Expositions

Voilà donc pourquoi les murs sont restés purs de toute tache colorée ; l’espace, libre de toute occupation définitive : pour accueillir une programmation réactive, sans cesse en rotation et enchaîner plus facilement les installations et les rétrospectives.

Le principe et le rythme eux restent cependant les mêmes : tous les trois mois, un thème coordonne trois expositions, tandis qu’une place est faite aux débutants grâce à l’enchaînement mensuel de trois modules (2 salles consacrées chacune à un artiste émergeant, le dernier module étant hors les murs, vidéo projetée sur l’un des murs du hall…).

Début 2010 par exemple exploitait le thème de la relation entre espace public et espace privé via la présence d’œuvres de trois artistes : Valentin Caron, suisse qui nous emmène dans une déambulation helvétique, Charlotte Posenenske, allemande aujourd’hui décédée qui s’offre ici sa première rétrospective et Raphaël Zarka, français fan de skateboard et archéologue des formes.

Le tout s’appelait alors « Pergola », en référence à cet élément architectural qui n’est ni vraiment à l’intérieur, ni vraiment à l’extérieur. « Dynasty » s’apprête à prendre la suite dès le vendredi 11 juin et jusqu’au dimanche 5 septembre 2010 avec une entorse au principe des trois artistes puisqu’il s’agira alors de 40 jeunes créateurs des années 70 et 80 qui présenteront chacun deux œuvres, une au Palais de Tokyo et l’autre lui faisant écho, juste en face, au Musée d’Art Moderne (aile Est du bâtiment). À vous de faire les va-et-vient…
 

Pergola - Charlotte Posenenske
2e exposition de Pergola : Charlotte Posenenske

Vous l’aurez donc compris, le Palais de Tokyo est à la pointe de l’art contemporain et enchaîne les initiatives et les innovations. Et le public suit !

Parmi les points novateurs, le Palais de Tokyo a su adopter un nouveau modèle économique qui allie public et privé. Le centre en effet ne repose pas uniquement sur les subventions de l’Etat (1/3 seulement de ses ressources) mais compte également sur ses propres initiatives et sur des partenariats pour se pourvoir (mécénats, billetterie, location de la mezzanine pour des événements…, 2/3 des fonds financiers).

Plus autonome, le palais se veut aussi plus accessible et propose pour cela des horaires dignes, eux, du Japon : de midi à minuit et cela tous les jours hormis le lundi.

Enfin, le centre d’art cherche à développer une relation plus intime avec son public. Trois médiatrices tournent en permanence dans les salles des expositions pour s’immiscer parmi les visiteurs et répondre à toutes leurs questions et leurs interpellations. Car en matière d’art contemporain, elles sont nombreuses… Cette présence discrète et souple permet à chacun d’y trouver son compte.

Les solitaires qui aiment s’évader seul en méditant sur les œuvres qu’ils ont devant eux laisseront les curieux et les bavards s’entretenir avec les médiateurs pour en savoir plus et déchiffrer les pièces d’art exposées.
 

Pergola - Raphaël Zarka
3e exposition de Pergola : Raphaël Zarka

Le public apprécie particulièrement ces multiples entreprises à son égard et les caractères intrépide et dynamique du Palais de Tokyo. Les multiples accrochages attirent de nombreux visiteurs et la rotation des expositions permet aux grands assidus de revenir sans cesse.

Du coup, plus de 200 000 personnes franchissent chaque année le seuil du palais, qui reste l’un des centres d’art le plus visité d’Europe. Les étrangers sont particulièrement adeptes et confèrent à l’institution une notoriété internationale. Ils apprécient particulièrement la mise en vitrine de l’art contemporain français que le palais de Tokyo leur offre.

Français, à vous de gonfler les troupes de touristes étrangers et de vous rendre sans plus attendre à l’exposition « Dynasty » ou à une autre, si elle n’est plus là pour vous accueillir !

Depuis son inauguration en 2002, le Palais de Tokyo enchaîne les expositions au sein de son espace dépouillé et modelable pour témoigner de l’état de l’art contemporain. Le lieu est interdisciplinaire et s’ouvrent à toutes les formes d’art (peinture sculpture, mode, design, vidéo, cinéma, littérature, danse) pour offrir au public l’image la plus fidèle de la création actuelle. Les artistes ne rechignent pas : avec le palais de Tokyo, sa programmation mouvante et ses modules destinés aux espoirs de l’art contemporain, une porte leur est ouverte vers la reconnaissance et la notoriété.

 

 

Sophie Graffin

Crédit photo : © Palais de Tokyo, André Morin