Les Nymphéas de Monet

Les Nymphéas de Monet

La visite du Musée de l’Orangerie commence par les Nymphéas. Entre 1895 et sa mort en 1926, Claude Monet s’est consacré à un seul sujet. Il a peint pendant cette trentaine d’année le bassin aux nénuphars du Jardin d’eau, situé dans sa propriété de Giverny, en Normandie. Les Nymphéas se déclinent en 300 tableaux aux formes variées (carré, rectangulaire, circulaire), dont plus de 40 panneaux de grand format. Sur chacun, la lumière et les couleurs varient. Il a en effet peint à différents moments de la journée et durant différentes saisons.

La seconde salle des Nymphéas
La seconde salle des Nymphéas

Grande première dans le monde de l’art, Monet décide de faire don de son œuvre à la France. Il l’annonce officiellement dans une lettre à Georges Clémenceau, datée du 12 novembre 1918. Par ce geste, il fait des Nymphéas une œuvre à la paix militaire qui met fin à la Grande Guerre mais aussi à la paix intérieure de l’homme. Comme Monet souhaite exposer ses panneaux à l’Orangerie, il règle lui-même l’aménagement intérieur du bâtiment. L’architecte qui le seconde ne fait qu’appliquer ses directives.

Aujourd’hui, on y découvre huit compositions de la même hauteur (2 mètres) mais de longueur variable (de 5,99 à 17 mètres), réparties dans deux grandes salles.

Il suffit d’avancer tout droit après l’entrée pour découvrir la première salle. Celle-ci est grande, blanche et de forme ovale. Dès qu’on pénètre à l’intérieur, on est entouré de quatre immenses panneaux au caractère apaisant. Le mélange des bleus ressort sur les murs blancs. A votre gauche, vous pouvez voir Les Nuages, à droite Matin, devant vous Reflets verts et si vous vous retournez, Soleil couchant.

Asseyez-vous quelques instants pour profiter de ces chefs-d’œuvre. Il n’y a ni plans, ni perspectives, vous êtes dans le jardin.

Vous remarquerez que la lumière qui entre par le toit de verre, crée des effets sur la peinture, comme s’il s’agissait d’un véritable jardin qui se trouvait à l’extérieur. Particulièrement intéressant s’il s’agit d’un jour ensoleillé et nuageux !

Matin
Matin

Remarquez la transparence de l’eau dans le tableau Reflets Verts. Si vous vous approchez, cet effet disparaitra complètement jusqu’à laisser apparaître les coups de pinceaux épais donnés par le peintre. De près, l’ensemble ressemble à une masse tumultueuse. Il faut savoir qu’au moment où Monet peignait les Nymphéas, il souffrait d’une cataracte. Alors qu’il voyait mal, il savait quel effet son travail allait donner, ce qui le rend d’autant plus admirable. Passez par l’une des portes ovales pour aller découvrir quatre autres peintures dans la seconde salle. Ici, vous pouvez observer sur votre droite Le Matin clair aux saules, sur votre gauche Le Matin aux saules, devant vous Les Deux saules et derrière Reflets d’arbres.

L’apparence de cette salle est similaire à la précédente, mais l’ambiance y est complètement différente. Les couleurs plus sombres lui donnent un aspect quelque peu mélancolique. L’introduction des saules pleureurs créent une sorte de ponctuation. A nouveau, il n’y a ni horizon, ni perspective.

Regardez attentivement Reflets d’arbres. La nuit semble être représentée par de la peinture bleue foncée. Pourtant si vous vous approchez, vous verrez que la dernière couche de peinture appliquée est du rose clair !

Prenez place sur le banc pour profiter de la sérénité des lieux avant de faire demi-tour pour découvrir le reste du musée.

Interlude

Pour découvrir la collection de Paul Guillaume, il faut revenir vers l’entrée pour emprunter le grand escalier blanc qui descend à l’entresol.

La seconde salle des Nymphéas
Maquette du bâtiment tel qu'il était en 1970

Après quelques marches, vous vous retrouvez sur un pallier. Arrêtez-vous quelques minutes ici, non pas pour faire un tour à la librairie-boutique de souvenir (attendez la fin de la visite !) mais pour observer les maquettes du bâtiment. Les quatre miniatures illustrent les différentes configurations que le bâtiment a connues à la suite de travaux, depuis le Second Empire. Monet souhaitait y exposer ses peintures en raison du toit en verre qui laisserait passer la lumière.

Les troisième et quatrième maquettes sont particulièrement intéressantes. La troisième représente les lieux tels qu’ils étaient en 1970. A cette époque, on remarque qu’un second étage avait été construit. Les Nymphéas se sont ainsi retrouvés au premier, sans la lumière du jour qui leur parvenait par le toit. Cette erreur a été rectifiée quelques décennies plus tard. En 2006, cet étage supplémentaire n’est plus et de nouveaux puits concentrent et dirigent la lumière sur les Nymphéas.

Vanessa Carronnier

Crédits photos : © profzucker, © karigee, © Deror avi