Le TRC et le trekking indépendant... Comme plusieurs, je déplore que le TRC empêche désormais le trekking indépendant au Népal. Le lobby des propriétaires d'agences de trekking a eu gain de cause auprès du gouvernement qui avait d'autres chats à fouetter ces derniers mois.
Toutefois, je déplore la croisade visant à encourager le contournement de la nouvelle réglementation à laquelle on assiste présentement sur le Web. Je réfère notamment ici au contournement des checkpoints, à l'embauche de Népalais pour le seul passage des checkpoint, à la pratique de se fondre dans un groupe momentanément pour le passage des checkpoints, aux « backshishs » pour obtenir un TRC sans se conformer à la loi, etc. Le Népal est bien connu pour sa corruption qui lui a été néfaste. Pourquoi faudrait-il en rajouter parce que l'on n'est pas d'accord avec les nouvelles dispositions relatives au TRC ? Les Népalais viennent de mener une lutte exemplaire pour reconquérir la démocratie qu'un monarque despote avait mis en veilleuse. Plusieurs y ont laissé leur vie. Les forces vives de la société népalaise cherchent à faire émerger un nouveau Népal débarassé de ses vieux démons. La tâche n'est pas une mince affaire. Pourquoi nous, Occidentaux gâtés, irions-nous cabaler pour contourner les règles émises par des institutions démocratiques dans un pays étranger au motif de notre mécontentement au regard des effets de nouvelles dispositions légales venant changer nos habitudes ?
Je conviens que les agences de trekking sortent gagnantes dans ce jeu de pouvoir. Notons malgré tout que l'embauche d'un guide ou porteur, même si l'agence prend une part importante du coût chargé au trekkeur, procure de l'emploi à des personnes qui en ont bien besoin dans l'un des pays les plus pauvres de la planète. Certes, la loi de l'offre et de la demande et de la libre concurence concernant l'industrie du portage valait mieux que la situation de quasi-monopole actuelle de la TAAN. Mais ne revient-il pas aux Népalaisl de régler entre eux ces questions d'inégalités. Il demeure possible, pour nous comme pour eux, de militer pour la défense des porteurs. Un Américain dans la jeune vingtaine a fondé une association népalaise pour la défense des porteurs et l'association a fait évoluer les choses. Certes, il reste beaucoup à faire mais c'est un début.
À tort sans doute, c'est du moins mon avis, le Népal a adopté une réglementation brimant le marché libre du portage pour le bénéfice d'un groupe de pression en désavantageant ainsi les «porteurs indépendants» et de nombreux touristes préférant le trekking individuel. Chez nous, le phénomène des groupes de pression qui obtiennent des avantages par le lobbying est fréquent et bien connu. Il existe des moyens pour manifester notre mécontentement et faire pression pour faire changer les choses. Pourquoi n'adopterions-nous pas la même attitude en ce qui concerne le Népal ?
Plutôt que de contourner les règles, qui auront au final peu d'effet et ferons de nous des voyageurs irrespectueux ou des participants à l'engrenage de la corruption systématisée, ne serait-il pas préférable que les adeptes du trekking indépendant, et les autres, manifestent leur opposition au nouveau système par des moyens « légaux » : lettre de mécontentement aux consulats népalais, pétition et à la limite, boycott. Le jour où les propriétaires d'auberges et de lodges sur les circuits de trekking verraient leur chiffre d'affaire baisser significativement, peut-être voudraient-ils faire contrepoids au lobby de la TAAN ! Le visiteur, dans quelque pays que ce soit, ne doit-il pas être respectueux des us, coutumes et lois du pays visité ? C'est me semble-t-il un devoir civique envers nos hôtes !
Pour ceux qui en font une question de principe, pourquoi ne pas aller faire du trekking ailleurs... à leur rythme, en toute liberté et en toute légalité ? Il est tout à fait légitime de préférer cette forme de trekking qui en vaut d'autres. Il existe de nombreux endroits magnifiques pour trekker en toute liberté en Himalaya. Dommage pour le Népal qui compte sur l'activité touristique pour se développer mais ce sera le prix à payer pour avoir fait un mauvais calcul et privilégié un groupe d'intérêt si tel s'avère être le cas à moyen terme. Le cas échéant, il appartiendra aux Népalais de décider de la suite des choses.
Pétition (en anglais) Aziman