Entre croyances et légendes
L'Argentine étant un pays profondément catholique, vous ne serez pas surpris d'apercevoir des autels aux abords des routes. Pourtant en y regardant de plus près il y a quelque chose de presque païen dans certains d'entre eux. Deux d'entre eux sont particulièrement frappants. Le premier par ses couleurs : d'innombrables rubans rouges l'entourent, le deuxième par son côté "poubelle" : des dizaines, voire des centaines, de bouteilles d'eau. On est très loin de nos calvaires habituels…
Le premier est dédié au "Gauchito Gil", sorte de Robin des Bois du nord argentin, un gaucho qui volait aux riches pour donner aux pauvres. Rattrapé par la justice, au moment de son exécution il accomplit son premier miracle en sauvant de la mort le fils de son bourreau moyennant la promesse d'une sépulture. Depuis on vient le voir pour solliciter sa bienveillance et demander des miracles.
Le deuxième est lui consacré à la "Difunta Correa". Diolinda Correa avait dû s'enfuir avec son bébé de quelques mois à travers le désert pour échapper aux assassins de son mari. A bout de forces, elle se laissa tomber au haut d'une colline demandant à Dieu de sauver son bébé en lui donnant suffisamment de lait pour le maintenir en vie. Des gauchos la retrouveront morte, le bébé bien en vie et tétant encore à son sein. Depuis elle est devenue la protectrice des futures mères et des voyageurs qui lui laissent de l'eau ou des pièces détachées de voiture. Et d'un seul coup, ce qu'on avait pris pour un immonde tas de détritus prend une toute autre dimension.
Le maté, une institution
Très vite vous serez initié à la "cérémonie" du maté. Plus qu'une simple boisson chaude, le maté est une véritable institution.
Tradition empruntée aux indiens, le maté est une sorte de tisane. Dans un maté (le récipient, courge évidée et séchée) on verse la yerba (l'herbe à maté, cultivée dans le nord est du pays) puis de l'eau chaude et l'on aspire à l'aide de la bombilla (paille métallique – ou en argent – dont le bout aplati forme un filtre). Le "cebador" prépare le maté puis le fait tourner : chaque personne boit l'intégralité du liquide, rend le maté au cebador qui remet de l'eau chaude et le passe à une autre personne. Dans les quelques règles d'usage à connaître : on ne coupe pas le tour de quelqu'un, on ne souffle pas dans la bombilla et on ne dit merci que lorsqu'on ne veut plus de maté.
Le maté a de nombreuses vertus dont celles de maintenir éveillé, couper la faim, combattre les toxines... Mais le maté est avant tout un moment de partage (le même maté pour tous), d'amitié (le plaisir d'être ensemble), d'écoute (celui qui boit écoute celui qui parle et vice-versa), de respect (chacun son tour), l'occasion, au moins une fois par jour, de dire merci. En bref, une vraie leçon de vie.
La selle gaucho est aussi un lit
La selle du gaucho (apero) répond à un double impératif : selle et lit. Le gaucho partait souvent pendant de longues périodes ; afin de limiter le paquetage quoi de plus simple que de porter son lit sur son
cheval ?
La conception dès lors est fort simple : un premier tapis (sudadera) pour assécher la transpiration, une ou plusieurs couvertures (ou un tapis en feutre) pour protéger le dos du cheval, un grand cuir (corona) puis une armature en cuir avec des boudins de part et d’autre (bastos) d’où pendent les étriers, une première sangle retient cet ensemble. Ensuite un amoncellement de peaux recouvertes d’une dernière peau en cuir fin (pour les plus précieuses du cuir de carpincho, un très gros rongeur local) est retenu par une deuxième sangle et complète une selle moelleuse et confortable. Tout ceci est permet ensuite de composer un lit confortable : l’herbe de la pampa et les couvertures forment un matelas, le premier cuir les recouvre pour préserver le corps de l’humidité du sol. Les peaux sont utilisées comme couvertures, le poncho permettra de se couvrir la tête afin de n’être pas incommodé par la rosée du matin. Le vent dans les herbes chantera une berceuse et les étoiles veilleront sur le sommeil du gaucho fatigué.
La Pampa
Voyage effectué avec l'Agence du Voyage à Cheval. Contact : Rémy Pagnard au 03 81 62 02 96 ou sur internet : www.agenceduvoyageacheval.com