Tourisme responsable

Aujourd’hui, l’écotourisme représente à peine 1% de la fréquentation touristique mondiale. Enquête.

Un chemin rocailleux

Sur les ondes, la toile, ou le petit écran, le tourisme responsable est repris à toutes les sauces. Si la plupart des acteurs du tourisme et enquêtes témoignent d’un réel désir de changer les « comportements à risques » des touristes, la réalité semble moins optimiste. Peu de communication, peu ou pas d’éducation du touriste, trop de labels pour certains….parasitent l’essence même du concept. Développé depuis les années 80, le tourisme responsable navigue entre certification et confusion. Aujourd’hui, l’écotourisme représente à peine 1% de la fréquentation touristique mondiale. Enquête.

Information générale

Définition et champ d’action

Le premier barrage à franchir repose sur la définition du concept de responsabilité touristique. L’effusion de termes  (solidaire, équitable, écotourisme) floute la problématique et dessert les enjeux du tourisme responsable, qui se définirait comme le principe du développement durable appliqué au tourisme. Et quelque soit la forme du voyage.
Les différences entre les concepts se dessinent alors. Le tourisme équitable et solidaire répond à une thématique du voyage. « Il s’agit d’organiser des voyages particuliers avec le plaisir de l’entraide et de la solidarité ainsi que de participer à des développements éventuels » explique Yves Godeau, président de la certification Agir pour un Tourisme Responsable (ATR).
Les bases sont posées. Reste à savoir l’étendue de son champ d’action autour des trois fondements du développement durable : économique, environnemental et social.
Et C’est Manuel Miroglio, Consultant-formateur pour SPE Tourism, spécialiste du Tourisme Responsable & Solidaire qui apporte cette réponse : « Idéalement, c’est un tourisme qui doit en même temps préserver à long terme les ressources naturelles, culturelles et sociales des territoires visés, participer au développement économique des populations, et favoriser une véritable rencontre entre voyageurs et autochtones ».
Ce qui exclut de prendre des photos sans l’autorisation des personnes ou contre une rétribution financière, de porter des vêtements trop découverts dans des pays où la culture et la religion ne l’acceptent pas, de préférer des déplacements en avion, ou encore de jouer au golf dans un pays en pénurie d’eau.
« Il est difficile de penser responsabilité quand on voit un golf en bordure du désert dans un hôtel luxueux » souligne Xavier Champagne, voyageur. Il ajoute : « L’eau nécessaire à la construction du parcours est récupérée dans les villages. Et la question de choisir entre l’alimentation du village et le 18 trou ne se pose même pas. L’hôtel est toujours gagnant ».

Les enjeux

La détérioration des zones naturelles, l’augmentation de la pollution dans les zones touristiques, l’exploitation des enfants par le travail, le fléau du tourisme sexuel…ont nourri la prise de conscience collective sur le tourisme responsable. Tout en soulignant la responsabilité de la chaîne touristique dans ce chaos.
Pourtant, comme le scande Yves Godeau, il est temps d’arrêter de faire des déclarations larmes à l’œil. Il faut du concret.
Des solutions ? Ils en existent certaines, qui à petite échelle, peuvent alimenter la machine.
Pour les tours opérateurs, proposer une description précise des prestations offertes, organiser des réunions de sensibilisation avant le départ, limiter les voyages à des petits groupes, distribuer des recommandations de bonne conduite du voyageur...
Pour les hôtels, réduire les consommations en eau, et en électricité, mettre en place des politiques d’achat plus responsables, par exemple.
Car les premières victimes du tourisme inconscient demeurent les populations locales. Les restrictions d’eau suite à une consommation abusive dans les hôtels ou encore l’augmentation des prix des terrains, et des denrées alimentaires (voir témoignage) dans des lieux touristiques obligent les populations à se déplacer vers des endroits moins chers.
Jean Pierre Lamic, Président de l'association des Voyagistes et Voyageurs Eco-responsables et auteur du livre : "le tourisme durable, utopie ou réalité ? " signale que : « le tourisme s’il était pratiqué de manière responsable devrait être bénéfique à tous. Nous en sommes encore très loin. Les retombées sociales sont minimes dans de nombreux territoires pourtant exploités depuis longtemps par l’industrie touristique ».
Alors pour agencer une gouvernance globale, Jean-Pierre Lozato-Giotart, expert touristique international, auteur du livre "le Chemin vers l'écotourisme" avance quelques dispositions à prendre, notamment appliquer une éco conception qui permettrait de prévoir des projets respectueux. « On a beaucoup de moyens, on peut faire appel à l’ingénierie appliquée pour construire un projet viable » explique-t-il.
Il estime qu’il faudrait apporter une aide aux responsables locaux pour former un véritable noyau qui servirait de vecteur entre les touristes et les populations locales. Cela entraînerait alors une auto-responsabilité dans les pays visités grâce à des formations qui leur permettrait d’appliquer l’éco conception.
Instaurer une éco gestion qui tendrait vers une application honnête et juste des projets puisqu’il faut évaluer l’intégration des populations locales dans le système : emploi, économie, voire même des échanges culturels. Un éco comportement qui en appellerait à la conscience de chaque voyageur.
Et enfin, une**éco éducation . Puisque les voyageurs et touristes ne sont pas assez sensibilisés, même si le relais médiatique semble bien huilé.
Les médias, les agences de voyage, ou encore les associations : « comme Echoway , renseignent par internet sur les bonnes pratiques à adopter et les lieux de l’écotourisme solidaire, des guides spécialisés comme  the Natural Guide des éditions Viatao ou le Guide du Routard du Tourisme durable informent sur les lieux du tourisme responsable, des opérations comme les Trophées du tourisme responsable (voir encadré) » relayent les informations auprès du grand public. Les réunions avant les voyages, la sensibilisation des guides, la distribution de chartes éthiques participent aussi à la diffusion.

Julie Verdier
Publié le 12/08/09