Mines et route vers le Sud

Visite de mines

La première mine dans laquelle nous descendons, la seule qui se visite à ma connaissance témoigne de la difficulté de la tache des premiers pionniers et de leurs successeurs car elle n'a fermée qu'en 1990, plus assez rentable. Nous progressons pliés, dans d'étroits boyaux, autrefois chargés de la poussière des roches que l'on piquait pour avancer, de la fumée des lampes à pétroles et plus tard du bruit infernal des marteaux piqueurs. Notre guide y a passé trente ans de sa vie, bien payé car le travail était dur, douze heures par jour sans pouvoir remonter à la surface. Dix pour cent de ses poumons sont détruits et il ne lui manque que quelques doigts. Il est heureux. D'autres ont eu moins de chance.

godetpneu de dumper

La seconde mine toujours en exploitation, la plus grande du pays, que nous ne pouvons que contempler de haut témoigne des progrès technologiques considérables entre les deux époques. Là, fini les boyaux étroits, les lampes à pétrole et autres. Les grands moyens sont utilisés. Nous nous trouvons face à un gouffre gigantesque de trois kilomètres de long et de plus de cinq cents mètres de profondeur. Des pistes ont été tracées sur les flancs du gouffre et d'immenses dumpers chargés chacun de 250 tonnes de matériaux par des pelleteuses monstrueuses de 680 tonnes se suivent et se croisent dans leur ballet pour regagner la surface où ils vident leur chargement dans d'immenses trémies. Chaque heure qui passe, 1600 mètres cubes de matériaux sont extraits pour un rapport de 75 000 dollars. Fini le pic, le marteau et la batée !

big pit

Direction le Sud

grande ligne droitePour rejoindre l'Australie du Sud, nous devons faire demi-tour sur plus de deux cents kilomètres et rejoindre une nouvelle fois la localité de Norseman toujours aussi animée. De là, nous mettons cap à l'Est vers Adélaïde. Le long ruban bitumeux et droit traverse une immense région désertée par l'homme. Le paysage de landes, de causses ou de garrigue défile lentement dans ses immenses lignes droites. Entre Balladonia et Calgura, nous parcourons la plus grande ligne droite du pays : 146,5 kilomètres.

De temps en temps, du haut d'une colline nous pouvons apercevoir l'océan cuivré des jeunes pousses d'eucalyptus qui nous entoure. Nos seuls compagnons de route sont les road trains que nous croisons, fonçant à plus de cent kilomètres à l'heure vers leur destination et qui nous chahutent au passage dans leurs turbulences, quelques caravanes de vacanciers, les kangourous, certains biens vivants et beaucoup aplatis et quelques émeus. Sur les mille kilomètres du parcours nous ne croisons que quatre ou cinq localités. Localité et un grand mot en fait il s'agit de « road house », l'équivalent de nos relais routiers. On peut compléter son réservoir, manger, dormir et ...reprendre la route. Circuler il n'y a rien à voir ! Impossible de faire le plein d'eau. Nous sommes en période de sécheresse et l'eau se fait rare. A la porte de chaque officine le même panneau : « Ne nous demandez pas d'eau, nous en avons à peine pour nous ». Nous faisons avec nos réserves et économisons pendant trois jours.

Un seul changement sur le parcours, donc il mérite d'être signalé : La passe de Madura, le troisième relais. Une curiosité géologique. Il y a plusieurs millénaires, la partie la plus au sud du pays semble s'être affaissé d'un seul coup sur plusieurs centaines de kilomètres. Nous roulons maintenant en longeant une falaise d'une centaine de mètres de hauteur sur notre gauche. Le paysage change également et nous nous trouvons dans un environnement de type savane. L'avantage de ce genre de pays c'est que les enfants peuvent dormir deux heures en roulant sans rien perdre du paysage. A la passe d'Eucla, vous l'aurez compris, nous remontons sur le plateau et la route se poursuit. Mais là, nous venons de pénétrer en Australie du sud et c'est une autre histoire.

panneaux australiens