Sacré-Coeur

Une colline divine

Juchée sur sa butte, la basilique du Sacré-Cœur veille sur Paris depuis plus d’un siècle. De ses 129 mètres, elle est la fierté de la capitale qu’elle toise de son air imposant. Sous son voile blanc, elle pointe le bout de son dôme en forme de meringue tenant fermement sa place de point culminant de la capitale. Symbole romantique, religieux et architectural, sa visite est inéluctable.

Informations Générales

Une montmartroise butée

Une vue d'ensemble du Sacré-Coeur

Parmi tous les moyens d’accéder au sommet prisé de la butte Montmartre, les plus sportifs s’attaqueront aux escaliers pentus du square Louise Michel et les plus pressés emprunteront le funiculaire qui les jettera devant les portes sacrées. L’ascension jusqu’au sommet peut aussi se faire par la rue Lepic dont le marché fut rendu célèbre par « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ». La rue commandée par Bonaparte afin de s’éviter les incommodités de l’escalade a depuis côtoyé les plus grands : Vincent Van Gogh vécut au n°54 chez son frère Théo de 1886 à 1888. Qu’importe le chemin, c’est l’arrivée qui compte et même éreintés, la récompense est trop grande pour prendre le risque de passer à côté de ce joyau de la capitale.

L’un des monuments les plus visités de Paris et d'Europe, le Sacré-Cœur ravit par son imposante beauté, tantôt louée, tantôt critiquée, souvent incomprise. Le monument dont la première pierre fut posée en 1875 est sublimé par son quartier, Montmartre, dont on ne décrit plus le charme. Sa construction confiée à l’architecte Paul Abadie s’acheva finalement en 1913. Pas moins de 78 candidats se présentèrent pour tenter de remporter le droit de dessiner la belle qui allait devenir l’un des symboles parisiens reconnus de par le monde. Elle sera aussi la source d’inspiration de l’architecture de bien des édifices à venir.

Logée à 129m d’altitude, la basilique est le point culminant de Paris. Arrivé en haut, la capitale s’offre à vous dans des vues panoramiques superbes. La bâtisse en elle-même est de style Romano-byzantin, deux canons d’architecture qui lui donne un style éclectique. En forme de croix grecque, la basilique se compose de 4 petites coupoles dont l’aspect de meringue lui donne un air discret de mosquée des milles et une nuit. La structure est surplombée par un dôme central haut de 80m.

Depuis la Rue Norvins

Mais ce qui frappe le plus de l’extérieur c’est la robe éclatante de pierres blanches qui donne son caractère au Sacré-Cœur. La pierre utilisée à sa construction fut extraite d’une carrière de château Landon datant du XIIe. Son choix n’est pas fait au hasard puisque elle a la particularité de blanchir en période d'intempéries préservant ainsi l’éclat distinct du monument. Le secret de cette pierre est le calcin, substance qu’elle sécrète au contact de l’eau. Vous pourrez remarquer d’ailleurs que les parties de la basilique à l’abri de la pluie sont aussi les moins claires.

Puis c’est le moment de pénétrer dans la pénombre de la basilique par une des deux entrées de part et d’autre de la porte principale. On parvient à l’intérieur dans une vaste salle décorée d’un style romano-byzantin et d’où partent vers le chœur deux allées sur les côtés. Levez les yeux au ciel, et vous voilà éclairé de la lumière qui s’échappe de sa coupole haute de 55m. Le plafond de l’abside est le décor de la plus grande mosaïque du monde qui mesure 475 m² et représente le Christ. Plus loin, le chœur est entouré d’un déambulatoire qui donne sur 7 chapelles. L’endroit est calme et apaisant et tous sont invités à profiter d’un moment de sérénité.

Le voeu national

L’histoire du Sacré-Cœur débute en 1871, lorsque deux bourgeois parisiens, le notable Alexandre Legentil et l’avocat Hubert Rohaut de Fleury, prononcent le vœu de la réalisation d’un monument religieux. Son but : expier les pêchés des montmartrois-communards qui s’étaient particulièrement insurgés contre les versaillais.

Le Sacré-Coeur

C’est à la fin de l’année 1872 que le Cardinal Guibert, archevêque de Paris, accorde ce vœu et obtient de l'Assemblée Nationale une loi qui déclare d'utilité publique la construction de la basilique.

Le choix de la butte est évident, elle est un lieu de culte vieux comme l’homme ou presque. En témoignent les temples gallo-romains qui furent élevés à l’honneur de Mercure et de Mars qui donnerait aussi son nom à la butte : Mons Martis. Ce n’est pas une surprise non plus qu’une des plus vieilles églises de Paris, l’église de Saint Pierre soit d’ailleurs située sur la butte Montmartre. Et pour cause le Martyre de Saint Denis y fut de passage au IIIe siècle et l’ordre des jésuites y fut fondé par Saint Ignace de Loyola. La butte de Montmartre semble donc l’emplacement idéal pour accueillir ce monument de par sa hauteur et sa prédestination pour le culte de Dieu déjà constatée.

Pour entamer la construction de l’imposant édifice, et compte tenu de la fragilité du sol composé de gypse, 83 puits comblés de béton durent être creusés pour y installer de solides bases qui la soutiennent encore aujourd’hui. Au fronton de la basilique se trouve la statue de Jésus reposant dans une niche que côtoient en contrebas les statues équestres de Jeanne d’Arc et Saint Louis du sculpteur Hippolyte-Jules Lefèbvre. Dans le campanile, la tour située à l’arrière du bâtiment et qui sert de clocher, se trouve la « Savoyarde » qui est nulle autre que la principale et plus grosse cloche de France. Fondue en Savoie fin XIXe, cette masse de ferraille pèse 18 tonnes et mesure 3 mètres de diamètre.

La basilique vue du parvis

La cloche n’est pas la seule à faire chanter la basilique, son grand orgue signé Aristide Cavaillé-Coll fut installé trois ans après que son donateur, un amoureux de Wagner, le baron Albert de l’Espée ne meurt. La visite historique de la basilique passe forcément par celle de sa crypte à gauche en dehors du Sacré-Cœur. A l’intérieur de celle-ci, vous longerez un large promenoir qui donne sur 14 chapelles et s’ouvre sur le Trésor et la chapelle de la Piéta où reposent les Cardinaux Guibert et Richard. Du même point de départ, des escaliers montent vers la galerie du dôme. Quelques 237 marches vous mèneront en haut d’où vous pourrez profiter d’un panorama de Paris qui s’étend jusqu’à 50 Km à la ronde.

 

Alice Cannet
Publié le 17/11/09

Crédit photos : © S.I Montmartre