Les Africains sont parfaitement capables de monter des projets et de les conduire.
Je vous prie de croire qu'il en est de même pour le président, togolais, de la JKSDS. La seule limite que je poserai à la réussite de ses projets ne concerne pas leur contenu même mais la stratégie de communication employée.
Alors peut-être n'êtes vous pas très enthousiaste sur le changement que j'espère impulser (avec la bénédiction du président), mais au moins vous êtes d'accord sur le constat d'échec.
Maintenant, un autre point qui semble vous chagriner est l'énergie que les associations humanitaires gaspillent pour attirer des volontaires aux compétences douteuses quand elles feraient mieux de se consacrer à leurs projets et de n'y engager que des volontaires locaux.
Une association qui s'occupe d'aide au développement n'est pas faite pour attirer des volontaires (en général incompétents). Son but est de mettre en place des projets qui bénéficieront à la population concernée, projets qui devront être gérés par les intéressés eux-mêmes.
Mais une fois le projet monté théoriquement, il faut passer à sa réalisation soit la mobilisation des facteurs de production:
capital notamment financier: l'association cherche des fonds (une mineure partie vous est visible: contribution demandée aux volontaires... une majeure partie vous est invisible: collecte de fonds auprès des organismes que peut toucher directement l'association. Pour les plus gros projets, l'association peut demander aux volontaires de s'engager également dans cette voie et de devenir coauteur du projet
(exemple))
Mais également
travail: et là l'association fait appel aux volontaires (locaux d'une part, ce qui vous est invisible, les Togolais n'ayant pas l'usage des mêmes moyens de communication que nous, et étranger d'autre part, essentiellement via l'internet.)
En outre vous semblez dire qu'au mieux, ce qu'il faut fournir est une aide matérielle
Les Africains ont hélas une chose qui leur fait cruellement défaut: l'argent. L'appui essentiel dont ils ont besoin est financier
Personnellement, voilà ce que je considère en ce qui concerne la JKSDS:
Cette association humanitaire ne bénéficie pas des structures suffisantes pour fonctionner avec des humanitaires de haut-vol pouvant s'engager sur des années et offrir de sérieuses compétences, nécessitant cependant sans doute quelque rétribution. Ce que je veux dire par là c'est qu'un humanitaire de haut-vol ne pourrait pas y exprimer pleinement son talent. En même temps ces derniers sont rares et peuvent servir efficacement auprès d'organismes à portée plus large et dotés de moyens plus conséquents: ONU, MSF...
Vous semblez considérer qu'en dehors de ce genre d'action, il n'existe que des initiatives d'incultes incompétents qui répètent à leur manière les erreurs coloniales et qui se substituent à des actions que des locaux auraient pu mener. Partant, il vaudrait mieux que les incompétents se contentent de dons matériels plutôt que de gaspiller des sommes folles dans un billet d'avion pour ensuite avoir un impact forcément désastreux dans le pays compte tenu de leur manque de capacité d'adaptation.
Franchement, je dois avouer que je partage avec vous certaines de ces réserves. D'ailleurs quand j'étais parti en humanitaire, si certains considèrent qu'il s'agit d'une formule "50% d'enrichissement personnel, 50% d'apport au pays", mon scepticisme me présentait le tableau sous la forme "100% d'enrichissement personnel, 0% d'altruisme".
Maintenant que je suis parti, je vois les choses un peu différemment:
L'erreur coloniale: la conscience des volontaires est seule concernée, mais les plus "messianiques" ne sont pas dans les plus petites organisations.
mauvaise gestion des ressources mobilisées (prix du billet d'avion= scolarité de 4 Africains pour un an): j'acquiesce, mais cessons de voir les choses telles qu'elles devraient être: si les "touristes humanitaires" sont prêts à dépenser de telles sommes, c'est dans leur dimension "touriste" plus qu'"humanitaire".
substitution aux volontaires locaux: je ne sais pas comment cela se passe ailleurs, mais à la JKSDS les volontaires sont sous la tutelle de volontaires locaux au moins dans un premier temps. En outre les locaux ont souvent d'autres chats à fouetter que ceux de leurs voisins et les volontaires y sont en nombre absolu bien moins nombreux. De toute façon je ne vois pas la pertinence de la confrontation locaux/étrangers: les uns ne bouffent pas les autres. Tous sont les bienvenus. Le problème est le manque de volontaire tout court. Etranger ou non, telle n'est pas la question. Enfin si cette aide humanitaire sapait par une concurrence déloyale une forme d'industrie locale, je partagerais la remarque, mais c'est en l'occurence loin d'être le cas, ne serait-ce que parce que le pouvoir d'achat des populations aidées est nul (donc le marché n'existe pas: pas de "demande" au sens financier.)
impact forcément désastreux: notre seul réel contentieux je crois: selon moi il existe un bon usage possible des "touristes humanitaires". Leur cahier des charges (pays exotique, toucher de près aux réalités locales, temps réduit, budget minimal) est loin d'être absolument incompatible avec un projet sensé.