Montmartre, vieille canaille

Vieille canaille

Sous ses airs de village de campagne, Montmartre saurait faire rougir les autre quartiers de Paname tant par son passé impétueux que par sa beauté assurée. Chantée, filmée, dessinée, peinte et photographiée à mille reprises, la butte Montmartre est gravée dans la mémoire des Parisiens. Impossible de penser à elle sans évoquer le Sacré-Cœur qui, du haut de sa butte, confesse les folies passagères commises dans les bars et cabarets du coin, décors des joies crues de générations passées.

Informations Générales

La belle et la butte

Le Moulin Rouge

De la place de Clichy à Pigalle, les secrets mal gardés du Paris-canaille se déversent partout dans les rues et sur les places de Montmartre. Point de départ de nombreuses balades, la Place Blanche abrite le Moulin Rouge, cabaret devenu symbole où les truands des environs allèrent se rincer l’œil dès 1889. La rue Caulaincourt au nord est, le boulevard Rochechouart au sud et la rue de Clignancourt à l’ouest délimitent les contours de la butte. D’en bas vous pourrez gravir les marches qui grimpent jusqu’au sommet ou emprunter des ruelles verticales qui s’accrochent tant bien que mal aux pavés. Sur une placette aux dalles polies, voilà que surgissent un minuscule théâtre ou un bar d’où s’échappe une rumeur enjouée, le tout éclairé du faisceau jaunâtre d’un lampadaire courbé.Une fois en haut, vous ne tournerez pas longtemps avant de vous retrouver Place du Tertre autour de laquelle se déroule le quartier. Cette petite place pavée est connue pour son « carré aux artistes » qui n’hésitent pas à se payer la tête des touristes avec leur portraits-minute allant de la caricature à l’huile sur toile. Partout, la « tournée du chat noir » ou « Aristide Bruant dans son cabaret » font la une des affiches et cartes postales. Vous aussi, rapportez un portrait kitsch, souvenir saugrenu de cette place inondée de monde le plus clair du temps. Autour de la place, vous verrez les restaurateurs « dîner-spectacle »  qui volent la vedette aux traditionnels bistrots. Les humbles cafés bohèmes se raréfient tandis que les commerces se plantent de part et d’autre de la rue Lepic. Mais ces distractions légères n’enlèvent rien au charme désarmant du quartier qui continue d’attirer les romantiques de Paris et d’ailleurs. Allez comme eux vous recueillir devant le mur des Je t’aime dans le square Jehan Rictus. Etabli chez les amoureux, Montmartre attire aussi des artistes à leurs heures perdues, des fêtards et une jeunesse décidément bourgeois-bohème.

Les vignes de Montmartre

En bon Français, le Montmartrois apprécie son vin rouge et la boisson est d’autant plus goûtue qu’elle est produite localement dans les vignes de Montmartre. Faites un saut rue des Saules pour trouver ce petit bout de terre qui est le prétexte chaque année d’une fête bien arrosée. Jusqu’à la fin du XIXe, le terrain abritait surtout des vignes de cépage le Gouais, un vin blanc qui appartenait alors à l'abbaye devenue l’église St Pierre. Aujourd’hui, le clos de Montmartre abrite quelques 1679 pieds de vignes de Pinot et Gamay sur une surface de 1500m², de quoi étancher votre soif. Mais attention, il n’y en aura pas pour tout le monde : les chanceux qui dégoteront une bouteille vendue sur place pendant la fête des vendanges auront le plaisir d’y goûter. En plus d’eux, les heureux gagnants de la vente aux enchères ont pu déguster en 2009 un verre des 800 litres de vin rouge de cette cuvée pas comme les autres.

Eglise St Pierre

Si le quartier fait aujourd’hui la bringue, Montmartre n’a pas toujours été de tout repos. La Place du Tertre, par exemple a connu bien des histoires, d’abord en 1790 quand elle fut le siège de la première mairie de la Commune au lendemain de la Révolution Française. A l’époque, Montmartre était encore un village de campagne puisque le quartier n’intégra la ville de Paris qu’en 1860. Au devant de la scène de la Commune en 1871, le quartier abrita les canons qui tentèrent de repousser Adolphe Thiers et les Versaillais. La foule s’insurgea alors, donnant corps et âmes à la bataille qui tua des dizaines de milliers de parisiens à la fin de la semaine sanglante. Afin de se repentir, on eut l’idée de faire construire une église qui pardonnerait tous les pêchés des communards. Juchée sur les hauteurs, on édifia la belle de la butte : la basilique du Sacré-Cœur qui tient le point culminant de la capitale.

Et le Sacré-Cœur n’était pas le seul endroit où l’on pouvait se faire pardonner ses extravagances, ses folies nocturnes et son goût trop prononcé des bonnes choses. D’ailleurs la butte accueille toujours aujourd’hui l’Eglise Saint Jean des Abbesses et l’Eglise St Pierre, une des plus anciennes églises de Paris (1147) qui donne directement sur la Place du Tertre. Et puis comme tout village, la butte a son cimetière : le Cimetière St Vincent où reposent Utrillo et Aymé. A ne pas confondre avec le Cimetière du Calvaire, le plus petit de tous les cimetières parisiens et le Cimetière de Montmartre. Là bas, vous pourrez saluer de grands noms à la croisée des chemins. Parmi eux, Berger, Truffaut, Berlioz, Alexandre Dumas fils et Degas.

Crédit photos: © S.I Montmartre