Interview de Lilian Vezin
Lilian Vezin et Lucylle Mucy, aventuriers des temps modernes, suivent le cours du Mékong, fleuve mystique qui traverse toute l'Asie; et ce à pied et à vélo. Un magnifique portrait-témoignage de la réalité du mystérieux Mékong qui berce de ses flots cinq pays, sur plus de 5000 kms.
(Avril 2009)
Aventuriers, écrivains, réalisateurs de documentaires et fondateurs de l'association Surya, Lilian Vezin et Lucylle Mucy offrent un récit emprunt d'authenticité et d'anecdotes des plus passionnantes. Une marque de fabrique qui leur octroie un franc succès, non démenti depuis "La Marche du Prince".
Conférenciers et baroudeurs, les deux partenaires racontent, sans détour ni faux semblant, leurs périples.
Le plaisir de témoigner est aussi important que celui de voyager.
Comment avez-vous préparé votre voyage ? Pourquoi l’Asie et pourquoi suivre le cours de Mékong à travers cinq pays ?
Le plus intéressant pour un voyageur au long cours est de trouver une belle « route », à l’instar de l’alpiniste qui cherche une voie. Le Mékong est exceptionnel puisque c’est le seul fleuve d’Asie à suivre une ligne longitudinale, ce qui permet de
traverser une multitude de milieu et de rencontrer une diversité ethnique hallucinante. Nous ne préparons pas trop nos voyages, en fait, ils sont toute notre vie : nous lisons énormément et essayons de parfaire nos connaissances géopolitiques de l’Asie le plus souvent possible. Techniquement nos préparatifs sont rapides puisque nous voyageons léger (des sacs de 10 à 12 kilos).
Comment décririez-vous l’expérience que vous avez vécue ? Diverse, enrichissante, très physique et spirituelle du fait de nous retrouver seuls dans un univers hostile mais accueillant!
Qu’est ce qui a été le plus dur dans ce périple ?
Au début la communication était très compliquée en province Chinoise, source de frustration permanente. Au bout de quelques jours Lucylle a dessiné quelques croquis sur un carnet et le tour était joué. Parfois quelques gestes valent mieux que de grands discours… Nous nous sommes rapidement acclimatés à l’altitude et au froid, beaucoup moins au sable et à la chaleur des pistes Cambodgiennes, sans parler de la peur des six millions de mines dissimulées aux abords des chemins...
Quels conseils pouvez-vous donner à des voyageurs qui voudraient partir eux aussi ?
Je suis mauvais en guise de conseil, mais partez léger, allez à l’essentiel et n’espérez pas trouver des réponses aux questions qui vous tourmentent ! Laissez faire les choses et le destin
Pourquoi avoir choisi cette façon de voyager ? Est-ce pour mettre en avant un tourisme plus responsable, ou tout simplement une autre façon de voyager ?
Marcher, pédaler, nous pensons qu’il n’y a pas meilleur moyen pour mesurer le fil d’une route et la trame d’un voyage. L’effort a un coût, donc vous appréciez davantage. Vous avez le plaisir de ne devoir les kilomètres qu’à votre propre énergie. Nous avons tous les deux une âme de nomades et un besoin démesuré de mouvements. Marcher en solitude entre les montagnes pendant des heures nous canalise, nous oblige à vivre plus densément, cela permet une plus grande concentration dans notre travail d’écriture et de photographie. Au bout de 5000 kilomètres, vous êtes usés, éreintés, mais vous vous sentez intensément vivants.
Pourquoi écrire des livres sur les voyages que vous avez faits ? Est-ce pour l’envie de partager votre aventure, ou pour apporter un témoignage plus politique et réaliste ? Le Mékong par exemple, que vous appelez le « dragon nourricier », est très exposé aux changements climatiques….
Nous voyageons pour rassasier et accroître notre soif de connaissance. Nous parcourons des pays afin de partager nos aventures au retour, par le biais de nos livres, photos et conférences. Le plaisir de témoigner est aussi important que le plaisir de voyager. Il y a aussi une urgence dans le témoignage et le reportage. Le fleuve Mékong est aujourd’hui en grand danger et les soixante millions de personnes qui peuplent ses rives en sursis. Comme tous les grands fleuves Asiatique, il nait de source glaciaire et les plus sombres prévisions indiquent que les glaciers pourraient avoir disparus dans moins de tente ans ! Dans l’Himalaya, ils constituent la plus grande réserve d’eau sur terre en dehors des régions polaires. En amont, des travaux titanesques sur le cours du Mékong sont perçus comme indispensables pour permettre aux états de prendre leur essor et fournir le nécessaire à leurs populations. Ces travaux « herculéens » ont un prix écologique et humain à payer.
Pour finir, à quand le prochain voyage ?
Nous repartons dans quelques jours de Boukhara en Ouzbékistan afin de rejoindre Kathmandou au Népal… Nous avons l’idée de parcourir un chemin (toujours par notre propre énergie) à travers les plus belles montagnes d’Asie Centrale et himalayenne tout en allant à la rencontre des nomades des hauts plateaux. Nous avons décidé de prendre le temps afin de trouver des réponses à une question : Quel est notre carburant et où puise-t-on les motivations si indispensables à chaque voyageur ?
Commander son livreSynopsis :
Nous partirons de la région des sources. Nous traverserons les hauts plateaux du Tibet Oriental, capant toujours vers le Sud, nous atteindrons la vieille province du Yunnan et la zone tropicale. Au Laos, nous suivrons au plus près l'axe du fleuve indomptable, jusqu'au Cambodge. Nous bifurquerons vers le lac magique Tonlé Sap avant de rejoindre l'embouchure et le delta du Mékong. En chemin nous rencontrerons des nomades, des hommes libres et farouches, le formidable panaché ethnique qui peuple la péninsule indochinoise.
"Mékong, Fleuve d'Aventures" de Lilain Vezin, éditions Vent du Large, 2008, 215 pages.
A découvrir un extrait de son livre Mékong, Fleuve d'Aventures dans le carnet de voyage de l'auteur disponible sur le site : Mékong, fleuve d'aventures. Publié le 02/04/09