Alta

Samedi 29 mai

Aire du fjord Ofotfjorden. Aujourd’hui le soleil est en forme, pour l’instant, pourvu que ça dure !…
Sur notre itinéraire qui monte dans les villes du nord du pays, voici Bardu Bidgetovn , soit le vieux village de Bardu. Celui-ci que nous avions visité lors de nos précédents voyages a bien l’air de ne plus exister, subsiste à la place un musée de plein air composé de maisons paysannes du temps passé, qui n’a plus rien à voir avec  le charmant petit village médiéval, qui était bâti dans l’escarpement de la montagne. Ces quelques maisons au bord de la route nous font regretter l’authenticité de la vieille cité. ( photo sur le carnet de 1996 ) .

Mais nous quittons la E 6, pour emprunter la E 8  qui longe le fjord tout du long jusqu’à Tromsö que l’on appelle Tromseu, à la faveur du dernier o barré en diagonale que mon clavier ne peut reproduire.

Un fouillis d’îles s’égrainent au bas de rochers découpés et les montagnes enneigées se reflètent dans l’eau  révélant de fantastiques images, que l’on essaie de photographier. On ne s’habitue jamais à tant de beauté. Sur le versant ensoleillé où nous circulons des prairies nourrissent quelques rares moutons, puis peu à peu au fil de la montée se raréfient pour laisser place à la rocaille.

Puis…. Précédé du gigantesque pont reliant le quartier de Tromsdalen , voici Tromsö . A droite du pont, s’élève la cathédrale Arctique à l’architecture si originale. On dit qu’elle symboliserait la lumière de l’été et les glaces de l’hiver…Un office se déroule à l’intérieur, en même temps que la visite d’une horde de touristes. En plus des papotages, l’orgue tonitrue je ne sais quelle œuvre musicale qui empêche de penser à quoi que ce soit. Alors nous partons  vers ailleurs, après avoir admiré le beau vitrail triangulaire, représentant Jésus, c’est l’ œuvre d’un artiste Allemand, contemporain.

pont

Nous garons le camion au bout de Storgata la rue principale, où siégeraient les plus beaux magasins de la ville. Mais il n’y a pas grand-chose. Ah si ! dans une boutique chic, j’ai vu une robe impressionnée de tours Eiffel et du sigle « Paris «.

Le petit port du centre ville assure un peu d’animation. D’ici partent les expéditions polaires, mais aujourd’hui cette capitale de la pêche à la baleine s’est reconvertie en port de plaisance. Longeant le quai, nous rêvons devant de grands bateaux de croisière, le » Richard with «  et le « Delphin Renaissance «  battant pavillon de Majuro. Cette origine peu courante, nous oblige à ouvrir notre atlas géographique et nous découvrons ainsi que ce bâtiment gigantesque et luxueux vient des îles Marshall, dans l’Océan Pacifique, via le Détroit de Béring, puis l’ Océan Arctique.

bateau        

Nous joignons la place principale, d’où l’on peut voir groupés sur la même image, les vedettes de cette ville du Froid, le Pont, la Cathédrale Arctique et le pêcheur au trident symbole du pays.

ancre      

Le Delphin largue les amarres et poursuit sa croisière, pendant qu’autour de nous, de jeunes fous éméchés font des rodéos à folle vitesse au volant de leurs cabriolets rouges. Même en se plaquant sur les murs des maisons on est en danger, les trottoirs eux-mêmes sont le théâtre de leurs «  exploits « rocambolesques. C’est pareil chaque week end , l’alcool interdit toute la semaine fait des ravages. Nous sommes déçus que ce pays propre et  sage puisse être aussi inconscient.

Tout en haut du Fjelheisen que l’on atteint grâce au téléphérique , on a un superbe panorama sur la ville et le port, d’où le Delphin vient d’appareiller pour le grand large,  on le suivra longtemps des yeux , il emmène avec lui tous nos rêves de pays lointains.

Le jeune liftier s’enquiert de notre nationalité et mi anglais mi italien ne tarit pas d’éloges sur la beauté de la France qu’il ne connaît pas et sur le vin Français,  qu’il trouve « very good «  Nous lui renvoyons le compliment, pour les paysages de  Norvège et je crois qu’il apprécie bien .

 

Dimanche 30 mai

En remontant la côte Arctique vers le Nord, nous faisons une pause au petit port de pêche de Skibotn. Ici commence le pays des Samés ( les Lapons ) qui n’a pas de frontières, car il déborde sur les trois pays Scandinaves : Norvège, Suède, Finlande. Les barques à la coque vernie ressemblent à des gondoles, Au bout d’un ponton de bois, la cabane entrepôt sur ses échasses attend la pêche du jour qui complétera.  les séchoirs à poissons, seulement à demi pleins.

Bientôt, les cercles alignés en nombre impressionnant nous indiquent la proximité de Alta et de son fjord foisonnant de saumon , d’où son élevage intensif tout le long de cette côte. Nous continuons cette route magnifique qui longe des fjords aux eaux calmes et bleues, tout cernés de montagnes neigeuses. Le plus beau nous a paru être kvelhagen  que l’on photographie sous tous ses angles, surtout au niveau de kvaenangsbotn, aussi magnifique qu’imprononçable. Des visiteurs ont dressé des cairns aux endroits les plus spectaculaires, c’est  un véritable régal des yeux.  Comment dépeindre ces mers intérieures, intercalées de rochers où croissent de tout petits épicéas, au loin, irréelles, les cimes des Alpes de Lingen se coiffent de nuages blancs. Vent glacé, pluie fine, neige aussi, dans une solitude totale. On n’a pas le temps de s’occuper du moral…il tient bon !

La fin de la journée apporte son lot de soucis. Point d’aire prévue facilitant les arrêts repos, car il y a peu de touristes individuels.  Nous nous arrêtons donc au bord d’un ruisseau, au pied d’un village, entre un chasse neige et un vieux tracteur rouillé. Nous espérons bien dormir . Demain nous verrons Alta et les peintures rupestres, sur les bords de l’ Altafjorden.

 

Lundi 31 mai

Parking des engins des neiges à Badderen. 99 km, avant Alta.

Il a plu toute la nuit à petites gouttes, ce qui laisse présager un temps de chien, mais non, ce matin le soleil nous fait des signes encourageants, c’est bien !
J’ai pris un Aspégic et un Oropivalone pour mon mal à la gorge naissant. Ce n’est pas le moment de flancher. Je prends aussi une photo de notre campement de nuit, près du chasse neige et au bas du village qui a l’air inhabité.
Un troupeau de rennes flâne sur la route, sauvages et silencieux, silencieux surtout, on n’entend jamais le son de leur voix, même blessés à mort ils se taisent. J’ai plusieurs fois tenté de les approcher, en vain.

rennes

Nous avons marché des kilomètres à travers les 3000 peintures rupestres à ciel ouvert de Alta, sous une petite pluie fine et insistante. Les gravures datées de plusieurs milliers d’années, sont classées «  Patrimoine Mondial «  par l’Unesco. On les visite en prenant des sentiers et des pontons de bois sur 5 kilomètres environ. Sont représentées des scènes de la vie primitive, scènes de chasse  et de pêche. Des animaux sont dessinés ou gravés : Rennes, élans, canards, poissons, ours. C’est un vrai bestiaire que l’on visite. Il y a aussi des bateaux à multiples rames ressemblant à des drakkars et des personnages que l’on peut imaginer être des ancêtres de vikings et qui seraient venus de Mongolie….Le trait des gravures envahies par les mousses est passé à la peinture « brique », car il semble que cette couleur fut utilisée à l’origine, pour mettre en valeur le trait qui pourrait être difficilement visible.

peintures

Repas réconfortant sur l’aire du musée, puis départ sur Hammerfest, la ville la plus septentrionale du monde…

On passe sur le pont de kwalsund  qui relie l’île sur laquelle est bâtie Hammerfest au continent . Ancienne capitale de la pêche à la baleine et de la chasse à l’ours blanc symbole de la ville, dont  l’animation est à son comble le matin lors de l’escale de l’express côtier. L’activité principale est le conditionnement du poisson surgelé. L’église de rite luthérien fut rasée en 1944 par les nazis lors du repliement des troupes, toute la ville subit le même sort, mais fut harmonieusement reconstruite, ainsi que l’église à l’identique.

Les maisons ordonnées le long de la rue principale sont le théâtre de la vive animation qu’apportent les mouettes alignées sur les façades, arrière train dans la rue. Si l’on ne veut pas recevoir leurs déjection, mieux vaut changer de chemin bien que de l’autre côté ce soit pareil. Alors,  on se résigne à marcher au beau milieu de la rue.  Nous recevons ici, la dernière communication téléphonique de Françoise et resterons sans nouvelles pendant une dizaine de jours qui nous paraîtront bien longs.

On stationne pour la pause nuit sur le port , avec un autre camping car qui se range près de nous.