Le 13 avril, au lendemain de notre arrivée à Cuba, nous partons à pied le matin pour aller visiter la «Habana Vieja», le centre-ville de la capitale cubaine, à l'architecture néo-coloniale, déclaré Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO en 1982. Nous longeons le Malecón, la fameuse avenue qui longe le front de mer, plus impressionnés par la décrépitude des édifices, rongés par l'air marin et le temps, que par leur splendeur architecturale.
Vue des toits de la Vieille Havane depuis l'hôtel Deauville sur le Malecón
De l'indépendance à la dépendance
Par «néo-colonial», les Cubains entendent par là la période comprise entre l'indépendance de la Couronne espagnole, en 1898, et la Révolution cubaine, en 1959. L'indépendance à l'égard de l'Espagne n'aurait servi en fait à Cuba qu'à retomber aux mains d'une autre influence étrangère, cette fois-ci nord-américaine. Les Etats-Unis ayant aidé les patriotes cubains et vaincu l'Espagne, les marines restèrent stationnés dans l'île pendant quatre ans et en 1902, le Congrès américain fit voter l'amendement Platt à la Constitution réservant aux Etats-Unis le droit d'intervenir dans les affaires intérieures cubaines, et convertissant l'île en un protectorat de facto de son grand voisin.
L'amendement Platt fut abrogé en 1934 mais la pensée officielle considère que la vraie indépendance de Cuba commence à partir de 1959 avec la Révolution nationaliste puis socialiste menée par Fidel Castro et Ernesto Guevara. D'où la dénomination de «néo-colonial» pour signifier le passage d'une «puissance coloniale» à une autre sans accéder à l'indépendance réelle.
Nous arrivons au bout du Malecón au niveau du «Castillo de la Punta» (château de la pointe) là où se trouvent de nombreux pêcheurs à la ligne, pour quitter le bord de mer et rentrer dans les rues pittoresques et pleines de vie de la Vieille Havane. Nous entrons dans la cathédrale de style baroque colonial construite au début du XVIIIe siècle, visitons le musée d'art colonial qui présente meubles et objets de l'époque coloniale, le musée de l'auto qui abrite des voitures de collection de la première moitié du XXe siècle, les grosses américaines des années cinquante circulant encore en masse sur les routes cubaines.
La grande majorité de la «Habana Vieja» et de «Centro Habana», les deux quartiers du centre conformant la vieille ville de La Havane, sont dans un état de décrépitude très avancée, certains édifices menaçant même de s'effondrer. La ville perd d'ailleurs chaque année des dizaines et des dizaines de bâtiments en raison du manque de soin. Seules quelques parties présentant un intérêt touristique particulier comme les places, les musées, les monuments, les édifices gouvernementaux, sont entretenues et repeintes.
Mais si la Vieille Havane donne l'image d'une ville dévastée par la guerre, on ne peut nier l'extraordinaire potentiel architectural et touristique que représente le centre historique de la capitale cubaine, à juste titre classé au Patrimoine Mondial !