Vila del casale

Lundi 15 mai

Il est 7 heures, beau soleil au pied de l'Etna, mais il fait froid dans l'habitacle, le chauffage rétablit vite un bon climat.

Syracuse : le théatre grecSyracuse sera notre prochaine étape, mais il faut d'abord joindre Catane, la ville au dessous du volcan comme on l'appelle. On ajouter au milieu des voitures, tant l'envahissement des véhicules est important et anarchique. Il y en a en tous sens, garées n'importe comment et des bouchons à n'en plus finir. Il ne faut pas hésiter devant des panneaux indicateurs où la publicité pour les hôtels et restaurants se mêle aux directions que nous cherchons désespérément. Les klaxons sont là à houspiller les indécis que nous sommes. Ainsi, toute la matinée est nécessaire pour s'approcher de Syracuse où se profilent d'autres problèmes. Nous nous aidons du guide du Routard pour résoudre nos difficultés, car il est le seul qui donne des adresses de camping, hélas rares et lointaines. Mais nous trouvons un parking situé en bord de zone monumentale, il est gardé, donc légèrement payant, c'est parfait. Le gardien en fin de journée de travail nous installe juste sous un panneau de stationnement interdit et même gênant. Nous n'en menons pas large, il faut vraiment s'attendre à tout dans ce pays, il n'y a pas de ticket prouvant notre acquittement de stationnement, espérons que les vigiles seront compréhensifs.

Grande est la déception que nous procure Syracuse. La « capitale de la nostalgie du monde » n'est plus ce qu'elle était, à notre avis. Le théâtre Grec édifié au Vme siècle avant notre ère, avec ses beaux gradins taillés dans la roche a subi bien des avanies et d'abord une restauration au ciment gris bleu qui le défigure totalement. Il ne reste plus que quelques marches d'origine dans le tracé initial. C'est dommage!

On aperçoit au loin la silhouette pointue de la nouvelles cathédrale conçue par un architecte Français, elle ressemble à » un cornet de glace renversé ».

Des latomies du Paradis, ou s'échinaient jadis des milliers d'esclaves il ne reste qu'un pilier debout et des éboulis qui mènent au jardin si bien domestiqué, qu'on n'y voit plus les magnifiques lauriers roses, ni les milliers de fleurs qui poussaient toutes seules. L'Oreille de Denys a subi une restauration visible elle aussi, pareil pour celle des Cordiers qu'on ne peut plus visiter.

Syracuse : l'amphithéatre Romain elliptiqueHeureusement l'amphithéâtre Romain elliptique est là, splendide et si évocateur des affrontements cruels qui s'y sont déroulés. C'est en effet ici qu'avaient lieu les combats de gladiateurs et de fauves. On aperçoit encore le couloir qui les amenait dans l'arène, aujourd'hui il est couvert de fleurs sauvages.

Voilà ! Nous venons de parcourir Neapolis ,qui fut la première ville Grecque de Sicile. La nostalgie ne nous a pas quittés.

On rallie le camping « Fontaine Blanche » sur la route de Noto. Nous avions rencontré le propriétaire et avions promis d'aller le voir, sans croire que nous tiendrions notre promesse. On ne l'a pas regretté, malgré un environnement de discothèques muettes pour l'instant de pré saison. Une immense prairie sous les pins centenaires nous accueille.

Mardi 16 mai

Camping « Fontaine Blanche ». IL est 8 heures et le soleil chauffe fort déjà. On flâne vraiment sous les vieux pins, les oiseaux chantent à tue-tête et autour de nous, tout le monde est parti, y compris nos voisins à vélo qui nous ont bluffés. Ils disposent seulement d'une tente et de deux chaises de bois qu'ils transportent sur leur porte bagages, leur table au ras du sol n'est autre qu'un cageot renversé. Equipement juvénile pour ces deux tourtereaux à cheveux blancs qui semblent si heureux avec si peu de choses..

On n'a pas découvert leur nationalité, mais leur accent semble venir de l'est. On les a trouvés courageux et ... inimitables.

Aujourd'hui nous prenons la route de Noto, Avola et Raguse, puis à Gela on bifurquera vers Piazza Armerina, pour revoir la « Vila dei Casale » au sol couvert de mosaïques datant du III ou IV me siècle de notre ère. Nous l'atteignons en fin de journée sous un soleil de plomb au milieu d'un enchevêtrement de bus inimaginable. Quel pays ! Que de visiteurs ! Quand est-ce la basse saison ici ? Heureusement, un gardien nous dirige vers un parking où stationnent plusieurs camping-car. Nous sommes provisoirement sauvés.

Le gardien nous souffle l'heure d'ouverture et nous conseille d'y être. Ce que l'on fait dès 8 heures.

 

Jeudi 17 mai

Villa dei Casale : mosaïquesL'entrée est gratuite, pour nous qui avons l'âge canonique et même un peu plus de 65 ans. Sur le vu de notre carte d'identité, un ticket nous est délivré, qui nous garantit une visite sans bourse délier. Cette attention renouvelée à chacun des sites est surprenante et agréable. Merci à l'Italie et à l'UNESCO pour ce geste dont on profite ainsi que les enfants. On entre dans les couloirs de la majestueuse villa édifiée au III me siècle pour un « frère d'armes de l'empereur Dioclétien » . Sous de grandes verrières protectrices s'étendent des kilomètres de mosaïques aux gammes de tons très étendues. Il y en aurait 3500 mètres carrés. Grâce à des passerelles, on surplombe les sols d'une rare beauté, les voir parfaitement est un régal pour les yeux et pour mon appareil photo qui affiche bientôt carte complète en couinant. Peut être ces merveilleuses mosaïques ne feront pas de très jolies images à cause du soleil qui les éclaire partiellement au travers de toits translucides où se tracent les ombres de la charpente.

Parmi les sujets très divers, on remarque des scènes de pêche , de chasse, de travaux des champs. Animaux, oiseaux, fleurs, enfants, scènes de bains et de massages, jeunes sportives en bikini. Cette dernière image est très regardée, car elle est rare et même osée, elle serait la première représentation imagée du maillot de bain deux pièces, cboquant à cette époque et même beaucoup plus tard.

Villa dei Casale : mosaïquesOn y voit aussi des scènes de la mythologie : les travaux d'Hercule, le Cyclope Polypheme et Ulysse prêt à l'égorger et d'autres images moins terribles : guirlandes et médaillons, fauves d'Afrique toute proche, tigres et lions, girafes et éléphants, ainsi que des serpents qui sortent de partout. Régal pour les historiens, la villa dei Casale raconte en images somptueuses la vie des bourgeois et de quelques manants à cette lointaine époque, tout en illustrant les récits mythologiques, qui se rappellent à notre souvenir.

Les thermes complètent notre visite, l'astuce de leur installation nous à médusés. Jetons un dernier coup d'oil à la villa magique depuis le jardin peuplé de jarres gigantesques, puis à la palestre bordée de colonnes dont deux sont authentiques. Le sol est lui aussi décoré de figures géometriques. L'ensemble fut recouvert de terre à la suite d'une avalanche du mont qui la surplombe, c'est ainsi qu'elle tomba dans l'oubli. Les fouilles de1950 remirent au jour la splendeur des mosaïques de la villa dei Casale que nous venons de visiter complètement émerveillés.

Remontant la foire, installée sur le chemin du retour, nous achetons le guide souvenir rempli de photos que sans doute nous n'avons pas faites. Baratinant notre langue Franco Italienne la jeune vendeuse nous signale un autre site à ne pas manquer. Quelques pages à la fin du livre parlent de Morgantina, village Gréco Romain que les photos bien choisies nous incitent à visiter. On y part aussitôt.

Morgantina, cité GrecqueVoici donc Morgantina, cité Grecque vivant ici vers le IV ou V me siècle avant notre ère avant d'être ensevelie sous un séisme qui conserva ses vestiges jusqu'à nous. On flâne parmi les murs absents, on visite le théâtre qui contenait 1000 spectateurs et dont la fonction était religieuse et politique à ses débuts puis l'éklésiasthérion sorte de sénat fut construit juste à côté et s'y déroulait l'assemblée générale de la ville, pendant laquelle les orateurs s'en donnaient à cour joie. Par la suite le Théâtre reprit sa fonction scénique : musique, tragédie et fut uniquement voué aux arts. On grimpe sur la colline pour avoir une vue d'ensemble de la vieille cité ruinée. Les acanthes fleurissent parmi les avoines folles, leurs feuilles servent de modèle pour les chapiteaux corinthiens.

C'est ici, à Morgantina qu' est mort prisonnier l'esclave révolté Euno originaire de Syrie en 135 avant notre ère, donc bien avant Spartacus.

Le soleil brûlant dore les pierres et la promenade parmi elles est un vrai bonheur, en même temps qu'une leçon d'histoire ancienne. Il n'y a pas d'autre visiteur que nous à Morgantina et cette solitude nous va comme un gant. On ne peut oublier que tant de gens ont vécu ici, alors c' est presque religieusement que nous marchons dans l'histoire racontée par les pierres.

Maintenant nous allons vers Enna, le nombril de l'île, comme on appelle ce belvédère de la Sicile. La ville est tellement enfoncée dans le centre qu'on doit prendre des routes charretières parfois barrées par des travaux de réfection. On les passe comme on peut à travers pierres et broussailles que je tente d'écarter à la main tout en roulant. Il y a seulement une trentaine de kilomètres pour atteindre Enna, mais la moitié est preque impraticable et l'arrivée est un vrai soulagement. N'ayant aucun point de chute, nous joignons le parking de Castello di Lombardia tout en haut à 1000 mètres d'altitude, comme nous conseille notre guide. Nous nous casons dans un stationnement comme partout pléthorique. Il me semble que l'on va camper au milieu de véhicules hors d'usage et on n'est pas fiers du tout !

Je fais un tour dans la ville poussiéreuse, sans trottoirs, avec le linge quji sèche aux fenêtres pas si reluisant que ça ! La cathédrale est fermée, mais on peut jeter un oil à l'intérieur grâce aux côtés du portail en verre. Curieux !

Je rejoins notre place pour la nuit, au pied du Castel que nous visiterons demain, pour l'instant, dodo !