Un amour déraciné
Les Anglais n’ont pas l’exclusivité des amours tragiques. En France, on a nous aussi notre lot de sentiments éconduits. Pour preuve : Bernardin de St-Pierre et son chef d’œuvre Paul et Virginie. Là encore l’amour se bat pour s’exprimer mais en vain, les obstacles ne cessant de s’interposer. Madame de la Tour, aristocrate libertine fuit la métropole avec sa comparse bretonne Marguerite pour s’exiler dans la colonie française qui de ce temps se dénommait l’Ile de France (devenue aujourd’hui l’Ile Maurice). Là-bas, Virginie, la fille la Tour et Paul, le fils de Marguerite grandiront ensemble. L’amitié cèdera à la force de l’amour et rapidement, les paysages tropicaux et la nature enchanteresse accueilleront leur idylle. Pour peu de temps hélas, car la tante de Mme de la Tour, restée en France réclame sa nièce. La séparation est douloureuse. Virginie souffre autant du manque de son bienaimé que de la vie européenne grandiloquente et chichiteuse à laquelle elle n’est pas habituée. Paul, seul dans son île, ressasse les souvenirs de la belle époque tout en continuant à sarcler la terre de l’exploitation, les larmes perlant sur son visage transi. Une lettre ayant échappé à la censure prévient Mme de la Tour du malheur de sa fille. Virginie revient enfin sur l’île ; enfin tente d’y revenir. Les côtes mauriciennes se rapprochent mais jamais le Saint-Géran n’y accostera. La tempête fait rage et le bateau coule, emportant Virginie dans les tréfonds de l’océan, devant les yeux exorbités de Paul qui, impuissant, n’a plus qu’à se noyer dans ses larmes.
Comme les deux mères, échappez-vous de la France et de son atmosphère pesante pour aller (re)déclarer votre flamme à votre amoureux (se) dans un site bien plus propice au lyrisme. Envolez-vous vers l’Ile Maurice pour aller vous blottir contre votre âme sœur sur une plage au sable brûlant, mordue par les eaux turquoise et transparentes de l’Océan Indien. Embrassez-le (la) sur le seuil de la demeure créole qui vous sert de gîte le temps de votre séjour. Cheminez sur les traces de Paul et de Virginie et parcourez à nouveau les sentiers sinueux qu’ils ont parcourus ensemble au XVIIIe siècle. Et enfin, découvrez à deux les richesses de la faune maritime et de la flore resplendissante (forêts et mornes, collines aux formes inhabituelles) qui transforme l’île en véritable paradis. Faites attention toutefois à ne pas prendre de bateau un jour de tempête…
Sophie Graffin
Publié le 09/02/2010
Crédit photos : © Office de Tourisme de l’Ile Maurice – Bamba Sourang