Profusion d'idées

Le Lapin Agile

Au tournant du XIXe, la butte accueillit tour-à-tour des grands noms de la peinture, de la chanson, du théâtre et sa nature féconde servit de cocon à tous les créatifs. Artistes, écrivains, compositeurs et poètes s’essayèrent à la vie Montmartroise et le plus souvent y s’y plurent au point d’y rester comme sous le charme. C’était un équilibre fragile entre le quartier et ses artistes qui y puisaient leur inspiration et lui donnaient en retour son élixir de vie. On venait s’y débaucher, s’amuser, parler politique ou art dans les cabarets comme le Lapin Agile.D’abord connu sous le nom de  "à ma campagne" puis "au rendez-vous des assassins", l’établissement face aux vignes appartenait à l’écrivain Aristide Bruant. Il prend son envol quand Bruant le lègue à Frédéric Gérard, joueur de violoncelle aux allures douteuses et dont l’excentricité en fit un personnage quasi-mystique de l’époque. Au coin de la Rue des Saules, vous voilà devant l’autre maison rose : le cabaret du père Frédé tapissé de lierre fut le sujet de bien des toiles. Vous pourrez voir l’enseigne dessinée par A. Gilles qui est toujours en place et qui, par jeu de mots, donna à l’endroit son drôle de nom. Pour ne citer qu’eux, Picasso, Modigliani, Apollinaire et Braque fréquentèrent l’établissement fin XIXe, plus tard, nuls autres que Brassens et Nougaro y vinrent chercher l’inspiration.

Cartes Postales

Et quand ils n’étaient pas là, les noctambules de Montmartre étaient au Moulin Rougequ’on ne vous présente plus. Dans le souvenir de La Goulue, la fête continue dans ce moulin qui n’a jamais rien moulu d’autre que de l’argent, dicton montmartrois moquant les circonstances aménagées dans lesquelles le cabaret naquit. Renoir immortalisa le lieu avec son « Bal au Moulin Rouge » (1890) et « La Goulue arrivant au moulin rouge ». Il peint aussi « Au Moulin de la Galette » en 1889 : un rescapé de la trentaine de moulins qui habitèrent autrefois la butte et où le patron offrait à chacun une galette une fois les danses consommées.  L’endroit abrite des deux derniers moulins de Montmartre « le Radet et le Blute fin » et la « Mire du Nord ».

Véritable bouillonnement d’art et de culture, les ruelles de Montmartre virent la peintre Suzanne Valadon poser pour Toulouse-Lautrec et Renoir, et naître son fils le peintre Utrillo ; Le cabaret du Chat Noir, aux affiches par Steinlein, ouvrir et fermer ses portes sur le boulevard Rochechouart ; Le caricaturiste Caran d’Ache (Emmanuel Poiré) y inventer le théâtre d'ombre. A visiter aussi pour ses expositions de qualité, le musée de Montmartre évoqué plus haut est un manoir du XVIIe ou vécurent Renoir, Raoul Dufy, Valadon et Utrillo. L’espace Dali regroupe des œuvres du peintre surréaliste italien. Et le Studio 28, cinéma d'art et d'essai dont les décors furent dessinés par J. Cocteau, immortalisé dans « Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain ».

Frissonnez devant le Cabaret du Néant avec ses tables-cercueils, ses verres-crânes, et son chandelier-squelette pendant du plafond ; La maison rose

Plongez vous dans le passé au restaurant la Maison rose, rue de l'abreuvoir et au Château des brouillards qui fut successivement un bal, une laiterie et une demeure bourgeoise évoquée par Gérard de Nerval et Roland Dorgelès. Découvrez la Maison blanche ou « Folie Sandrin » ou vécurent Gérard de Nerval et Guy de Maupassant. Partez sur les traces de Dalida dans la rue d’Orchampt, Van Gogh dans la rue Lepic, Vian et Céline qui tous sévirent à Montmartre. A la recherche d’inspiration et de bohème, ils ont laissé leurs empreintes sur la butte donnant du fil à retordre aux chroniqueurs et passionnés d’art. A vous de vous laissez embringuer dans les légendes de ce quartier populaire et bobo, parigot et campagnard, d’apprécier les recoins chargés d’histoire et enfin de dévaler les escaliers rêveurs pour revenir à l’instant présent.

Crédit photos: © S.I Montmartre