Initiation à l’ornithologie
On ne peut pas passer en baie de Somme sans aller rendre visite aux oiseaux qui font halte au parc de Marquenterre avant de reprendre leurs épuisantes migrations vers le Sud. Le parc, situé à 15 km du Crotoy à peine et près de St-Quentin-en-Tourmont, est un incontournable de la région.
Il est classé réserve naturelle depuis 1994. Ses dunes, pinèdes et garennes s’étendent sur 200 hectares et attirent les plus beaux oiseaux dont les races défilent au fil des saisons (canard pilet ou siffleur, oie cendrée en février, cigogne blanche en avril, petits échassiers et grande aigrette en juillet, vanneau huppé en octobre par exemple).
Vue aérienne du parc du Marquenterre
Les aigrettes garzette
À l’origine, la réserve naturelle n’avait pas vocation à accueillir la faune mais se prédestinait plutôt à la flore. En 1923, Henri Jeanson, industriel parisien achète 1 000 hectares de sol sablonneux pour récolter des oignons à fleurs. Le projet prend de l’essor et commence à se développer. L’idée de construire un polder (terre conquise sur la mer par endiguement ou assèchement) germe même pour étendre l’exploitation mais se heurte à l’arrivée des hollandais sur le marché. Eux aussi ont entrepris d’apprivoiser les fleurs et donnent un sérieux contrecoup à la production française. Du coup, le site se reconvertit et se tourne vers les oiseaux : il devient un parc ornithologique.
Jumelles pour toute la famille et gros plan sur les oiseaux
Celui-ci accueille aujourd’hui 140 000 visiteurs par an, venus avec leurs jumelles pour épier les 350 espèces volatiles qui s’arrêtent involontairement devant les postes d’observation en bois.
Selon le temps dont vous disposez, vous opterez pour l’un des trois parcours qui vous sera proposé. Le rouge n’explore que 10 % de la réserve mais se boucle en 45 minutes. Le bleu (1h30) et le vert (2h30) permettent une visite plus sérieuse. De nombreux guides nature vous attendront avec leurs longues-vues sur les 6 km de sentiers balisés pour vous informer au mieux des mœurs des volatiles et pour vous aider à les apercevoir.
La variété des êtres à plumes qui viennent se ressourcer ici est remarquable et ceci pour plusieurs raisons. Pour commencer, le fait que le parc du Marquenterre se situe sur le trajet des migrateurs facilite l’affluence. Mais la diversité des milieux et la préservation du site expliquent aussi l’engouement des oiseaux pour cette terre hésitant entre le bois ou le sable sans jamais succomber aux excès de l’urbanisation. Sauvage elle est, sauvage elle restera et ses oiseaux, elle gardera…
Hélas, un danger plane sur la baie de Somme : l’ensablement toujours plus patent. Il faut savoir qu’il y a 450 ans, la baie s’étendait sur 200 km². Aujourd’hui, elle n’occupe que 70 km² et son sol se hausse de 1 à 3 cm par an.
Spatule blanche se baignant les pieds
Le phénomène de comblement certes est naturel et donc inévitable, mais est accru par les polders qui ont été construits dès le milieu du XIIe siècle et majoritairement à partir du XVIIe siècle. La mer de ce fait éprouve quelques difficultés à venir irriguer la baie qui s’assèche pour le plus grand bonheur du sable. La canalisation de la Somme à la fin du XIXe siècle n’a rien arrangé en empêchant le fleuve de régurgiter le sable qui s’accumule au niveau des estuaires. Les hommes doivent donc agir en permanence pour préserver la richesse naturelle du site.
L’ensablement doit être combattu mais l’entretien des biosphères est aussi de rigueur. Il faut veiller à couper l’herbe car les oiseaux sont capricieux et refuse de se poser sur une toile de verdure trop épaisse. Il faut contrôler les niveaux de l’eau des marais et maîtriser son débit à l’aide de vannes. Pour finir, les arbres doivent être coupés pour éviter qu’ils empiètent sur les dunes. La diversité des milieux doit absolument perdurer si l’on veut garantir la diversité des espèces migratrices s’arrêtant dans le parc pour une trêve régénératrice.
àce travail acharné et perpétuel en venant admirez les vols de hérons et de canards de toutes sortes, leurs vies paisibles au sein de l’amoncellement de dunes et de forêts qui font du parc un lieu remarquable de détente aussi bien pour vous que pour les oiseaux.
Phoque veau marin sur la baie
La visite de la baie de Somme s’arrête ici, près des oiseaux. Pour les plus chanceux, elle s’arrêtera près des phoques, autre richesse naturelle de la contrée. Car tout au long de l’année, les phoques veau marin se dorent au soleil, nichés dans le sable et exposant leurs ventres repus aux promeneurs. Surtout, même si c’est tentant, il ne faut pas s’approcher. L’espèce est protégée et une confrontation entre l’homme et la bête pourrait inciter la mère à abandonner ses petits. Gardez-vous donc d’aller les caresser et restez à bonne distance pour laisser également aux autres la chance d’observer cette colonie animale qui a adopté la baie. Tout le monde a le droit de terminer par les phoques…
Tout le monde vient s’y reposer : la mer, les oiseaux et même… vous ! C’est la baie de Somme, cette gigantesque étendue sablonneuse perlée de villages traditionnels et de petits ports de pêche. La vie y est paisible, les habitants sont restés rugueux et les touristes pas trop nombreux. Un monde un peu à part qui offre à chacun un cadre naturel et enchanteur dont les richesses restent trop méconnues. Enfin restaient… Sophie Graffin
Publié le 27/04/10
Crédits photos : © ©Altimage_Destination Baie de Somme ;
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