La salle du patrimoine
Que l’on passe à Vienne en train ou en voiture le constat est unanime, il semblerait qu’il n’y ait rien à voir ici et beaucoup passent leur chemin. C’est un tord : la ville est en réalité un petit bijou et il suffit de parcourir quelques ruelles du centre ville pour s’en rendre compte. Il faut dire que les inconditionnels de vieilles pierres sont ici dans leur élément : partout dans la ville subsistent des éléments architecturaux datant des siècles passés. Certains remontent même à l’Antiquité et sont dans un état de conservation remarquable. On l’a bien compris, le meilleur moyen de découvrir Vienne est encore de parcourir les ruelles à pied, seul ou avec un guide. Un passage à l’office de tourisme pour vous procurer un plan, et c’est parti !
Un conseil : commencez par la Salle du patrimoine, sur les bords du Rhône place du jeu de paume. Cet espace, aménagé il y a une dizaine d’années, est consacré à l’histoire de la ville des origines à nos jours. Vous y trouverez maquettes, cartes, photographies et reproductions de la ville à différentes époques ainsi que les services d’une guide conférencière pour approfondir la visite.
En sortant, prenez la première ruelle sur votre droite puis tournez à gauche : vous arrivez au cloître Saint-André-le-Bas, qui appartenait jadis à l’abbaye du même nom. Le cloître fut édifié au 12e siècle dans un style architectural propre à l’époque romane. Récemment restauré, il constitue aujourd’hui le seul exemple de cloître roman qui se soit conservé jusqu’à nos jours. Prêtez attention aux décorations des chapiteaux corinthiens, tantôt inspirés directement de l’Antiquité, tantôt rappelant les imageries médiévales. Vendu à la Révolution, il servit d’habitation jusqu’au 20e siècle. Aujourd’hui, c’est un espace totalement restauré qui s’offre à vous : les toitures ont été entièrement refaites, les galeries restaurées et le jardin replanté. En sortant face à vous, passez rapidement voir l’intérieur de l’Eglise Saint-André-le-Bas, remanié à plusieurs reprises au cours des siècles et dont les colonnes en marbre sont datées de l’Antiquité.
Remontez ensuite la rue des Clercs pour arriver sur la place du Général de Gaulle où vous attend une belle surprise. C’est ici que se dresse le Temple d’Auguste et de Livie, qui date des années -20/-10 avant J.C. Il s’élevait autrefois au cœur du forum, quartier central de la ville romaine et lieu de toutes les décisions qu’elles soient d’ordre civique, administratif ou religieux. S’il est encore parmi nous dans un tel état de conservation, c’est assurément grâce aux modifications successives qu’il a subit et qui ont assuré son salut. Transformé en église au Ve siècle, il fut ensuite reconverti en bibliothèque pour enfin retrouver son architecture d’origine au XXIe siècle. C’est aujourd’hui le seul temple de l’époque romaine, avec la Maison Carrée de Nîmes, a être arrivé jusqu’à nous. Poursuivez par la place Pilori et la rue de la Charité pour arriver aux Jardins de Cybèle.
Les vestiges archéologiques que vous avez devant vous n’ont été découverts que récemment. En effet, depuis le Moyen Age, le site abritait un établissement de charité qui perdura jusqu’au XXe siècle et dont la démolition permis de mettre au jour les vestiges archéologiques. Les deux éléments les plus imposants, datant de l’époque antique, sont les arcades qui faisaient jadis partie d’un monument public au cœur du forum. Plusieurs autres éléments ont été mis au jour et laissent les archéologues et historiens devant bien des interrogations, sujettes à de nombreuses suppositions quant à leur utilisation passée.
Faites ensuite une halte au Théâtre de Vienne, qui est l’un des plus anciens de France. C’est un petit théâtre à l’italienne qui a été construit au XVIIe siècle sur les fondations d’anciens bâtiments de l’époque antique. Le lieu a gardé son architecture d’origine, avec trois étages en fer à cheval et un foyer. Aujourd’hui, le théâtre jouit d’une acoustique remarquable qui permet à la programmation d’être des plus variées.
Alexandra Billard
Publié le 09/07/2012
Crédit photo : © Henry Landeau, ©Office du tourisme de Vienne