Peuples du monde : 5 danses religieuses des plus insolites

La culture est sans conteste l’un des piliers de l’identité d’un pays. En attendant que vous puissiez à nouveau faire vos bagages et explorer le monde de long en large, nous vous proposons de vous installer confortablement. C’est à la découverte de certaines danses rituelles que nous vous emmenons. Étranges, drôles, d’une technicité précise… ces danses vous feront tourbillonner à travers la planète.

Kagura, le mythique divertissement des dieux

Kagura

La légende nippone raconte que dans des temps très anciens, la déesse du soleil Amaterasu s’était réfugiée dans la grotte d’Iwayado. Son absence a plongé le monde dans l’obscurité et le froid. Heureusement que la divinité de la Gaieté, Otofuku, ne manquait pas de ressources. Elle se met exécuter une chorégraphie absurde qui suscite l’hilarité générale chez les dieux. Piquée par la curiosité, Amaterasu décide de sortir de sa grotte, ramenant le beau temps avec elle. La danse religieuse Kagura est inspirée de cette légende et est encore pratiquée aujourd’hui pour divertir les divinités qui veillent sur le Japon et chasser les démons. Un incontournable à voir lors de votre voyage au Japon.

Vêtus de costumes colorés qui peuvent peser une dizaine de kilos et arborant des masques parfois effrayants, les danseurs arpentent les rues pour inciter les dieux à accorder leur bénédiction dans la localité. Visages démoniaques et armes scintillantes font naturellement partie de la panoplie. Si cette danse millénaire est toujours autant pratiquée, c’est sans doute parce qu’effectivement, elle divertit les divinités au plus haut point.

Căluș, la danse de l’homme-cheval

Căluș

Nos amis Roumains possèdent aussi de curieuses traditions. Le căluș est une chorégraphie réalisée par des călușarii. Ces derniers ne sont pas de simples danseurs mais les représentations de personnages mythiques. Il faut donc prêter serment pour renoncer solennellement à sa nature humaine avant de pouvoir intégrer les călușarii. Ces derniers forment un cercle magique autour d’un drapeau. Dotés de pouvoirs de guérison, ils peuvent libérer les personnes souffrant des enchantements des sirènes et des sorts maléfiques. Leur danse fait également partie d’un rituel de fertilité et les villages accueillant ces danseurs bénéficient d’un coup de chance et de prospérité qui ne se refuse pas. Derrière les sauts et mouvements circulaires se cachent des figures dotées d’un pouvoir miraculeux. Les spectacles ont essentiellement lieu durant les festivités de la Pentecôte. Les femmes ne sont pas autorisées à danser. En revanche, elles tentent de voler les plantes érigées avec le drapeau pour s’approprier leurs pouvoirs de guérison sur les maux considérés depuis l’Antiquité comme incurables.

Samā‘, la danse des derviches tourneurs

Samā‘, la danse des derviches tourneurs

Direction la Turquie pour se laisser emporter dans l’insolite danse Samā‘ également connue sous le nom de tourbillon soufi. La danse giratoire est à vous faire perdre le nord et pourtant, elle est pratiquée comme une forme de méditation. Les derviches font trois tours de piste dans la salle de danse du monastère, commençant avec une lenteur calculée avant de prendre de la vitesse. Les déplacements symbolisent les âmes errantes. Au moment où le Maître s’installe sur son tapis, le tourbillon s’arrête, laissant place aux chanteurs qui élèvent leur voix, brisant le silence du monastère. D’un geste précis et rapide, les derviches tourneurs font tomber leurs manteaux noirs pour faire apparaître des tenues d’un blanc immaculé. Cette partie de la chorégraphie évoque la résurrection une fois que l’illusion est estompée. Le tourbillon reprend de plus belle. Les derviches tendent la paume droite vers le ciel pour recevoir la grâce divine qu’ils répandent sur les Hommes par le biais de la paume gauche orientée vers le sol. Cette ronde infinie est une prière par laquelle les derviches expriment le dépassement de soi, la quête de l’union avec l'Être Suprême. Le cercle décrit au fil de la danse n’est autre que la représentation de la loi religieuse encadrant la communauté.

Bharata natyam, la danse de la grâce

Bharata natyam

Vous connaissez probablement ce mélange de danse classique et de mouvements typiques aux arts martiaux qui nous vient du Tamil Nadu, en Inde. Mais saviez-vous qu’elle possède des origines religieuses réprimées par les puritains britanniques. L’enchaînement commence traditionnellement par une invocation de Ganesh, le dieu qui a le pouvoir de supprimer tous les obstacles. Les expressions du visage désignées abinaya prennent le relai avant d’être remplacées par des figures qui se font de plus en plus compliquées. C’est le reflet d’une fleur en plein épanouissement. La grâce et la dextérité sont soulignés au fil des mouvements. La danseuse continue sa chorégraphie au son d’un tambour puis sur le rythme d’un poème ou d’un chant. Les postures peuvent être très sensuelles mais le thème de la musique ou du poème aborde un aspect divin. Les récits épiques se mêlent aux histoires d’amour. La danseuse évoque la séparation des amants, l’amour d’une mère pour ses enfants, le désir qui unit deux personnes. Le Bharata natyam n’est pas seulement un spectacle. C’est avant tout une danse rituelle qui exprime la dévotion et qui s’achève sur des versets religieux prononcés en guise de bénédiction.

Mukisi, la danse de la guérison

Mukisi

Partons au Lékoumou, un département congolais peuplé de nombreuses ethnies minoritaires comme les lalis ou encore les yakas pour découvrir une danse du monde assez étonnante. Elle est principalement réalisée pour lutter contre les forces obscures et ainsi combattre les maladies dues à la sorcellerie. Le malade est enfermé dans une case qui n’est alors accessible qu’aux personnes pures. Le guérisseur du village apparaît, reconnaissable à sa tenue en raphia rouge. Des motifs géométriques multicolores sont peints sur son visage et des bracelets métalliques entourent ses poignets. Le guérisseur entame des figures de danse qui ressemblent à des balancements frénétiques d’avant en arrière, rythmés par les cris de joie des villageois réunis autour de lui. Il se lance ensuite dans des tours sur lui-même rapides et puissants. Vous croiriez voir une toupie qui soulève la poussière à force de piétinements. Les applaudissements se font plus intenses, incitant le guérisseur à poursuivre son rituel folklorique. A chaque fin de séance, le guérisseur et les villageois se rassemblent autour d'un délicieux repas arrosé de vin. Danses rituelles et repas se multiplient jusqu’à ce que la malade en isolement soit complètement rétabli.