Tous deux photographes monégasques, Nathalie et Alain ont décidé de partir au Groenland.
(Mai 2009)
Partir en duo au Groenland, c'est le nouveau projet de Nathalie et Alain Antognelli qui veulent à travers des prises de vue, des rencontres et des témoignages du peuple inuit, sensibiliser un large public au problème du réchauffement climatique.
Des amis ayant beaucoup voyagé, affirment, [...]que c'est certainement le plus beau pays au monde.
Pourquoi avez-vous choisi le Groenland pour démontrer les effets du réchauffement climatique ? Aujourd’hui, l’Arctique est une des zones les plus sensibles aux effets du réchauffement climatique. La banquise devrait y disparaître totalement pendant la période d’été, d’ici à 2015. Ce sera une véritable opportunité pour le transport maritime mondial. L’inlandsis groenlandais fond à grande vitesse. Les glaciers y reculent de façon impressionnante. A l’exemple de celui de Ilulissat (classé patrimoine mondial de l’ UNESCO) qui a reculé de huit kms en deux ans ! D’un point de vue politique, là aussi les choses s’accélèrent. Le 21 juin 2009, le Groenland accédera à une autonomie renforcée, ultime étape avant l’indépendance. Cela entraînera inévitablement les convoitises minières et pétrolières. Cette autonomie annoncée semble être une bonne chose, mais à y regarder de prés, est-elle aussi bonne que cela ? Pour toutes ces raisons, notre reportage « Témoignages » ne pouvait trouver de meilleur lieu que le Groenland.
Pouvez-vous nous dire d’ores et déjà les grands risques qu’encoure cette calotte polaire ? La calotte polaire est en train de fondre, en témoigne un phénomène inconnu dans le passé; l’effondrement des poches d’eau qui se forment en altitude en été, emportant tout sur leurs passages jusqu’à la mer. A terme, sa diminution, voir sa disparition, provoquera des réactions en chaîne aux conséquences inimaginables pour la Planète et pour nous même. Nous aurons certainement plus d’infos à notre retour.
Vous voyagerez en kayak de mer. Pourquoi avez-vous préféré ce moyen de transport plutôt qu’un autre ? Le kayak est né du génie inuit. Hier, outil de survie, il est aujourd’hui l’emblème de ce peuple, toujours présent lors des grands événements sur les côtes du Groenland. Il est d’ailleurs encore utilisé pour son approche silencieuse, lors de la chasse au narval. C’est un moyen de transport que l’on connaît bien, il permet d’avancer rapidement (sans se presser, on peut faire 30 à 40 kms par jour). Cela permet d’être au plus près des populations, tout en étant autonome si besoin pendant trois semaines. Au Groenland, il n’y a pas de routes. Les déplacements se font en avion, hélicoptère, ferry et bateau à moteur.
Quelles sont les étapes de votre expédition ? Pour cette année, nous allons partir d’Upernavik 72°47 N, sur la côte ouest, nous allons d’abord partir vers le nord sur une centaine de kilomètres, nous traverserons donc à deux reprises la Baie de Melville, avant de redescendre vers le sud, en passant par nombres de petits villages, Uummannaq 70°41 N, et s’arrêter pour cette année à Ilulissat 69°13 N. soit un parcours d’environ 1300 kms.
Vous partez loin, parfois même dans des zones très retirées, qu’avez-vous prévu comme matériel de sécurité ? Et pour dormir qu’avez-vous prévu également comme équipement sachant que les températures sont très basses ? Nous avons un téléphone Iridium, un mini-ordinateur portable pour recevoir au quotidien la météo par internet. Avec une mer à 0° le premier danger étant l’hypothermie, nous avons fait appel à un routeur professionnel afin d’appréhender au mieux nos étapes. Nous emportons, une balise de détresse par personne, un système Spot qui permet d’envoyer des messages régulièrement pour donner notre position GPS, ainsi deux GPS avec cartographie. Même si les probabilités de rencontrer un ours sont très faibles, on nous conseille d’emporter un fusil. Nous l’achèterons sur place.
Pour dormir, nous avons une grande tente Saivo, de chez Hilleberg, que l’on peut monter par grand vent. Pour les vêtements, nous avons des polaires, des pulls en laine, très fins et chauds, que l’on met en multicouche, avec vestes et pantalons en gore tex, des bottes rembourrées en néoprène, très chaudes.
En kayak, nous mettons aussi des polaires, pulls en laine, et une combinaison étanche en gore tex de marque Kokatat. Du matériel que nous testons depuis trois années, vraiment efficace.
Vous êtes tous les deux des photographes professionnels. Quel matériel de prise de vue allez-vous prendre avec vous pour illustrer les témoignages recueillis tout le long de votre expédition ? Nous allons emporter un compact avec caisson étanche, deux boîtiers réflex et des objectifs du 16 mm au 300 mm. Pour la première fois, nous allons emmener une caméra embarquée, miniature, étanche, ainsi qu’un enregistreur son pour recueillir les témoignages des populations, les bruits de la glace, les oiseaux, etc., et aussi un enregistreur vocal pour donner nos impressions instantanément, et les envoyer par Internet, en France, chez Dictée on Line, qui par reconnaissance vocale, va nous restituer des fichiers World. Ce qui nous permettra certainement d’écrire un livre.
Enfin, ferez-vous d’autres voyages en Arctique ? Ce voyage est la première étape d’un périple arctique de 5000 kms le long des côtes occidentale et orientale du Groenland, nous avons bien sûr l’intention de continuer l’année prochaine. Et de mener notre projet à terme. Nous avons navigué au Spitzberg, fait des images au pied du glacier du Jokulsarlon en Islande, comme en Alaska. De tout ces lieux se dégagent la même sérénité. Aujourd’hui fragilisés, il est urgent de les préserver.
Des amis ayant beaucoup voyagé, affirment, après avoir navigué à plusieurs reprises dans différentes régions du Groenland, que c’est certainement le plus beau pays au monde…