Palais de Tokyo

À la pointe de l’art contemporain

Le Palais de Tokyo a de sérieux concurrents à ses côtés : Musée de la marine, Cité de l’architecture et du Patrimoine, Musée de la mode et Musée d’art moderne. Mais le site de création contemporaine sait rebondir et tirer son épingle du jeu : la double programmation et ses horaires d’ouverture élargis attirent le public en masse.

Informations Générales

Qu’est-ce que la Palais de Tokyo ?

Vue à partir du Palais de Tokyo
Vue sur la Tour Eiffel

Ça sent le sushi, les geishas et les arts martiaux à plein nez… Pourtant rien de tels dans ce lieu parisien dédié à l’art contemporain. Seuls quelques plats du restaurant « Tokyo Eat » peuvent instiller un peu de tendance asiatique dans le site décharné. En fait, le nom de Tokyo attribué au Palais ne vient que de son emplacement, qui, il y a quelques années, connaissait l’avenue de Tokyo.

Dès 1918, la rue longeant la Seine et étant située en contrebas du Palais change son nom : le quai Debilly devient l’avenue de Tokyo. En 1945, l’aversion pour les meurtriers kamikazes de la guerre (les japonais) induisit encore une nouvelle nomination et l’actuelle avenue de New York trouve son appellation encore de vigueur.

Depuis, le Japon est redevenu à la mode puisqu’en 1997, la place en contre-haut du musée acquière le titre de place de Tokyo. Il vous faudra donc traverser cette esplanade bétonnée avant de vous engouffrer dans l’édifice quelque peu austère et froid de l’institution artistique.

Le bâtiment, assis sur la pente de la colline qui monte jusqu’au Trocadéro, a deux ailes dont le centre de symétrie est un parterre de colonnes destiné à soutenir une ébauche de toit horizontal. C’est dans l’aile ouest de l’édifice que loge le palais de Tokyo.

À l’intérieur des murs sculptés et en dessous d’un plafond vitré, l’espace surprend et le dépouillement aussi. Parfait toutefois pour la vocation du lieu : accueillir les créations les plus récentes et afficher les tendances actuelles. Lorsque l’on entre dans cette antre de l’art contemporain, on déboule donc dans une grande salle presque vide, si l’on occulte la présence de quelques installations qui sont en fait des œuvres d’art et d’un guichet, perdu dans un coin et prenant l’allure d’une baraque à frites.

Les œuvres en questions ? Une chaussure en bronze (sa réplique en fait, l’originale ayant été détruite) perchée sur un piédestal blanchâtre et rappelant l’acte de bravoure du journaliste irakien Muntazer Al-Zaïdi, qui jeta un soulier de la marque Baydan Shoes à la tête du président Bush, en visite pour une conférence de presse le 14 décembre 2008. L’œuvre est de Laith Al-Amiri et plonge tout de suite le visiteur dans l’ambiance.
 

Chaussure de Laith Al-Amiri
La chaussure en bronze de Laith Al-Amiri

Pneumatique de Serge Spitzer
Le pneumatique de Serge Spitzer

La plongée se poursuit par la confrontation à une œuvre tout aussi frappante : un gigantesque pneumatique qui sert d’auréole et qui plane au dessus de la cafétéria accessible un peu plus bas par une courte volée d’escaliers. L’enchevêtrement de tubes en plastique est agité en permanence par le mouvement des deux capsules vides qui s’y abritent. L’artiste cette fois s’appelle Serge Spitzer (son installation est présentée jusqu’au 5 décembre 2010 dans le hall), est américain et est connu pour ses sculptures qui modélisent les mécanismes de la communication, de la perception et de la conscience.

L’entassement de tuyaux inutiles, si ce n’est esthétiquement, est relié à la cave en friche qui a si souvent fait l’objet de convoitises et de polémiques, mais qui est finalement resté vide depuis 15 ans pour assumer seule les fondements de l’édifice. Plus pour très longtemps puisque ces 9 000 m² du rez-de-chaussée vont être aménagés dès juin pour accueillir encore plus d’art contemporain, toujours en termes d’expositions temporaires. Car petit détail à ne pas négliger, le Palais de Tokyo ne donne que dans le temporaire.

Ce n’est pas un musée à proprement parler qui se repose sur la notoriété d’une collection permanente mais un centre aventureux et courageux qui enchaîne au fil des années les programmations pour promouvoir et exposer l’art de notre temps.

 

Sophie Graffin

Crédit photo : © Graffin