Voyage au Vietnam
On n'entre pas facilement au Vietnam avec un véhicule ! Après deux jours de tractations administratives, nous obtenons enfin le précieux sésame et pénétrons enfin dans le pays du sourire.
Direction la baie d'Halong
Nous quittons rapidement la montagne. Il pleut beaucoup et la roche friable entraîne de nombreux et spectaculaires glissements de terrain. Nous mettons cap au nord en direction de la baie d'Ha long et du Tonkin.
Des quatre pays du sud est asiatique, c'est incontestablement celui qui offre le plus grand dépaysement. Ici tout est vert et luxuriant et l'habitat change radicalement. Si ce n'était les rizières omniprésentes nous pourrions nous croire par moments, traversant quelques villages de chez nous aux maisons basses, aux toits couverts de tuiles mécaniques avec l'église trônant au milieu de la place. Peut être un souvenir de la présence française dans ce pays pendant des siècles. Dix pour cent de la population est catholique.
Chercher sa route dans une grande ville du Vietnam relève du casse-tête.
Haiphong fait office de labyrinthe gigantesque. Aucun panneau indicateur pour nous mettre sur la voie de la baie d'Ha long. Nous demandons notre route à des gens qui ne comprennent pas un traitre mot, nous montrons la carte, ils nous font des signes. Nous insistons et finalement notre ténacité est récompensée.
Croisière sur la baie d'Halong
Quel spectacle ! Nous embarquons à bord d'un petit bateau de promenade et nous voilà partis pour 6 heures de balade dans ce dédale d’îlots. A notre première halte nous visitons une grotte illuminée avec goût, découvrons de petits villages flottants de pêcheurs, escaladons un îlot d'où nous contemplons du sommet la magnificence de la baie. La chance est avec nous, après trois jours de pluie et de brume, aujourd'hui il fait beau.
La région du Tonkin
Le Tonkin a conservé tout le charme et l'authenticité du pays. Nous roulons maintenant vers le nord du pays et la localité de Lang son à une dizaine de kilomètres de la frontière chinoise. La route grimpe et les petites parcelles de riz en étages, le tabac et le café ont remplacé l'immensité des rizières de plaine. Les ruisseaux aux eaux claires serpentent entre les collines.
Lang son, première grande ville abandonnée par les français après la terrible défaite de Cao Bang à quelques kilomètres qui fit plus de cinq mille morts, marqua le commencement de la fin de la présence française en Indochine. Un immense marché se tient dans cette localité et c'est pour nous l'occasion de nous régaler de canard et de cochon de lait laqués. Quel délice !
Il est temps pour nous de reprendre la direction d'Ha-Tinh où nous devons renouveler notre autorisation d'importation des camping-cars.
La traversée d'Hanoï dans la cohue des vélos et mobylettes est stressante. Ils vous encerclent, vous frôlent, vous touchent par moments pour retrouver leur équilibre, traversent sous le pare-choc. Nous roulons au ralenti, le pied sur le frein.
La petite route qui nous ramène vers le sud traverse des très beaux villages tribaux de Thaïs blancs aux maisons de bambou verni. Une rivière aux eaux rouges de latérite gronde en contrebas. La montagne est plantée de bambous qui font vivre toute la région. Des les ateliers, des petites mains le découpent et le façonnent. Il partira de là sous forme de chapeaux, de nattes, de pics à brochette ou de baguettes. Nous prenons un jeune vietnamien que nous déposons au village voisin. Poignée de main, courbettes et il disparaît dans les ruelles. On s'aperçoit que notre porte monnaie a disparu avec lui. Cinquante euros et une carte de crédit. Saloperie ! Désormais plus personne ne mettra les pieds dans le camping-car.
Au cœur du Vietnam
Ha Tinh, nous remettons au policier un nouveau dossier à huit heures du matin et récupérons la nouvelle autorisation...le lendemain matin. Encore un jour de perdu.
Cap au sud. L'immense plaine coincée entre la chaîne montagneuse des plateaux de l'Annam et la mer de chine défile doucement, tantôt rizières verdoyantes, tantôt zones sablonneuses. Le paysage devient lassant à la longue.
Nous nous arrêtons sur le 17eme parallèle pour visiter les tunnels de Vinh Moc. C'est là sur la ligne de démarcation entre Vietnam sud et nord que s'enterraient les Viêt-Cong pendant les bombardements américains. Nous descendons dans les galeries à une vingtaine de mètres sous terre et progressons courbés dans les boyaux. La chaleur est suffocante.
Hue, nous nous arrêtons le temps de visiter la citadelle. Fondée vers le IIIe siècle av. J.-C., Hue fut la capitale de l'empire annamite et le siège du palais impérial. Les tombeaux des anciens empereurs se trouvent à l'extérieur des murs de la ville. L'Annam, devenu protectorat français en 1884, eut pour capitale Hue jusqu'en 1946. C'est ici que le dernier empereur Bao Daï abdiquât en faveur de la révolution en 1945.
Cap sur Saigon
Notre descente vers Saigon se poursuit et il faut attendre la région de Quy Nho'n à NhaTrang pour retrouver des paysages agréables. Le pied des montagnes arrive au bord de mer et là dans de petites criques on pratique la pêche et l'élevage piscicole des hippocampes. Ces gentils petits chevaux de mer finissent à côté d'une racine de ginseng dans une bouteille aux vertus aphrodisiaques. Quelquefois un jeune cobra leur tient compagnie. Les bouteilles sont vendues cher par centaines au bord de la route et dans les commerces.
Plus loin, une curiosité géologique nous interpelle. Plusieurs montagnes de gigantesques galets empilés nous entourent. L'ouvre de quelques facétieux géants ?
Dalat est incontestablement la plus belle localité que nous avons traversée au Vietnam avec ses maisons coloniales, ses parcs fleuris, son lac et son golf. Située sur les hauts plateaux de l'Annam la température y est agréable, voire fraîche et nous retrouvons des cultures de chez nous : choux verts, pomme de terre, navets et carottes ainsi que d'immenses plantations de caféiers et de théiers.
Nous voilà maintenant roulant dans les rues de Saigon. Indescriptible ! Hanoï n'était qu'un hors d'ouvre. Nous sommes noyés et entraînés par la houle des deux roues. Du jamais vu. Pas un mètre carré de libre pour stationner. Après des heures d'attention et de vigilance, nous parvenons à nous extirper de la cohue et roulons en direction du Cambodge.
Le peuple vietnamien
Je vous le disais au début, nous sommes au pays du sourire, mais qui y a-t-il derrière ce sourire. Les lignes qui suivent ne résultent que de mon impression mais sont partagées par les membres de l'équipe :
Le Vietnamien ne respecte pas votre intimité. Il tente à tout prix de regarder dans le véhicule. Il escalade les pare-chocs, se pend aux fenêtres, ouvre les portes. Innocent ? Pas sur !
Le comportement des commerçants est également des plus curieux. Ils vous annoncent un prix et au moment de payer, le multiplient ou refusent de vous vendre, comme s'ils regrettaient de ne pas vous avoir vendu assez cher. Cette façon d'agir à le don de taper sur le système nerveux de nos épouses qui limitent leurs sorties sur les marchés.
Se faire comprendre par un Vietnamien tient du miracle. Pour la première fois dans notre périple nous avons beaucoup de mal à obtenir les renseignements même les plus simples, comme la poste en montrant une lettre ou une carte postale accompagnée du croquis d'une maison portant l'inscription « post office » comme il figure dans le pays. Ne parlons pas des directions, même carte en main c'est impossible.
Mais tout cela fait peut-être aussi parti du charme du pays... A vous d'en juger !