Cimetière du Père-Lachaise

Cimetière de l'est

Passé et présent se mélangent dans les allées du Père-Lachaise, ce cimetière de Paris où les petites histoires ne font plus qu’un avec la grande histoire. Partez sur les traces de grands personnages et explorez la nature sauvage du plus grand parc intra-muros.

Un jardin pour les morts

Allée du Père-Lachaise

Il y a encore deux cent ans, cette colline à l’est de Paris était le visage même de la campagne française servant de refuge à une nature verdoyante et à une flore abondante que rien ne venait déranger. Bien des années se sont écoulées depuis que la première pierre tombale fut posée au Père-Lachaise et Paris n’a fait qu’une bouchée du parc recraché en plein cœur de la ville. Mais si tout autour, la ville a envahi les rues, l’intérieur du cimetière lui est resté presque inchangé, préservé du sceau de l’urbanité et des griffes de la modernité.

Un des symboles d’un Paris romantique collectivement imaginé, à des lieux du bruit et de l’activité de la ville, le Père-Lachaise est un monde à part. Mais que cache le cimetière le plus visité dans le monde et que viennent y chercher plus de deux millions de visiteurs chaque année ? Pour éclairer un peu son succès, mentionnons d’abord qu’il s’agit là du plus grand espace vert de la capitale. Ses 44 hectares en font un véritable poumon vert pour les parisiens et un lieu de balade par excellence. En plus, si le Père-Lachaise ne s’apparente pas aux cimetières à la française aux allures  sobres et rectilignes, il leur emprunte l’atmosphère mélancolique et apaisante propre à leur condition.

La nature y est omniprésente et on y trouverait jusqu’à 5300 arbres d’une cinquantaine d’espèces différentes. Les cerisiers, noisetiers, marronniers et magnolias ont repris la place qui leur est due et les herbes folles dévorent les tombes, poussant librement où bon leur semble. Dans le jardin à l’état sauvage, la mousse et le lichen s’installent sur les statues et on peut cueillir de la menthe, de la sauge et de la verveine. Mais le Père-Lachaise n’est pas seulement le plus grand, c’est aussi le plus ancien espace vert de Paris, apparaissant un demi siècle avant l’arrivée des parcs aménagés comme Monceau ou les Buttes-Chaumont.

Statue de femme priant

Le concept même du cimetière est innovateur en ce qu’il cherche à réaliser un « jardin pour les morts ». Cette idée n’est pas née en une nuit car c’est la disposition particulière et la végétation déjà imposante du lieu qui va la façonner. Ce sera l’architecte Brongniart, auteur de la bourse de Paris, qui se verra confier le dessin du cimetière sur le modèle d’un parc anglais, ce qui expliquerait son côté sauvage où l’on dirait que la nature s’est emparée des lieux. D’abord conçu sur 17 hectares, cette partie, la plus romantique du cimetière, est classée et abrite 30 000 tombes datant d’avant 1900. Le parc s’agrandira par la suite pour atteindre sa taille finale de 44 hectares.

Ses débuts sont assez impopulaires à cause de la distance qui le sépare de la ville. En 1815, on ne dénombre que 2000 concessions vendues. Alors, une des approches pour amadouer les parisiens qui dédaignent l’endroit consiste à y amener des personnages célèbres. C’est ainsi que les sépultures de Molière et La Fontaine y seront transférées en 1817, une décision qui fit son effet et réussit à appâter les parisiens. Depuis lors, la popularité du cimetière a grimpé en flèche et son dessin n’a pas cessé d’inspirer d’autres cimetières comme celui de Highgate à Londres et de Saint Louis n°1 à la Nouvelle Orléans.

Crédit photos: © APPL