Rabat, une capitale discrète

Surf, baignades, balades dans la vaste forêt de chêne-liège ou encore visites du riche patrimoine, il y a de quoi s’occuper dans la capitale du Maroc.

Une capitale discrète

Tantôt moderne, tantôt authentique mais par-dessus tout décontractée, Rabat la blanche est bien enracinée dans son passé. La cité diplomatique accueille fièrement les gouvernements successifs, un privilège pour cette ville discrète. A la croisée des chemins, Rabat se campe inévitablement sur le littoral atlantique. A l’embouchure du Bou Regreg, elle a les pieds dans l’eau et les mordus de la plage s’en réjouissent. Surf, baignades, balades dans la vaste forêt de chêne-liège ou encore visites du riche patrimoine, il y a de quoi s’occuper dans la capitale du Maroc.

Le « Washington Marocain »

D’infranchissables remparts encerclent Rabat et la tiennent à l’écart des imposants axes routiers en direction de Fès ou Casablanca qui ont conquis la périphérie de la ville. Heureusement, dès que vous pénétrez dans la ville par une des cinq immenses portes ocre, une impression de calme vous envahit. Sous la chaleur à peine dérangée par une brise chargée de mer, de larges boulevards bordés de palmiers s’étendent façon Croisette. Cela surprend à peine quand on connaît le souhait d’Hubert Lyautey, résident général du Maroc à l’époque du protectorat français, d’établir à Rabat le « Washington marocain ». Une chose est sûre, sa volonté d’apporter une touche moderne à la ville s’intègre dans une période classée sous le signe du changement. Dès le début du protectorat français, le pays tout entier subit une transformation profonde qui s’insinue partout du gouvernement au paysage architectural. En effet, des villes nouvelles sculptées sur le modèle européen sortent de terre en bordure des villes marocaines d’origine. Mais les médinas que vous verrez à Rabat et ailleurs sont préservées, leur charme capturé dans l’enceinte des fortifications.

Proclamée capitale du protectorat français par Lyautey, Rabat est aujourd’hui le cœur des administrations et de la vie politique du pays. Pour déclencher cet essor, Lyautey n’a cessé d’apporter de nouvelles pierres à son édifice. Il classe et restaure la Kasbah des Oudayas, à visiter absolument, lui restituant son cachet bien mérité et présageant son succès actuel. Quelques années auparavant, Henri Prost l’architecte urbaniste français entamait le projet d’aménagement de Rabat qu’on situe entre 1914 et 1922. C’est à ce même moment que Rabat se dote de ses quartiers européens comme ceux de l’Océan, de l’Agdal, des Orangers et le centre-ville autour de l’avenue Mohammed V.  Le résultat affiche un air sage et rangé avec ses grandes avenues rectilignes d’où s’élèvent des bâtisses blanches et proprettes. Le gouvernement, les ministères et autres administrations y siègent depuis la fin du protectorat français et l’installation du roi Mohamed V en 1956. Ces changements font de Rabat une escale tranquille pour le voyageur qui s’y sentira au calme. Ici les faux-guides et autres attrape-touristes ne se font remarquer que par leur absence, un vrai bonheur.

Un patrimoine valorisé

De l’autre côté de la ville, changement de décor. Après une traversée mouvementée dans la médina par la Rue des Consuls qui abrite la fameuse criée aux tapis, enchère prenant place tous les jeudis, et le Souk EL Ghezel, vous trouverez la perle de Rabat, l’étonnante et la sublime Kasbah des Oudayas. Ville à l’intérieur de la ville, cité fortifiée indomptable, la Kasbah règne sur sa baie et sur Rabat. Des ruelles onduleuses vous guideront entre les lourdes maisons blanchies à la chaux aux volets peints d’un bleu omniprésent et qui évoquent leurs résidents jadis andalous. Bien avant ça, la tribu nomade des oudayas, originaire du Sahara protégeait la ville depuis la position dominante de la Kasbah. Dos à la ville et face à l’océan, ce bout de terre était parfait pour se défendre des attaques des pirates andalous et hornacheros. C’est ici qu’Abd el-Moumen construit la plus vieille mosquée de Rabat vers 1150. Aujourd’hui le site tend les bras vers la mer et vous offre des vues imprenables sur la baie de Salé, l’acolyte de Rabat sur la rive opposée du fleuve.

Autre monument incontournable : la Tour Hassan, rêve inaccompli du sultan Yacoub el-Mansour dont la tour de 44m rappelle ce qui aurait dû être la plus grande mosquée du monde. A ses pieds se trouve la Mausolée Mohamed V, pavillon de marbre blanc coiffé de tuiles vertes, commencée en 1962 et à laquelle 400 artisans travaillèrent.

Une vague de modernité

Le soir, la ville s’anime. Les restaurants, cafés et bars sont nombreux et variés et les plus chanceux tomberont peut-être sur un vrai trésor de cuisine marocaine. A deux pas de tout, vingt dirhams suffiront pour apprécier une vue captivante de la ville émergeant de sa torpeur au restaurant du premier étage de l’hôtel Balima. A moins plutôt que vous soyez tenté par une bière marocaine, Spéciale Flag, en terrasse, emplacement idéal pour observer la foule jeune et pétillante. Mais le quartier qui bouge le plus est sans doute Rabat Agdal centré autour de l'avenue Fal Ould Oumeir où les bars, restaurants et boîtes branchés ouvrent leur portes à une clientèle jeune, aisée, et résolument hip. Finalement, Rabat se tourne vers l’avenir avec un projet d’aménagement de la vallée du Bou Regreg qui réhabilitera l’espace des deux rives, une modernisation qui ne manquera pas d’attirer encore plus ceux restés indifférents au charme sans histoire de la capitale du Maroc.

Alice Cannet
Publié le 30/10/2009
Crédit photos : © ONMT – Photographes : Xavier Richer et Jacques Bravo