L’aventure commence en 1928, lorsqu’Edouard Chaux achète le 78 avenue des Champs-Elysées. Il transforme l’endroit en une piscine souterraine et lui donne le nom de la bande de terre qui sépare la lagune de Venise et la Mer Adriatique : le Lido. Bientôt, des gondoles voguent entre les tables, près des boudoirs privés.
Spectacle de Laurel et Hardy
On vient y boire un verre, on y admire les naïades, et on se lasse. Le lieu change de mains, la piscine est comblée, le décor est repensé et devient célèbre grâce à ces nombreuses colonnes rococo qui soutiennent les nouvelles structures.
1946 marque un tournant pour le Lido, puisqu’il passe entre les mains des frères Clerico, leur dynastie se poursuivant jusqu’à nos jours. Joseph et Louis font de l’endroit le point névralgique de la fête-paillettes parisienne. Ils inventent la formule dîner-spectacle qui fait tout de suite fureur et s’exporte partout dans le monde. Les acolytes comiques et jazzmen Laurel et Hardy viennent même se produire en 1947 avec l’orchestre du Lido pour leur seule date française ! La meneuse de revue Margaret Kelly, Miss Bluebell, enflamme la scène et ses Girls, qui ne mesurent jamais moins d’1,75m, font tourner les têtes avec leurs jeux de jambes suggestifs, leurs courbes parfaites et leurs poses tantôt coquines, tantôt lascives.
Les Girls du Lido dans les années 50
Le triomphe est tel qu’une réplique de la revue se monte à Las Vegas en 1958. Et en 1977, c’est le déménagement pour le 116 Bis Avenue des Champs-Elysées et depuis, l’adresse n’a pas changé. La direction est passée aux fils, puis à d’autres membres de la famille en partenariat avec un groupe d’investisseurs, et le tapis rouge est foulé tous les soirs par des milliers de visiteurs venus s’émerveiller devant la revue « Bonheur ».
A l’affiche depuis 2003, ce spectacle met toujours en scène les Bluebell Girls et les Lido Boy Dancers, leurs chevaliers servants. Pendant 90 minutes, la salle vibre au rythme des tableaux qui s’enchainent, habillés d’une débauche de costumes à plumes et à paillettes. Les stars ne s’y trompent pas et élisent parfois domicile entre ces murs, comme Franck Sinatra ou Elton John. Et la salle a de quoi séduire, avec ses lustres, ses velours rouges, sa scène mouvante qui se surélève pour assurer une visibilité parfaite de n’importe quel endroit. Depuis 1996, un autre public investit les lieux, plus surprenant, et beaucoup plus jeune : les enfants. Le Lido accueille régulièrement les chérubins à partir de 4 ans pour des spectacles alliant magie et paillettes dans les décors de la salle, mythique.
A travers les décennies, le Lido survole les modes sans s’y plier, réinvente et surprend sans pour autant scandaliser ou faire vaciller les traditions. Le monde onirique dirigé par les Girls dans leurs écrins de strass et de plumes continue de fasciner les quelques 500 000 visiteurs qui chaque année rêvent de rejoindre ces créatures sur les planches. Le show étourdit, et la magie continue.
Audrey Bonnet
Publié le 10/03/2010
Crédit photos : © Lido