Train russe

L

Larki

Membre
31 Août 2008
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Canada
info sur le train russe:

Le train russe n’a pas grand chose à voir avec le train français. Il met ici habituellement un peu moins de deux heures pour faire cent kilomètres et, vu l’étendue du pays, les trajets entre deux destinations dépassent très souvent les quinze heures de voyage. On est bien loin du TGV, chaque wagon est rempli de lits amovibles, une cinquantaine environ (cela dépend de la classe, plus c’est cher, et plus on a de place pour s’installer, donc moins il y a de couchettes par wagon) et tout est fait pour ne pas perdre le moindre espace. En général nous voyageons en “platzkart” (un couloir traverse le wagon où se succèdent d’un côté quatre couches diposées dans la largeur, deux en bas et deux en haut, et de l’autre côté deux couches dans la longueur, l’une au-dessus de l’autre), on y fait beaucoup plus de rencontres, car dans le train la connaissance de la langue russe nous ouvre à de nombreuses personnes. J’aurai l’occasion vers la fin de ce voyage d’évoquer les rencontres qui ont été assez brèves. Pour les autres, celle de Marat par exemple, elles débouchent par exemple sur une invitation à passer quelques jours chez les gens. Paris et Alexandre Dumas sont parmi les thèmes les plus prisés des voyageurs russes, tout étonnés (les étrangers voyagent habituellement dans les classes supérieures) de pouvoir comparer avec un vrai Français leur connaissance et leur intérêt pour la culture française. Et le moins que l’on puisse dire est qu’ils se défendent bien, surtout en matière de littérature, même si les auteurs les plus respectés par le système éducatif soviétique ne l’ont pas toujours été dans leur patrie. Mais la discussion n’en est que plus intéressante, car c’est seulement dans les yeux des étrangers, loin des passions quotidiennes de son propre monde, que l’on peut prendre conscience de la vraie dimension de la culture qui nous a faits.

Dans chaque wagon, après le départ, il faut payer les draps pour les couchettes. C’est le provodnik (ou la provodnitsa) qui s’en occupe. Il est en quelque sorte chef de wagon. Entre autres, le provodnik s’occupe aussi de vendre des vivres, bière, soupe, thé, café… De l’eau bouillante est disponible au bout de chaque voiture pour ceux qui en ont besoin. Il est rare de trouver dans les trains russes des wagons restaurant et, s’il y en a, on y mange et boit presque au même prix que dans la rue. Le concept du “sandwich SNCF” n’a pas cours dans les Chemins de fer russes, et on ne peut que s’en réjouir. Régulièrement, le train s’arrête en rase campagne dans une petite gare et des dizaines de babouchkas qui viennent d’on ne sait où défilent sur le quai en proposant aux voyageurs pain, légumes, salades, plats chauds, boissons et autres beignets traditionnels. De telles haltes ont parfois lieu pendant la nuit. Chaque wagon possède ses toilettes, souvent inutilisables au bout d’une heure, je ne vous dirai pas pourquoi. Il fait parfois très chaud dans les wagons, surtout quand ils sont pleins (le Transsibérien, c’est un peu l’autoroute des vacances vers la Sibérie pour les Russes), on peut alors aller fumer une cigarette au bout du wagon, ou l’air est en général plus frais.