Impressions de voyages

Réflexions philosophiques sur le pont du bateau...

L'Egypte pharaonique a duré plus de trois mille ans. Nous ne percevrons jamais complètement les secrets de cette pérennité, dont les causes sont multiples.
Nous nous sommes pourtant permis, avec humilité, le soir entre amis, de formuler quelques hypothèses...
Pour perdurer une société a besoin d'un socle stable, c'est à dire d'une éthique fondatrice qui unifie la population, lui donne un destin et des rêves communs. Et ceci les Egyptiens l'avaient parfaitement compris :
Leurs valeurs étaient nobles et simples. La cosmogonie reposait sur deux grands principes: le bien et le mal, et un dieu primordial, créateur dont les hommes étaient "le troupeau" (ce n'étaient pas d'ailleurs un démiurge despotique, puisqu'il partageait ses pouvoirs avec des divinités subalternes...)

En même temps, la mythologie était concrète, enracinée dans le quotidien et en étroite symbiose avec la nature (dieux à têtes d'animaux, métaphore comme la barque du dieu Rè, reprenant le cycle solaire).

Enfin ces croyances reconnaissaient "le droit à la différence". Par exemple, beaucoup de dieux avaient des attributs identiques mais des noms particuliers selon les régions:(Ré à Héliopolis, Ptah à Menphis, Amon à Thèbes) et cette absence de dogmatisme permettait judicieusement à des peuples très divers d'adapter les mythes à leur culture propre, tout en restant fidèles aux idéaux élevés de le société égyptienne (parité des sexes - voir le livre de Christiane Desroches Noblecourt:"La femme au temps des pharaons" -, égalité de tous devant la justice divine...) Souplesse et rigueur ont contribué à structurer le pays... vaste sujet de réflexion!

Pont du bateauVoile à l'ancienTemple

Grandeur et décadence

Il faut malheureusement reconnaitre que l'Egypte actuelle a perdu ses fastes d'antan (misère, démographie galopante, dévalorisation de l'image de la femme...).

Dans cette société où les gestes, les codes et les rites semblent savamment orchestrés, controlés, l'impression d'uniformité domine, pour ne laisser que peu de place au doute et à la réflexion.

Aurait-on oublié que pour progresser, pour créer, l'homme a besoin de fantaisie, d'imagination et de liberté? Que la vérité ne se laisse pas enfermer, qu'elle n'est jamais statique et donnée une fois pour toute mais qu'elle se révèle malicieusement et sous des formes différentes à chaque détour de l'Histoire?

Car savons-nous d'où nous venons et où nous allons?

les colosses