Manu me dit qu'il a vraiment trop mal aux pieds et qu'il abandonne alors l'idée de devoir repartir au Cinto dans la foulée, même après quelque repos.

Après quelques dizaines de minutes et beaucoup de persuasion, je le décide enfin, malgré ses nombreuses ampoules sous les pieds. Nous prenons alors le minimum avec nous (camelbak avec 1,5 litre d'eau, quelques barres énergétiques et deux pommes), et nous attaquons alors au Cinto.

Le Monte Cinto est le plus haut sommet de la Corse, le seul chemin balisé part depuis la station de Haut Asco. Avec un petit sourire, la gardienne du refuge nous annonce qu'elle lancera les secours si elle ne nous voit pas revenir avant 22 heures. Nous sourions également, mais la rassurons en lui disant que nous devrions être de retour au plus tard vers 18 heures.

Variante : Monte Cinto aller-retour depuis le Refuge d'Asco Stagnu

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu12,6 km 1350 m 1350 m 2700 m

Refuge Asco StagnuEtape : Refuge Asci Stagnu - Monte Cinto

Randonnée au Monte Cinto

La montée est très longue, d'abord le long du ruisseau du Tighjettu bordé de nombreux gigantesques pins, ensuite au milieu de pics au relief très agressif. La pente est assez forte par moment, mais nous parvenons sans mal à une première crête à 2600 m, non loin de la Pointe des Eboulis. Les névés rencontrés nous empêchent de voir le chemin et nous les traversons en nous dirigeant à vue jusqu'à la crête. Nous profiterons d'un arrêt, posés sur une grande dalle chauffée par le soleil, pour nous délecter d'une simple pomme. "C'est la meilleure pomme que je n'ai jamais mangée", me déclare Manu. Je partage également son sentiment, sans hésitation. Cela fait bientôt quatre jours que nous n'avons pas mangé de produit frais, et cette simple pomme qui vaut de l'or arrive comme un véritable avènement.

Pour atteindre le sommet, nous devons basculer sur le versant sud pendant une bonne heure en descendant puis en remontant plus de 100 m de dénivelé en contournant une grosse formation rocheuse.

Monte Cinto

Monte Cinto (point culminant de la Corse - 2710 m)

Nous y sommes, 2715 m sur le GPS contre 2706 m sur la carte. Peu importe, nous sommes à ce moment-là les deux plus hauts de toute la Corse. Le vent est fort, nous ne restons pas plus de 10 minutes, après avoir fait un tour d'horizon à 360° sur les autres sommets importants. En théorie on voit la mer de chaque côté de la Corse mais une épaisse brume nous en empêche, côté Est.

La descente, effectuée à toute vitesse en glissant sur les névés ou en dérapant sur les graviers, sera finalement un calvaire pour nos pauvres pieds, qui ont avalé plus de 16 km de terrain aujourd'hui, mais aussi pas loin de 4000 m de dénivelé absolu (montées + descentes). Le calcul du dénivelé positif total nous apprend 2080 m pour cette seule journée, ce qui est conforme à nos estimations.

Vue du Lac Cinto depuis le Monte Cinto

Vue du Lac Cinto depuis la crête de la pointe des Eboulis

Cette journée nous comble néanmoins de satisfaction, tant dans son côté sportif que par la beauté de ses paysages montagneux et de notre facilité à passer les difficultés techniques. Dans les Alpes, personne n'aurait l'idée de baliser de tels sentiers sans conseiller un équipement spécial pour l'escalade.

Le Monte Cinto est une excellente variante le long de GR20. Il est en effet frustrant de passer à côté sans pouvoir y aller. Il faut bénéficier malgré tout de bonnes conditions climatiques pour s'y aventurer.

La chaîne du Monte Cinto

La chaîne du Monte Cinto

De ce fait, nous gardons de côté un jour supplémentaire au cas où nous voudrions ajouter l'ascension d'un autre sommet, ou tout simplement pour s'autoriser une journée de repos à la fin du trek.

dimanche 25 juin 2000

4ème étape : Refuge d'Asco Stagnu - Refuge de Tighjettu

Longueur totale Dénivelé total positif Dénivelé total négatif Dénivelé absolu7,1 km 970 m 740 m 1710 m

Refuge d'Asco Stagnu - Refuge de TighjettuEtape : Refuge Asco Stagnu - Refuge Tighjettu

Cette étape est annoncée par tous comme la plus difficile du GR20, en raison de plusieurs passages rocheux et dangereux en pente raide. Les chaînes et les échelles qui équipent ces passages représentent une aide non négligeable pour leur franchissement. Sur la carte IGN, cette partie de l'itinéraire est indiquée en pointillés, ce qui signifie "passage délicat".

Ce matin, après une très bonne nuit récupératrice, nous ne nous pressons pas, partons vers 9 heures, doucement en raison de la fatigue accumulée des jours précédents, mais nous retrouvons notre cadence habituelle. Au vu des premiers jours passés, nous nous inscrivons dans un rythme moyen qui nous permet de compter sur un horaire qui est de 20% à 25% de moins que celui qui est indiqué sur le topo-guide. Malgré tout, il est prudent de se réserver une bonne marge de sécurité en cas d'accident ou de problème météo sérieux. Il ne faut pas oublier que l'orage en montagne est très dangereux et pourrait changer très rapidement la tournure des événements.

Ruisseau du Tighjettu et chaîne du Monte Cinto

Ruisseau du Tighjettu et chaîne du Monte Cinto

Nous connaissons un fort vent au départ de cette étape dans toute la montée vers le Cirque de la Solitude, un vent à "décorner les boufs" selon Manu. La chaîne du Monte Cinto est superbe sur notre gauche, et nous voyons peu à peu les hauts sommets qui se découvrent, comme la Punta Minuta, la Punta Rossa, ou encore le Capu Falu, que nous allons côtoyer plus loin. Ambiance "haute-montagne" assurée !

Vue sur la chaîne du Monte Cinto depuis la station de Haut Asco

Vue sur la chaîne du Monte Cinto depuis la station de Haut Asco

Par grande fréquentation, il n'est pas rare de devoir attendre plus d'une heure pour passer les difficultés du Cirque de la Solitude, en raison du manque d'expérience de certains randonneurs. Nous assisterons même au renoncement d'un couple de trekkers, épris de peur au sommet du col (ou Bocca) Tumasginesca.

Avant la première montée dans le Cirque de la Solitude

Avant la première montée dans le Cirque de la Solitude

Nous y sommes, après une montée périlleuse où nous escaladons quelques passages, nous arrivons à ce fameux col. Nous avons réellement l'impression d'être acteurs, mais notre souffle est un peu coupé par les énormes pics rocheux aux crêtes déchiquetées qui nous entourent. Je m'engage le premier dans la descente abrupte équipée de grosses chaînes pour la sécurité. Celles-ci me déstabilisent plutôt, préférant me raccrocher au rocher lui-même. Mon expérience de l'escalade m'aide beaucoup dans cette partie, où j'aiderai Manu pour trouver des prises de mains confortables. Il faut en effet dés-escalader, c'est-à-dire descendre en restant face à la pente, d'autant plus qu'avec le sac à dos le poids et l'inertie sont à notre avantage.

Passage technique dans le Cirque de la Solitude

Passage technique dans le Cirque de la Solitude

Une deuxième montée périlleuse nous attend, dans ce théâtre de pierres granitiques, dans laquelle nous rejoignons nos amis savoyards partis deux heures avant nous. Je profite de cette opportunité pour faire quelques photos et images vidéo.

Je monte rapidement au col suivant, la Bocca Minuta, pour me mettre au soleil à l'abri du vent en attendant Manu. A son arrivée quelques minutes plus tard, nous nous congratulerons pour la réussite de ces passages difficiles et les belles images toutes fraîches qu'ils nous ont laissés. Rejoints soudain par nos montagnards-savoyards, nous savourons quelques délectations sorties de nos sacs à dos avant de nous armer de courage pour terminer par la vertigineuse descente finale jusqu'au refuge aménagé de Tighjettu. Surpris par notre forme physique plus qu'honorable, nous relatons cette journée particulière autour d'une petite collation constituée de saucisson corse. Une pure merveille ! Il est alors 14 h 15. Nous entâmons par la suite une sieste qui viendra à bout de nos courbatures résiduelles et autres douleurs musculaires.