Musée de la mémoire des murs

Souvent considéré comme un art, parfois décrié comme une nuisance, le graffiti habille trottoirs et murs encore vierges de toute empreinte. Prince des rues, miroir d’une société, cet art graphique symbolise la voix contemporaine face à la jungle urbaine. Même si les graffitis contemporains ont pris leur quartier dans la rue, le graff voyage à travers le temps et les époques. Tout commence avec les inscriptions gravées anciennes, qui contrairement au « tag », sont immortelles. Serge Ramond, éternel amoureux de ces inscriptions, s'est graissé les mains dans la poussière des vieux bâtiments, des églises, des tours, des cachots, des châteaux…pour lever le voile sur ces souvenirs gravés dans les murs.

Des souvenirs gravés

Crée par Serge Ramond, le Musée de la Mémoire des Murs, unique en son genre, offre un voyage chargé d'histoire, de témoignages, et de récits de l'époque néolithique à la Seconde Guerre mondiale.

Un art brut et universel

Représentation d'un bateauC'est l'histoire d'une passion, d'un amour infini pour l'Art. Serge Ramond a commencé son voyage en évoluant dans l'art graphique grâce à diverses techniques de gravures. Poussé par l'inspiration, son crayon s'est tourné vers l'estampage grâce à un système d'empreinte pour élaborer des moulages, l'objectif étant d'exposer des estampes aquarellées. Guidé par son imagination, il commence à patiner ses ouvrages pour leur donner l'aspect de la pierre. Une vocation est née.
Sa quête débute, alors, dans les édifices de la Picardie, et s'étend trés vite sur toute la France. Véritable recherche émotionnelle, artistique et esthétique, cette soif d'exploration trouve son écho dans le musée qui rend hommage à son travail. Portée par une mise en scène envoûtante, ces inscriptions perpétuent leur histoire à l'image des traditions orales qui ne laissent personne indifférent.
Art populaire, universel, brut, le graffiti émeut, touche, bouleverse et prône la mémoire collective.

Le Musée des Murs

Première Guerre mondialeMains, cœurs, symboles, carrés magiques, rosaces, emblèmes… sont guillochés sur les parois du musée. La lecture de cette calligraphie découle, par exemple, de propagande religieuse, d’annonce d’évènement, de contestation politique, ou encore de déclaration d’amour.
Quelques chiffres : 3000 moulages, 22 espaces, 4 niveaux répartis chronologiquement et par thèmes dont les symboles religieux, les inscriptions militaires, les écritures, les bateaux…
La guerre 14-18 et les gens de mer et du fleuve concentrent toutes les attentions étant deux thèmes du musée.
La salle de la Première Guerre mondiale renferme de nombreux hommages humains gravés et sculptés par des soldats, français, américains et allemands qui étaient parqués dans les carrières souterraines des départements de l’Aisne et de l’Oise.
gens de mer et du fleuve300 moulages de graffitis montrent alors les cicatrices taillées dans la pierre des souterrains datant du Moyen-âge dans les régions Noyonnais, du soissonnais, et du Chemin des Dames. Témoignages piochés dans des abris, des lieux de campement et d’hôpitaux militaire, et  parfois même sous les champs de bataille, ces "graffitis de tranchées"de soldats ordinaires désarment et bouleversent par leur engagement sans faille.
Le musée écrit aussi une histoire de la Seconde Guerre mondiale, notamment celle de l'hôtel Clevant à Besançon, siège de la gestapo où certains condamnés ont immortalisé leurs dernières heures à l'aide du bout de leurs lacets ou avec l'aiguillon de leurs ceintures.
Mais encore, la salle en hommage aux marins de tout bord concentre les stigmates de ces hommes qui ont vogué sur les flots toute leur vie durant. Réalisés par bateliers ou matelots du XVIème au XVIIIème siècle, les inscriptions gravées retracent leur quotidien dans les bateaux de pêche, de guerre ou encore de commerce.

L’archéologie : patrimoine local

SqueletteLe Musée propose, en plus de sa collection de graffitis, des objets archéologiques datant de la préhistoire, de l’époque gallo-romaine et de la Renaissance du territoire de Verneuil-en-Halatte afin de préserver et sauvegarder le patrimoine de la région.
L’exposition de la préhistoire évoque la vie et l’Art de l’époque Paléolithique au Néolithique régional avec fossiles, et silex taillés.
La période gallo-romaine est mise à l’honneur par la découverte de la ville de Bufosse, visitable sur demande. En son cœur, des objets restaurés depuis 1993 monnaies, céramiques, lampes à huile, clés  et bien d’autres  participent à restaurer le quotidien de l’époque.
Enfin, pour illustrer la période de la Renaissance, le musée ouvre les portes de l’ancien château de Verneuil offert par Henri IV à sa favorite Henriette de Balzac d’Entragues, marquise de Verneuil. Seuls les souterrains ont traversé les siècles avec pour vestiges des pierres sculptées, des fragments de statues et de décors ou encore des carreaux de faïence de Delft du XVIIème siècle.

Julie Verdier
Publié le 20/08/09

Crédit photos : © Serge Ramond