Plateau des mille étangs

Cadeau de la nature

Picasso aurait pu passer par là mais dame nature s’en est chargé. Vu de haut, l’ensemble tient de la toile cubiste. Des formes plus ou moins géométriques asphyxient, en les encerclant, des plages de couleurs. Bleu pour les étangs, vert pour les forêts. Cette merveilleuse peinture naturelle a un nom : le plateau des mille étangs.

Information générale

Amoureux de nature, de randonnées et de vélo, direction les Vosges et le département de la Haute-Saône, pour un étourdissement unique au cœur du plateau des mille étangs. Dans cette zone qui s’étire de Lure jusqu’à Faucogney, les rencontres risquent d’être riches et chargées en émotion.

Rencontres avec la faune et la flore tout d’abord, qui ont trouvés dans ce lieu un paradis où le bien-être est à portée d’ailes ou de nageoires. Mais, rencontres également avec des villageois, respectueux de leurs traditions et cantonnés dans leurs villages typiques, préservés des serres de l’urbanisation.

Présentation générale : Un paysage haut en couleurs

Le plateau des mille étangs est un vaste espace marécageux de landes, de genêts et de fougères qui s’étend sur 220 km2. Une grande superficie qui permet à un paysage aux accents écossais, où les couleurs se disputent la lumière, de se déployer et de ravir les marcheurs et autres baroudeurs. C’est une joie de se perdre dans ce réseau de petits lacs qui, peu profonds, jonchent le sol telles des flaques éparses après une journée de pluie.

Ici, ce n’est pas la pluie qui a œuvré mais les glaciers. Cet environnement exultant a été façonné il y 12 000 ans par des blocs de glaces qui ont creusé des cuvettes et qui, une fois retirés, ont laissé le champ libre à l’eau liquide. Depuis, la faune et la flore ne se sont pas privés d’envahir ces charmantes niches.

plateau mille étangspaysage
étangMille étangs

4 photos pour un univers aux allures écossaises
Si la nature a eu un grand rôle dans le façonnement de ce paysage, l’homme en a également délimité les contours. À partir du XIe siècle, les moines de l’abbaye de Luxeuil-les-Bains trouvent une solution pour nourrir les paysans du diocèse : il faut compter sur le poisson et défricher les terrains pour y creuser des étangs, véritables viviers. Il n’y aura plus qu’à sortir la canne à pêche et à faire chauffer la marmite. Longtemps, les autochtones ont donc exploité les étangs créés pour subsister et répondre à leurs besoins. Aujourd’hui, on est loin de ce souci nourricier et les plans d’eau se sont transformés en bases de loisirs particulières, qui conviennent parfaitement à une petite partie de pêche ou à une petite balade paisible. L’exploitation n’est donc plus à l’ordre du jour. Le plateau s’est désertifié depuis quelques décennies et on ne s’étonnera donc pas de croiser plus de touristes et de chercheurs d’aventure que de paysans de pure souche. De ces derniers, il en reste quand même un petit nombre et c’est l’un des deux intérêts de ce plateau (le premier étant bien entendu la richesse naturelle du site). En enchaînant les petits villages égarés aux milieux des forêts et des plaines, on rencontre de temps en temps des passionnés, qui ne sont pas parvenus à quitter ce pays de montagne parfois hostile. Ils restent cantonnés dans leurs villages et fiers de leurs mille étangs, qu’ils continuent à entretenir. Il faut en effet s’en occuper régulièrement pour éviter que cela ne devienne une jungle, mais également tous les deux ans, vidanger les parcelles pour revivifier le tout. Grâce à ce souci constant pour la préservation du patrimoine naturel, vous pouvez donc arpenter sans crainte ces mille petits lacs.

Sophie Graffin
Publié le 24/05/11

Crédit photos : © Denis Jaillard