Un cabaret au goût du jour

 

Le Crazy Horse

C’est en 1951 que le club ouvre ses portes, pensé par Alain Bernardin, un homme fasciné par le beau sexe. Les débuts du cabaret voient des danseuses et des artistes comme Charles Aznavour se succéder sur scène comme dans les coulisses. Puis, dans les sixties, la nouvelle vague déferle sur le cabaret et dans ses actes. A chaque nouveau tournant, une nouvelle tendance : l’endroit affiche un Nouveau réalisme, il se met aux couleurs du Pop’art…et toutes les fois, le Crazy s’adapte pour rester à la pointe de la mode, voire la devancer. Son image de club avant–gardiste, il la doit à ses numéros conçus comme des tableaux, centrés autour de personnages et pensés à partir de décors minimalistes ou évocateurs comme toile de fond.

Plus récemment, le Crazy ouvre sa première branche internationale à Las Vegas, ville dont l’exhibitionnisme, l’excentricité et le goût pour la scène alternative lui va à ravir. Retour à Paris, la famille Bernardin décide en 2005 de vendre le cabaret dont la direction ira aux mains de l’ancienne directrice marketing du Cirque du Soleil, Andrée Deissenberg. C’est d’elle que provient l’idée de raviver la flamme de l’endroit en y faisant venir des célébrités comme Dita Von Teese, guest star de première classe.

L'intérieur du Crazy

Arielle Dombasle aussi fera une apparition dans cinq numéros conçus spécialement pour elle. Deux autres géantes du glamour se prêteront au jeu : Carmen Electra à Las Vegas et Pamela Anderson.

Et quand elles ne sont pas sur scène, les stars se pressent dans le public. Les artistes en tout genre se laissent tenter par les frasques légères des demoiselles comme le réalisateur américain Steven Spielberg, Bono de U2, les chanteuses Christina Aguilera ou Kylie Minogue. Des professionnels de la mode et des couturiers comme Sonia Rykiel, Jean-Paul Gaultier ou Christian Louboutin viennent, eux aussi, assister au défilé. Ce dernier a d’ailleurs dessiné les chaussures des tableaux ‘Teasing’, ‘Rouge de désirs’ et ‘Upside Down’.

Car si elles passent le plus clair du temps à se déshabiller, les danseuses en passent autant voire plus encore à s’habiller. Pour créer leurs costumes et accessoires, des grands noms de la couture comme Paco Rabanne ou Karl Lagerfeld s’associent aux artistes sur place. Ils travaillent aux côtés de Fifi Chachnil et Poupie Cadolle, créatrices résidentes du Crazy qui s’attachent à sublimer leurs protégées. Rien n’est trop beau pour le cabaret : 65 tenues sont portées tous les soirs, 2500 paires de bas utilisés par an. En plus de cela, la troupe a l’usage de 300 rouges à lèvre dans le ton ‘Rouge Crazy’ et de 500 litres de maquillage de corps chaque année.

Crisis, what crisis au Crazy Horse

Dans l’ère du temps avec Désirs, le Crazy ose sortir des sentiers battus aujourd'hui encore. Le choix de Toxic de Britney Spears reprise par Yael Naim comme bande son d’un de ses envoûtants tableaux est audacieux. Il fallait s’aventurer aussi à projeter sur le rideau des interludes cinématiques chargés d'érotisme où, pendant des minutes qui semblent s’étirer à l'infini, défilent en gros plan des corps nus. Une fois de plus, le cabaret démontre sa supériorité et excelle dans le choix de ses numéros composés et chorégraphiés avec finesse et subtilité. L’équilibre entre impertinence et audace, érotisme et sensualité est atteint, le pari d’un mélange sophistiqué et ultra-moderne est tenu.

  Alice Cannet
Publié le 05/01/10

Crédit photos : © Antoine Poupel / Crazy Horse