Vitraux de la Sainte-Chapelle

Sainte-Chapelle

Une fois dans la salle, on ne peut qu’être époustouflé par ces murs de lumière, cette baie de vitraux qui s’étend sur toute la longueur de la pièce et s’élève du sol au plafond pour ne laisser à la pierre qu’un rôle de figuration. En effet, la surface vitrée de la chapelle haute atteinte les 670m², rose non comprise. Et ce sont quinze immenses verrières colorées qui la composent. Parés de bleu, de rouge, d'or et de vert, les vitraux reflètent les rayons du soleil et laissent entrer une lumière fantastique. A l'intérieur de cette serre, la lumière jaillit, s'éclate sur le sol et rebondit sur les murs peints comme sur un miroir emplissant l'espace de soleil.Mais outre le sublime effet du soleil à travers les carreaux, le symbolisme religieux est poussé à l'extrême et transmet aux visiteurs la vision de ce roi de la Bible et de sa propre contribution à l'histoire de la foi. La lecture des vitraux s’effectue de bas en haut et de gauche à droite et se divise en deux cycles : le premier est historique et relate les épisodes de la Genèse à l’Apocalypse, le deuxième est prophétique et se consacre à Saint Jean le Baptiste, Saint Jean l'Évangéliste et aux livres des prophètes. Le roi Saint-Louis lui-même y apparaît et la construction de la Sainte-Chapelle est largement évoquée. C'est donc un véritable document d'histoire qu'offrent ces vitraux et le témoignage d'une époque mal connue et lointaine.
La vraie surprise est que presque tous ces éblouissants panneaux de verre datent du XIIIème siècle et ne subirent que quelques restaurations depuis leur installation. Évidemment, leur existence ne fut pas de tout repos et les vitraux sont aujourd'hui de véritables miraculés ! L'église toute entière n'est pas passée loin de la destruction totale. En effet, les crues du XVIIème siècle et la Révolution furent des périodes des plus cruelles pour l’église mais elle tint bon malgré tout. C'est encore plus récemment que le monument faillit finir en poussière pendant les deux Guerres Mondiales du XXème siècle qui donnèrent bien du fil à retordre à la mairie de Paris.

Imaginez la capitale française sous les bombes. Un vrai cauchemar pour les fragiles verrières. Entièrement démontés et conservés dans de grandes boîtes en bois, les vitraux durent être transportés jusque dans les sous-sols du Panthéon où ils furent stockés en attendant la fin de la guerre. Mais l'époque encore plus dévastatrice pour ces formidables vitraux fut entre 1803 et 1837 lorsque la chapelle haute fut utilisée en tant que dépôt d’archives. A ce moment là, 2 mètres de vitraux furent retirés sur toute la longueur du monument afin d’installer des étagères le long des parois. Un massacre qui ne profita qu'aux quelques heureux acquéreurs qui récupérèrent leur propre parcelle des fameux vitraux de la Sainte-Chapelle.

Quoi qu'il en soit, la conservation de la Sainte-Chapelle, monument rarissime qui a traversé les époques jusqu'à nos jours, est tout-à-fait exceptionnelle. La beauté et le détail de ses vitraux sont riches d'enseignements sur le XIIème siècle et sur l'histoire de Saint-Louis, ce roi sans qui une telle œuvre n'aurait sans doute jamais vu le jour. Et il faut s'estimer extrêmement chanceux de pouvoir admirer une telle merveille dans un tel état de conservation quasiment huit cent ans après sa construction.   Alice Cannet
Publié le 07/04/2010

Crédit photos : © David Bordes (c) Centre des monuments nationaux, Paris