Voyageur ornithologue

Interview de Fred Leviez

Passionné d'ornithologie, Fred Leviez profite de ses voyages dans les quatres coins du monde pour observer les oiseaux dans leur milieu naturel.

(Avril 2009)

Entretien avec Fred LeviezL'ornithologie, soit l'étude et l'observation des oiseaux, est définie comme une activité de l'écotourisme. Soucieux du respect de la nature, Fred Leviez, muni de son appareil photo et parfois d'un guide ornithologique, s'intéresse aux oiseaux depuis plus de 25 ans.

Je ne pense pas que l'ornithologie devienne un jour une activité touristique de masse.

Vous avez voyagé partout dans le monde et observé à chaque fois de nombreuses espèces d’oiseaux. Comment expliquez-vous votre passion pour les voyages ornithologiques ? Je m’intéresse aux oiseaux depuis plus de 25 ans. J’ai commencé, comme beaucoup, par les observer dans le jardin familial, puis en vacances. Notamment, je me souviens de mes premières visites au parc ornithologique du Marquenterre en Baie de Somme. C’est là que j’ai ressenti mes premières vraies « émotions ornithologiques ». Je continue d’ailleurs à y aller régulièrement.
Puis, cela devient comme une drogue, on essaie de voir toujours plus d’espèces. Au bout d’un moment, je suis arrivé à avoir observé une grande partie des oiseaux de France. C’est ensuite que j’ai commencé à voyager, cela ouvre évidemment de nouveaux horizons (on peut voir un peu plus de 400 espèces en Frances sur les 10.000 connues dans le Monde). Désormais, lorsque je pars en voyage, je prends toujours mes jumelles et le guide d’identification des oiseaux de la région visitée. C’est bien souvent le complément à un circuit touristique classique, mais, j’ai aussi participé à des voyages naturalistes (Galapagos, Inde, Botswana, Kenya), voire uniquement ornithologiques (Spitzberg, Ethiopie).
Je choisis mes voyages en fonction de l’intérêt que je porte à la destination (paysages, sites, rencontres). L’ornithologie est un gros « plus » pour moi et je choisis des circuits me permettant de visiter des sites naturels intéressants pour les oiseaux.

Selon vous, quelle partie du monde est-elle le paradis pour les ornithologues ? C’est sans aucun doute l’Amérique du Sud. C’est là que se trouvent les pays où l’on peut observer le plus grand nombre d’espèces (Equateur, Pérou, Colombie, Brésil). La variété des milieux et leur relativement bonne conservation, de la forêt Amazonienne à la Terre de Feu, en passant par les Andes explique cela. Je compte d’ailleurs retourner dans certains pays pour y faire un voyage 100 % ornitho (le Pérou par exemple).
L’Afrique est aussi très intéressante, malheureusement, beaucoup de pays sont inaccessibles pour des raisons de sécurité.
En Asie, j’ai été déçu (au point de vue ornitho) par les voyages que j’ai pu y faire. La dégradation des milieux (déforestation notamment) y est beaucoup plus importante qu’ailleurs, probablement en raison de la démographie galopante. De plus, les oiseaux sont plus farouches que sur les autres continents.

Quel moment de la journée est-il plus propice à l'observation des oiseaux dans leur milieu naturel ? Dans les pays chauds, il faut observer les oiseaux au lever et au coucher du soleil, lorsque les températures sont plus fraîches. Ils sont alors plus actifs et ne se cachent pas dans la végétation pour échapper à la chaleur.

Il est difficile de photographier des oiseaux. Avez-vous des techniques de prises de vue à conseiller aux internautes ? Cela fait assez peu de temps (4 ans environ) que je me suis réellement mis à la photographie des oiseaux. J’utilise désormais un reflex numérique et un téléobjectif fixe de 300 mm, auquel j’ajoute souvent un convertisseur 1,4 X. Ce qui permet d’obtenir une focale de presque 700 mm en équivalent 24*36 argentique. L’objectif est équipé d’un stabilisateur, ce qui permet de faire les photos sans pied, indispensable pour des sujets toujours en mouvement. Il faut de l’entraînement, pour réussir à « attraper » rapidement l’oiseau dans un tel objectif, surtout s’il est en vol.
Il faut beaucoup de temps et de chance pour faire de bonnes photos d’oiseaux. Même si, dans certains pays, en Afrique ou Amérique du Sud notamment, il est plus facile d’approcher les oiseaux qu’en France. Il faut en général faire beaucoup de clichés pour obtenir une image correcte, le numérique aide beaucoup pour cela. Donc, prévoir des batteries et des cartes mémoire de rechange.
Néanmoins, je manque en général de temps pour faire des clichés excellents. Il faudrait faire des affuts pour certaines espèces, connaître leurs habitudes et savoir se poster au bon endroit au bon moment. Mais là, c’est un travail de pro.
J’essaie aussi au maximum de respecter les oiseaux, d’éviter de les faire décoller en les approchant de trop près par exemple. Je me refuse à faire des photos d’oisillons au nid, ce qui risque de provoquer l’abandon de la couvée par les parents.

De nombreux circuits ornithologiques d’une journée ou plus sont proposés. A votre avis, pour faire un voyage ornithologique, être accompagné d’un guide est-il absolument nécessaire ou un simple guide papier suffit ? Dans tous les cas, un guide local compétent est très utile, surtout si on débute en ornithologie. Il connaît les bons coins et sait reconnaître une espèce au premier coup d’œil, sans avoir à rechercher dans un guide papier, car l’oiseau n’attendra en général pas que l’on ait trouvé la bonne page du bouquin pour continuer à se montrer.
Néanmoins, j’ai fait de nombreux voyages sans guide ornitho local, uniquement avec un guide papier, et c’est aussi comme cela que l’on apprend et que l’on acquiert de l’expérience. Dans tous les cas, je prépare mon voyage en lisant le guide d’identification du pays et en compilant les observations glanées sur le web. Au retour du voyage, je fais également appel à des spécialistes pour identifier des espèces que j’ai pu photographier.

L’ornithologie est définie comme étant une activité écotouristique mais selon vous serait-il possible que la recrudescence de ce type de voyage entraîne à long terme des bouleversements du mode de vie des oiseaux ? Je ne pense pas que l’ornithologie devienne un jour une activité touristique de masse. Les circuits purement ornitho sont prévus pour de très petits groupes (10 personnes est un gros maximum), ils sont donc beaucoup plus chers qu’un circuit classique. Les participants sont en général respectueux des oiseaux et des milieux, même si certains sont encore prêts à faire échouer une nidification pour un cliché !!
Au contraire, je pense que le développement de ce type de voyages est profitable pour les oiseaux et leur conservation. Ainsi, les habitants des pays concernés se rendent compte que les oiseaux peuvent leur apporter une source de revenus et se sentent plus concernés par leur protection.

Enfin, vous avez visité de nombreux pays. Y en a-t-il un qui vous a marqué plus particulièrement ? C’est une question qu’on me pose souvent et à laquelle il est très difficile de répondre. Mais, les voyages qui m’ont le plus marqués sont le Pérou en Amérique du Sud, pour la variété des paysages et la richesse de son histoire. J’y retournerai probablement pour ses oiseaux dont je n’ai eu qu’un aperçu. Et le Botswana en Afrique pour la richesse de sa faune aussi bien à poil qu’à plume.

 

Publié le 23/04/09
   
Pour en savoir plus sur Fred Leviez, consultez son site Internet : www.chezfred.info

Découvrez aussi ses carnets de voyages :

Des Iles Eoliennes à l'Etna (14/05/09)
Archipel indonésien (28/04/09)
Randonnée aux Iles Canaries (21/04/09)
Trésors Incas au Pérou (20/04/09)
Voyage en Guyane (28/08/08)
Voyage au Mexique (08/08/08)
Ornithologie sur l'île de Spitzberg (16/06/2008)
Voyage en Crète (25/04/2008)
Voyage aux îles Galapagos A découvrir également : Forum Partager ses voyages