Rome Renaissance

Le Panthéon

Si le Palatin a ses forums et le Capitole, sa place somptueuse, le centre historique ne déroge pas à la règle de la magnificence : il a le Panthéon. Afin de s’y rendre, on devra passer devant le Palazzo Doria Pamphili qui renferme un musée qui détient l’une des plus belles collections privées de Rome. Un fonds remarquable repose dans ce palais resplendissant : Carrache, Raphaël, Velázquez, Titien, le Caravage, les peintres flamands au milieu de tapisseries… Les amateurs d’art s’arrêteront, c’est sûr…

Si l’on est pressé de rejoindre le fameux Panthéon, il faudra renoncer aussi à ce qui peut retarder encore la déambulation : l’église Santa Maria sopra Minerva, seule église gothique de la ville avec son chef d’œuvre : la chapelle Carafa peinte par Filippino Lippi (1490) et qui figure au palmarès des fresques romaines juste derrière celles de la chapelle Sixtine.
 

Enfin, avec un peu de patience et après quelques haltes possibles, le Panthéon peut s’offrir à vous. L’entrée y est libre, n’hésitez donc pas, tous les superlatifs sont d’usage pour qualifier ce monument parmi les plus visités d’Italie. Cette curiosité antique perdue au milieu des églises Renaissance conjugue plusieurs formes géométriques : rectangulaire à l’image des temples grecs, circulaire avec cette coupole gigantesque (la plus grande jamais réalisée, 42 m de diamètre pour une hauteur égale) et triangulaire avec le fronton soutenu par un sous bassement à l’inscription trompeuse : « Agrippa fit construire ce temple ». Méfiez-vous en effet de cette prétention d’Agrippa, ce n’est pas lui l’auteur de cet édifice aux proportions parfaites. Le fourbe veut s’octroyer la paternité du temple à la place de celui qui le mérite : Hadrien. C’est cet empereur qui en effet a décidé de restaurer un ancien panthéon datant de 27 av. JC et qui avait mal vécu ses 50 ans d’existence. Il a donc été remplacé par ce qui deviendra un véritable symbole et une grande merveille à la renommée glorieuse.

Pour entrer dans le monument d’exception, il faut éviter les colonnes authentiques, passer sous le fronton et franchir les portes qui font toujours douter les historiens quant à leur authenticité. Une fois à l’intérieur, le miracle opère, la fascination envahit. Les coupables ? Déjà, cette voûte légère qui nous réduit à l’état de microorganisme pathétique levant les yeux pour admirer ce plafond percé d’un oculus de 9 mètres de diamètre. N’ayez crainte, aucune (ou presque, ne soyons pas trop naïfs) goutte ne peut s’y engouffrer pour venir mouiller l’onéreux marbre du sol. Le sens des vents et des courants d’air a été si bien étudié que jamais vous ne trouverez une flaque à l’intérieur. Ensuite, il y a ces multiples niches qui servent de chapelles à quelques grands hommes : Raphaël, Annibale Carrache, Perino del Vaga et les rois d’Italie Vittorio Emanuele II et Umberto I. Evidemment, il faut réussir à se frayer un chemin parmi l’abondante foule de spectateurs dont vous faites partie pour aller les toiser de plus près.

Las de toute cette fréquentation assourdissante, peut-être seriez-vous tenté de rompre avec le charme du lieu pour aller vers une autre source de plaisir : pourquoi pas un petit cappuccino à la terrasse de la Tazza d’Oro ou au Sant’Eustachio, histoire de profiter un peu du soleil italien et d’observer à distance la masse impressionnante de touristes qui s’agglutinent devant l’édifice de renom ?

Les églises

Si vous ne saturez pas trop, vous avez encore quelques églises dans le coin que vous pouvez aller voir : Sant’Ignazio, Gesù (1ère église de jésuite de Rome, ordre fondé par Ignace de Loyola en 1540), Santa Maria Maddalena (à deux pas du Panthéon) et plus secondairement, Sant’Agostino, San Luigi dei Francesi, Sant’Ivo alla Sapienza, Sant’Andrea della Valle… Le nombre est impressionnant, autant que celui des palaces Renaissance qui alternent avec ces édifices religieux : Palazzo Farnese, Corsini, Doria Pamphili Altemps, Spada, Chigi, della Cancelleria. Ces palais peuvent varier un peu le plaisir grâce aux places qui les accueillent, à leurs cours intérieures intimistes et à leurs appartements ornés de stucs, de trompe-l’œil et de fresques.

Le centre historique n’est pas que le quartier où siège le Panthéon. Deux lieux de haute fréquentation volent un peu la vedette au temple antique : la piazza Navona, à l’ouest et le Campo de Fiori au sud-ouest (la place des fleurs où se tient chaque matin un marché très convoité et où se complait une statue de Giordano Bruno, grand savant brulé ici même pour hérésie). Ces deux espaces publics attirent énormément de monde et sont très populaires. Un mélange de populations s’y effectue créant une atmosphère inimitable qu’il serait dommage de manquer. N’hésitez pas à aller explorer cette autre facette de la ville : la Rome cosmopolite et populaire.

Sophie Graffin
Publié le 23/03/2010 Crédit photos : © Ulrich ; © Fototeca ENIT, Vito Arcomano