Ménagerie du jardin des plantes

A deux pas de la Seine se niche l'un des plus vieux zoos au monde. La ménagerie est conservée dans son aspect d'origine, unique en son genre avec d'étonnantes architectures.

La ménagerie du jardin des plantes

Un héritage révolutionnaire

  faisanderie
La faisanderie C’est en 1739 que le comte de Buffon, intendant du Jardin du roi, imagine la création d'une ménagerie. Jusqu'alors seuls les courtisans ayant accès à la ménagerie royale de Versailles, peuvent apprendre et s’extasier devant des animaux exotiques venus du monde entiers. Le comte entend faire de même pour tous les philosophes, artistes, scientifiques…

Il ne verra malheureusement pas le projet voir le jour de son vivant, mais quelques années plus tard, la Révolution enflamme la France et un hommage posthume lui est rendu à travers la création de la ménagerie du jardin royal. La police met alors en dépôt les animaux aristocratiques de la Ménagerie royale de Versailles ou confisqués auxforains et saltimbanques, au muséum d'Histoire naturelle.

La première collection de la ménagerie du Jardin des plantes est née, sous l’œil de l’intendant du Jardin national des plantes, Bernardin de Saint-Pierre.

Nous sommes en novembre 1794. La ménagerie est alors le second plus ancien parc zoologique du monde (le zoo de Schönbrunn en Autriche est ouvert depuis déjà 1752).

Un bijou d'architecture

La ménagerie est à elle seule un véritable bijou sorti tout droit du XIXe siècle, qui suscite l’admiration des passionnés d'architecture. Beaucoup de constructions datent du XIXe et du début du XXe siècle, succédant aux enclos et cages sommaires des tout débuts de la ménagerie. La plupart ont été orchestrées par Napoléon Bonaparte : la rotonde reproduisant la forme de la croix de la Légion d'honneur (1802), une maison des singes, la fosse aux ours (1805), le palais des reptiles (1870), la faisanderie inspirée de la vague orientaliste du moment (1827)… La plus réussie d'entre elles est sans doute la grande volièreédifiée pour l'Exposition universelle de 1888 et toujours utilisée aujourd’hui. 
Voici ce qui fait l’exceptionnalité du lieu.

Bouleversements à la ménagerie

 

fauverie
La fauverie

Voici la petite histoire un peu glauque et surprenante de la ménagerie. Lors de la commune de Paris, en 1871, les Parisiens sont affamés. Or, une petite réserve de nourriture est concentrée au cour de Paris. Et oui, les animaux enfermés dans leurs cages se voient alors libérés de leur prison pour rejoindre le « paradis des animaux », ils sont au menu du jour ! D'après les propos de Victor Hugo : "1er décembre 1870 - Nous avons mangé du cerf ; avant-hier de l'ours ; les deux jours précédents de l'antilope. Ce sont des cadeaux du Jardin des plantes. 2 janvier 1871 - On a abattu l'éléphant du Jardin des plantes. Il a pleuré. On va le manger." Voilà de quoi entourer ce site, en apparence tranquille, de mystère et de secrets qui vont frissonner.  

Au milieu du XXe siècle, la ménagerie entre alors dans une période de déclin, éclipsée par des parcs zoologiques plus modernes tels que le Zoo de Vincennes ou encore le Parc de Thoiry. Les choses empirent avec les mouvements anti-zoos qui déplorent les conditions de vie des animaux. Or, aucune rénovation n'est envisageable, faute de moyens. Les animaux vivent alors, il est vrai, dans des installations généralement mal entretenues, souvent dégradées et exiguës.

A partir des années 80 est mise en place une politique de réhabilitation de la ménagerie, rénovant successivement la Volières à Rapaces, la Rotonde, la Maison des Reptiles... Une attention toute particulière est portée aux petites et moyennes espèces, souvent peu connues ou menacées, ainsi qu'à leur présentation au public.

La ménagerie a vu passer tous les animaux dans ses chefs d'ouvres de fer. Elle a même eu l'audace de présenter la première girafe en France en 1826, ainsi que des éléphants, des ours bruns et blancs, des phoques. Imaginez la tête des petits Parisiens devant ces animaux tout droit sortis de leur imagination ! Néanmoins, il faut se rendre à l'évidence, les installations de la ménagerie sont trop petites. Comment s'occuper convenablement des plus grandes espèces (éléphant, girafe, lion, tigre, gorille, chimpanzé, ours, zèbres, panthères). Ainsi ces bêtes démesurées pour l'endroit quittent progressivement la ménagerie à partir des années 70 jusqu'au années 2000.

Célia Veloso
Publié le 09/07/10  

Crédits photos : © B. Faye/L. Bessol/ Service audiovisuel/ MNHN