Parc de Santa Claus

Samedi 5 juin

Aire d’Ekkeroy vers Vardo.

vardoVardo et son église à l’architecture pointue font face à la redoutable mer de Barentz. Même décor avec ses séchoirs sur pilotis, même petites maisons colorées. La ville fut courageusement rebâtie, après avoir été rasée par les nazis en 1944, et vit actuellement du conditionnement du poisson surgelé. Dans les rues il n’y a âme qui vive, où sont donc les habitants de ce pays immense ?

Garés dans la ville, on est apostrophés en français, par une compatriote de Lens, émigrée ici depuis 40 ans et toujours là. Quel étonnement. ! Nous prenons le café ensemble et papotons à qui mieux mieux. Naturalisée, divorcée de son mari français mère de trois enfants, elle nous dit être très heureuse de son sort et de la vie dorée que lui fait la Norvège. Aucune nostalgie de son pays ne l’habite, mais elle revient en France tous les 3 ans. Elle nous dépeint la nourriture sans goût et la retraite seulement à 67 ans…et l’horreur d’un climat si rigoureux…

Madame de Lens qui voulait nous promener dans votre ville, et dans votre maison, comme je regrette de n’avoir pas accepté, j’aurais bien dû vous préparer un superbe cassoulet au confit d’oie…mais obnubilée par nos soucis téléphoniques, nous en sommes restés là. Je n’ai même pas pris votre adresse, je ne me reconnais pas….

Tiens ! sur la façade de l’hôtel de ville, une superbe date est apposée 1789. Ce serait l’année où Vardo a pu obtenir son statut de «  ville «  délivré suivant le nombre d’habitants. Du coup elle a fêté son bicentenaire en même temps que nous celui de la liberté.

Un superbe kiosque à musique tout décoré de fleurs peintes et de dentelle de bois,  trône au milieu d’un parc sans arbres ni fleurs, plus haut il y a une station de radar. Il fait un froid terrible, car le gulf stream n’arrive plus à adoucir les rigueurs du climat comme il le fait sur les autres côtes norvégiennes. Du coup le sol ne dégèle jamais… Brrr !…

Que faire quand on est au bout du parcours sinon rentrer…C’est ce que l’on va faire, descendre vers le sud , repasser le pont de Tana qui distribue le réseau routier dans toutes les directions. Nous aimons bien ce pont, reconstruit lui aussi après la guerre, parce qu’il avait été bombardé par les alliés.  Ce qu’il reste du vieux pont ? Deux ou trois kilos de ferraille rouillée suspendue, en exposition, comme une œuvre d’art sur un pylône au milieu d’un jardin public.
Pour le décor il y a aussi trois ou quatre tipis factices et de vraies barques à rames  empruntées par les petits pêcheurs. Nous avons préparé et mangé  notre dîner sur ce site, puis sommes descendus à l’intérieur des terres, sur la route qui mène à Karajok. C’est toujours la E 6, qui longe la frontière de Finlande puis celle de la Suède, les glaces sont encore présentes, ainsi que les plaques de neige, mais les forêts deviennent plus importantes. La toundra cède sa place à la taïga. Ici la rencontre avec l’élan est fréquente, il passe tranquille et furtif, seul ou en couple, cherchant sa nourriture parmi les branches. Sa silhouette est massive et impressionnante, il est la seule population des régions du Finmark avec quelques troupeaux de rennes sauvages.

Depuis que la route est entrée dans les terres  et que les fjords ne sont plus là pour embellir le paysage, la monotonie s’est peu  à peu installée. Alors nous tentons de téléphoner à Françoise, mais notre portable semble bien être en panne ? Jeannot plonge dans ces problèmes que l’on voudrait bien maîtriser.

Depuis le Pont de Tana nous avons parcouru plusieurs centaines de kilomètres dans des terres sans aucune population, lorsque Karajok apparaît. C’est ici, l’ancienne capitale de la Laponie, mais dans les rues, il n’y a personne. Il pleut, il neige, les rues sont boueuses et le ciel gris. Comme il est suggéré dans notre guide, nous demandons une carte de téléphone au bazar Narmessen, mais il n’y a pas une seule cabine téléphonique, pas plus qu’au camping que nous avons trouvé ouvert, je ne sais par quel miracle.

Donc, nous rejoignons l’hôtel Arctic où peut-être sera la solution, c’est alors, la rencontre avec deux camping-cars de Français, qui nous prêtent leur portable, nous permettant de tranquilliser notre fille. Il semble qu’à la date du 12 tout sera rétabli. Il faut donc passer 6 jours…patientons !…

Très bon sommeil au camping de Karajok.

Dimanche 6 Juin

karajok

Il est impossible d’oublier cette date tragique, du jour le plus long et du débarquement de Normandie. Où que nous soyons, toutes nos pensées vont vers eux tous.
Nous partons voir le parlement Samé, curieux édifice de bois de bouleau évoquant un lavo lapon, vu en coupe. Sans peinture, le bois a pris une teinte argentée. Etonnant !…
J’ai fait une photo de l’arrière d’un bus de tourisme décoré de peintures du pays. Traîneaux et huskys, lacs et bouleaux, montagnes et neige. Le chauffeur a  beaucoup apprécié, je l’ai félicité en langue « charabia «, mais il a très bien compris et m’a répondu a l’aide du même dialecte.

 

coucou Sur cette route, qui va rejoindre Kautokeino, il n’y a rien   qu’une toundra où souffle un vent glacé. Il peut faire en hiver jusqu’à –50° et la neige atteint  une épaisseur infranchissable. D’où, les motoneiges, les raquettes et les skis. C’est dans cette région que l’on a retrouvé la maison de Nils Henrik, devant laquelle stationne son hydravion. Nous avons refait avec notre Detleff la même photo dans la perspective des ailes, que celle faite en 95 avec le Toyota et en 96 avec l’Iveco.

Il faudrait arriver à Kotokeino un jour de marché, quand tous les lapons sont derrière leurs éventaires vêtus de leurs costumes traditionnels. Aujourd’hui il n’y a rien, l’église lapone est fermée et la Silver Gallery, dont on parle partout, est une affaire publicitaire qui a l’air de bien marcher. D’ailleurs on y succombe nous aussi. Située sur la plus haute colline où souffle un blizzard glacé on jouit d’un panorama unique sur la ville. La collection de très beaux bijoux exposés n’a de lapon que le nom, mais ils sont uniques. On trouve aussi une collection de portes de huttes joliment sculptées.

A quelques kilomètres se trouve la frontière de la Finlande, que l’on passe pour aller sur Enontekio, Muonio et Rovaniémi. Les noms des villes sont de plus en plus difficiles à prononcer, la langue est rocailleuse, on ne peut plus rien lire sur les panneaux et comme toutes les consonnes se prononcent on n’y arrive pas du tout. La télé que l’on branche au cas ou une image pourrait nous informer, révèle une diction où les syllabes se télescopent où le roulement des R donne un accent très rustique et un rien grotesque. En revanche la compréhension des prévisions météo ne nous pose pas de problèmes, grâce aux dessins de nuages, pluie ou neige ou bien soleil sur les villes. Les bandes sonores que Jeannot glisse dans le lecteur de cassettes pallie heureusement au manque de divertissement….

 

Lundi 7 juin

Nous avons trouvé une jolie aire, près de Muonio, sur la route de Pello et Rovaniémi.

aireIl y a un beau soleil ce matin, mais un froid sibérien persiste. Que d’arbres dans cette région ! Sapins et bouleaux emmêlés, montent à l’assaut du ciel et font sur la route de magnifiques cathédrales de verdure. Je n’en avais jamais vu d’aussi hauts.
      Repas de midi sur un terre-plein, dans une station de ski. L’endroit est complètement désert, juste à côté d’une petite rivière sympathique et de deux plaques de neige. La grêle a tambouriné sur le toit du véhicule au cours du repas. Malgré une petite altitude  de 195 mètres d’après le GPS le temps reste hivernal.

A Rovaniémi, nous pouvons enfin utiliser l’euro, qui se repose depuis notre départ. Mais alors les difficultés surgissent pour l’utilisation de la pompe à carburant. Voulant écouler quelques euros, la caissière a dû venir nous montrer le système, auquel elle a failli sécher elle aussi. Ayant glissé 50 euros dans une fente et n’ayant que 32 euros de carburant, on a dû se faire rembourser la différence. Congratulations avec une belle gitane toute vêtue de noir et de dentelles blanches.

Arrivée au Parc Santa Claus où tout est fermé pour cause de travaux. On est dirigés par des flèches vers le village que nous connaissons. On téléphone à Fanou grâce au téléphone du père Noël. On fait un peu de shopping dans des boutiques désertes, puis on va dormir sur le parking avec quelques autres camping cars, le soleil est toujours là.