Parc floral

Le parc floral n’est pas que floral. C’est avant tout un parc qui, en tant que tel, apporte détente et décontraction à celui qui s’y aventure. Pour les enfants, c’est l’idéal. Parents, jugez par vous-même : une piscine à boules, des bateaux mouches, un circuit des tacots, un mini golf, sans oublier les « parisiennnes » (quadricycles) ou le petit train pour une exploration du jardin en famille et sans trop d’efforts. Des aires de jeux sont aussi édifiées pour les ardeurs des plus énergiques avec balançoires, tunnels et cachettes en tout genre. N’espérez-pas néanmoins vous débarrasser de votre petite terreur aussi facilement, il reviendra !
 

Pour les plus grands, tout a aussi été prévu. Du côté des zones de jeux, on peut dénombrer des tables de ping-pong accessibles gratuitement, des structures à grimper hautes de 10 mètres… Les spectacles ont eux aussi leurs versants « adulte » avec le Paris Jazz festival et le festival Classique au vert qui, durant tout l’été, entoureront les fleurs de sonorités mélodieuses.     

Le parc floral s’adonne aussi à l’événementiel. Les pavillons 24 à 27 et le hall de la pinède, discrètement logés au sud du parc, vers la Cartoucherie, sont souvent envahis par des salons et des congrès (salon du timbre en juin, Animal’Expo Paradisio et grand salon du mariage de Paris en octobre, salon Marjolaine bio et développement durable en novembre, congrès des anatomistes vétérinaires européens fin juillet…). Une raison de plus pour venir dans cet antre de verdure.

Un jardin botanique (s’instruire)

On l’aura donc compris, le parc floral, en tant que partie du bois de Vincennes, est avant tout une parenthèse végétale destinée à la promenade et à la détente. Mais ses vastes prétentions ne s’arrêtent pas là. Depuis 1998, il fait partie des quatre jardins botaniques de la ville de Paris (les trois autres étant le parc de Bagatelle du bois de Boulogne, le jardin des serres d’Auteuil et l’arboretum de l’école du Breuil).

Qu’est-ce qu’un jardin botanique ? C’est un espace qui se donne pour mission de conserver et de présenter l’ensemble des plantes cultivées. Cela non seulement pour préserver la biodiversité mais également dans un but pédagogique, pour enseigner aux ignorants que nous sommes, les secrets du monde végétal.

1. Une réserve naturelle et un gardien de la biodiversité.

Le jardin botanique, contrairement à un simple jardin horticole, est ambitieux. Il veut promouvoir la biodiversité et rassemble pour cela le plus d’espèces possibles afin de les répertorier et de les étudier. Les racines doivent alors cohabiter avec les pics des étiquettes mentionnant le nom des plantes. Les essences locales doivent s’accommoder de voisines indigènes ou exotiques. Le jardin n’est plus qu’un simple agrément destiné à réjouir le nez et la vue, mais assume un rôle de collection. Il doit rassembler les plantes, les présenter et les conserver, même si cela peut s’avérer délicat d’acclimater certaines espèces tropicales ou désertiques. Tulipes, dahlias, rhododendrons, pivoines, œillets, asters, combien pourriez-vous en citer ? Pas beaucoup, alors il est grand temps pour vous de profiter de ce que vous offre le jardin botanique que constitue le Parc floral. Dépêchez-vous d’aller lire les étiquettes où figurent noms et genres des délicates réserves de chlorophylle !

2. Le savoir à portée de main

La deuxième ambition d’un jardin botanique est de sensibiliser le profane aux plantes et à leur entretien. Cultiver les plantes ne suffit pas, il faut aussi cultiver les visiteurs ! Le parc floral se donne pour cela les grands moyens : biblio-ludothèque (pourvue de 6 000 ouvrages consultables sur l’écologie, les richesses de la nature, ainsi qu’une centaine de jeux pour les enfants dès quatre ans), maison du parc et du bois pour tout connaître de l’histoire et de la biodiversité des deux bois parisiens, collections précieuses et rares, d’intérêt national voire international (le parc floral s’enorgueillit par exemple d’un jardin des bonsaï, d’une réserve de camélias et de fougères) pour apprécier la spécificité de chaque végétal. Des ateliers et des cours de botanique (par série de 10, répartis entre le bois de Vincennes et le parc floral) complètent tout cet arsenal afin de vous transformer en véritable « super-savant ».

Les moins fervents et les plus dissidents pourront se contenter d'assister à quelques unes des multiples manifestations proposées gratuitement aux individuels par la ville de Paris (voir le programme téléchargeable sur la page du site de la ville de Paris, rubrique « Kiosque ») ou s'entourer d'un petit groupe pour bénéficier des lumières d'un guide expert en la matière végétale en réservant une visite guidée. Pas de doutes, après une telle incursion dans la sphère des végétaux, vous verrez tout en vert et serez sûrement converti à l'écologie. Votre balcon promet d'être bien fleuri désormais ! Et la voiture délaissée au profit du vélo !

3. Le militantisme écologique
Le jardin botanique est donc forcément écologique. Comment vouloir soigner et dorloter les plantes autrement ? En vous aventurant au parc floral, vous serez alors soumis à une dissuasion pour vous convertir en défenseur de la nature. Ici, tout est respectueux de l'environnement et on vous encourage à délaisser vos mauvaises habitudes ou vos pensées hérétiques. Vous trouvez comme tout le monde que les mauvaises herbes sont néfastes, qu'elles envahissent les belles plantes pour étendre leurs horribles feuilles crénelées ? Et bien le parc floral refuse de voir les pissenlits, les liserons et les chiendents comme des colonisateurs outrecuidants. Pourquoi ne pas profiter de ces espèces, certes envahissantes, mais qui en contrepartie sont très faciles à cultiver ? Voilà l'acte de naissance d'un parterre réservé exclusivement aux ex « mauvaises herbes ». Ici, toute herbe est bonne. Vous ne pourrez donc d'aucune manière ramener des pissenlits pour une petite salade à dîner. Précieux, ils resteront à côté de leurs congénères !
 

Rééduqués, vous serez également coutumiers des cultures vertes et respectueuses de l'environnement. Le parc floral vous présentera en effet des moyens de faire pousser son petit jardin en collaborant avec la nature, sans la contraindre. Il faut savoir que le parc a fait certifier son système de management ISO 14 001. Le terme peut paraître un peu barbare mais il indique simplement que les organismes qui suivent les normes dites, cherchent à réduire les effets dommageables de leurs activités sur l'environnement et entendent améliorer leurs performances. En bref, ils défendent la nature en la conservant et en la stabilisant.

Le paillage, issu du déchiquetage du bois mort, est adopté et préféré à l'usage intensif de désherbants. L’'engrais est remisé au fond des cagibis et la culture des plantes cherche à être totalement autonome. Le parc en effet dispose à l'extérieur de son enceinte, mais pas très loin, de 3 hectares de serres et de 30 hectares de pépinières pour s'approvisionner (et approvisionner également les multiples mains qui se servent sans aucun complexes directement dans les massifs floraux ! Les frais de remplacement sont très importants). Trois millions de plantes sortent chaque année de ce site de production. On cherche ainsi à acheter le moins possible et à prévoir les besoins en fonction des exigences naturelles. Un arbuste met 3 à 4 ans pour être prêt à intégrer un jardin. Pour les arbres, il faut 6 ans. Le jardinier doit donc faire des maths et de la compta, en plus de mettre la main à la terre ; cela afin d'avoir à sa disposition les plantes nécessaires à ses ambitions.
 

Autre exemple de dispositif écologique : la « spirale nature ».
L'aspect ? Un amas de terre mélangé à des copeaux de bois et de pailles et étouffé dans une enceinte circulaire en pierre.
Le but ? Se dispenser d’agir mais avoir tout de même un espace fleuri et surtout éviter d'arroser ! Et ça marche. Entre deux pierres, une linaire cymbalaire (ne m’en demandez pas plus !) est parvenue à se glisser. Au sommet du dispositif, l’euphorbe petit cyprès, accueille un visiteur intrusif : une petite abeille aux ailes vrombissantes et qui aidera à la perpétuation de sa famille. Enfin, les hélianthèmes et les millepertuis finissent de densifier l'ensemble avec leurs petites fleurs à croquer (des yeux).

Pour finir, sachez que ces quelques exemples manifestant le souci écolo du parc (certification ISO 14 001, culture autonome, spirale à insectes) sont des initiatives que vous pourrez voir mais qu'il en existe d'autres qu'il vous est défendu d'observer. Il s'agit notamment du parc écologique qui n'est pas ouvert au public. Cet espace a été inauguré après la tempête de 1999 pour servir de réserve et pour observer comment se comporte la biodiversité sans que l'homme y mette son nez. Laisser la nature livrée à elle-même et voir ce que cela donne, voilà le pieu dessein du parc écologique. Donc, amis visiteurs, dehors ! Restez dans les zones qui vous sont gracieusement ouvertes.

Le parc floral, l’un des poumons de la capitale, est un hommage à la nature. Garant de la biodiversité, il vous accueillera avec plaisir pour que vous paressiez sous les feuilles de ses nombreuses plantes. Si vous n’êtes pas fatigué, profitez du jardin pour vous instruire sur l’univers végétal et pour vous accoutumer à une conduite écolo. Mais peut-être préféreriez-vous batailler pour vous asseoir sur l’une des 1 500 places du « delta » et ensuite vous laisser bercer par les rythmes cajoleurs du Paris Jazz festival ? Possible également…
 

Crédits photos : © S. Graffin