Berne, capitale de l’ours

Envie de nature mais aussi de culture ? Berne vous comblera dans cette recherche d’une alliance difficile à effectuer. La capitale fédérale de la Suisse bénéficie à la fois d’un cadre exceptionnel, au milieu des montagnes et au bord de l’Aare, et d’un riche passé historique. Partez au cœur de la Suisse, dans les rues étroites parsemées de maisons en molasse, pour revenir avec plein de souvenirs en tête et d’air frais dans les poumons.

A la découverte de Berne

Esprit médiéval es-tu là ?

Esprit médiéval es-tu là

Encadrée par les majestueux sommets enneigés des Alpes suisses, Berne, capitale fédérale depuis 1848, a élu domicile sur une presqu’île dessinée par les rives de l’Aare. Enserrée dans ce carcan d’eau en forme de u, la vieille ville a su conserver son plan d’origine, celui qu’elle a adopté dès sa fondation en 1191. Il permet à la nouvelle Berne d’être classée au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO depuis 1983 (seulement 10 sites en Suisse font partie de ce classement exigeant). Retour sur un riche passé historique dont les séquelles profitent à Berne.

Tout commence grâce au duc Berchtold V. von Zähringen, le fondateur de la future capitale. Au XIIe siècle, il ordonne au seigneur Cuno von Bubenberg la construction d’une ville sur un site encore vierge et préservé, bordé par l’Aare. Le seigneur déboise alors la forêt de chênes qui occupait le lieu et se sert du bois abattu pour construire les premières habitations de la nouvelle communauté. La ville connaît un incroyable essor et devient la plus puissante du nord des Alpes.

Sur les rives de l'Aare

Sur les rives de l'Aare

En 1405, un incendie lui impose un nouveau visage en incitant à la reconstruire en molasse. Fini les jolies maisons de bois, place à l’austérité du grès gris. Berne a su récupérer de ce coup dur et en 1848, elle est promue au rang de capitale fédérale de Suisse par le parlement national. Là voilà devenue à la fois chef-lieu du canton de Berne et siège du gouvernement helvétique. Une reconversion réussie pour cette jolie cité ancrée au cœur de la Suisse. Aujourd’hui, la ville a vaincu les assauts de l’histoire et profite de son patrimoine historique tout en sachant accueillir les nouvelles tendances de la modernité. Les éloges ont toutes les raisons de pleuvoir : plus belle ville fleurie d’Europe, siège de l’invention de la théorie de la relativitégénérale d’Einstein et du chocolat Toblerone et présence post mortem du célèbre Paul Klee. Berne est tout simplement… à voir.

Statue de fontaine

Statue de fontaine

Cette présentation historique que vous pouvez ici et maintenant lire sur un écran, vous auriez pu, et pouvez toujours aller, jusqu’en Suisse, à Berne même pour la (re)découvrir. Dans un vieux dépôt de tram, les Bernois ont en effet mis sur pied le « Show », une présentation exploitant les médias modernes pour présenter leur ville appréciable. Une maquette animée permet de visualiser et de mieux comprendre ses évolutions jusqu’à sa configuration actuelle (le Bern Show d’une durée de 20 minutes est même proposé en français. Ce qui n’était pas évident puisque Berne fait partie de la Suisse alémanique et que c’est donc l’allemand qui prédomine dans cette région).

Si après cette présentation virtuelle d’une Berne chahutée par l’histoire, vous doutez encore qu’elle ait un lourd passé, enfilez vos chaussures et partez cheminer dans la vieille ville. Là, plus de doutes possibles, les preuves s’affichent si tant est que vous acceptiez de garder les yeux ouverts et d’être de bonne foi. Au cours de votre pérégrination, vous serez plongé dans un univers médiéval encore intact et préservé.

Les 100 fontaines

Les ruelles étroites vous imposeront leur tracé sinueux et vous forceront à rencontrer les multiples fontaines qui les ornent. Au Moyen-âge, ces pièces d’eau, avant d’être belles, étaient utiles et servaient à alimenter les habitants en eau. Berne a conservé ses sources et affiche un palmarès de plus de 100 fontaines dont 11 ont conservé leur statue originale. Ainsi, ne vous étonnez pas si vous vous retrouvez nez-à-nez avec des ogres colorés ou d’autres personnages qui vous font des grimaces du haut de leurs colonnes à dorures.

La tour de l'horloge éclairée

La tour de l'horloge éclairée

Autres vestiges du Moyen-âge : les deux tours. Non, vous n’êtes pas dans le film Le seigneur des anneaux mais bien à Berne. Si vous êtes attentif, vous rencontrerez forcément la plus vieille (1191-1256), première porte ouest de la ville : la Tour de l’horloge. En 1530, elle se dote d’une montre artistique à quantième astronomique et d’un carillon et acquière ainsi une notoriété sans égale. Il faut dire que le mécanisme du XVIe siècle est admirable, avec ses personnages qui s’animent et ses figurines qui jouent pour mieux marquer les heures qui passent.

La tour des prisons

La seconde tour est moins alléchante. Il s’agit de la Tour des prisons (Käfigturm, tour des cages). Plus jeune d’un siècle (1256-1344) que celle de l’horloge, elle a été la seconde porte ouest de la ville et a assumé le rôle de prison jusqu’en 1897.

Construite en grès, on imagine bien les truands incarcérés dans cette geôle coquette de la Haute Renaissance, haranguant les passants accompagnés de leurs attelages qui franchissaient la porte. Aujourd’hui, rassurez-vous, la tour ne vous accueillera pas, même si vous êtes le pire des criminels. Une fabrique de montre s’y est jointe en 1961 et elle ne capture plus personne depuis la fin du XIXe siècle. Elle a aussi acquis une nouvelle fonction en 1999 : celle de lieu culturel, puisqu’elle accueille désormais régulièrement des expositions et des manifestations politiques.

La Halle aux grains

La Halle aux grains, au centre de la ville, perpétue elle aussi l’époque médiévale. Comme son nom l’indique, elle servait autrefois à entreposer les denrées alimentaires et à les préserver des estomacs convoiteurs. Trois étages pour le solide (les céréales) et une cave, plus fraîche, pour les fûts des vins de la dîme et des domaines. Depuis, le bâtiment du baroque tardif bernois a enchaîné les tâches : débit de boisson au XIXe siècle, salle des fêtes depuis 1893 et pour finir, depuis, 1998, nouveau lieu de culture et de rencontre (théâtre, bibliothèque, forum des médias et établissements gastronomiques dont l’auberge Kornhauskeller et son café à ne pas négliger).

La Cathédrale

La Cathédrale

Enfin, le monument médiéval par excellence trône au milieu de tous ces restes : la Cathédrale. Les parisiens ont Notre-Dame, les Bernois la collégiale St-Vincent. Impossible de passer à côté tant sa carrure est impressionnante. C’est surtout sa tour qui la distingue et la rend digne d’intérêt. Bien entendu, on ne dénigrera pas le style gothique tardif de ses trois nefs, ni son portail haut en couleurs figurant le cruel face-à-face entre les damnés et les élus lors du jugement dernier. Mais le clocher reste tout de même plus phénoménal. Et pour cause, avec ses mensurations de rêve (100,6 m de hauteur exactement, 254 marches), il est le plus haut de Suisse et offre une vue imprenable sur Berne qui a su lui prêter sa terre. En plus, elle a pour elle la « Grosse Susanna », la plus grosse cloche du pays, à ne surtout pas manquer. La gardienne peut vous y conduire. Au programme de l’escalade qu’elle organise régulièrement pour amener les visiteurs jusqu’en haut de la tour, elle prévoit en effet une interruption de la montée par un arrêt dans la salle des cloches. C’est là que vous pourrez reprendre votre souffle près de cette chère Susanna et admirer sa quantité impressionnante de fonte qui la rend si grosse et si connue. Un conseil, ne vous arrêtez pas là et persévérez dans la grimpette. En haut, vous attendra un bon verre de vin chaud que vous pourrez engloutir face à un panorama digne du paradis !

Sophie Graffin