Journée de repos - Vague à l'âme

19 Mai - Vague à l'âme

Au réveil, je trace de mon lit, titubant et l'esprit embrumé par cette nuit perturbée, pour monter sur la passerelle et retrouver l'officier en second veillant sur un cargo ondulant lassivement dans des vagues de 6m de houle en toute quiétude.

Bercé par le roulis et l'âme bousculée par les collines roulantes de l'océan, un puis quatre dauphins surgirent du flanc d'un vague sur tribord. Aussi inattendu qu'émouvant. Si beau. Joli cadeau de cette traversée.

Pensée aussi aux "sea eagles" qui surfaient sur le vent à quelques centimètres des vagues alors qu'il y avait 40 noeuds de vent face à eux. Des oiseaux si légers et si fins vus d'ici.

Rolly, Ramil et Michel. Les principales commandes de bord.

Le lever du soleil sur l'océanRollyRamil et Michel
Salle de commandeVue de la salle de commandeTour de controle

Après cette nuit mouvementée, j'ai passé une grosse partie de la journée à dormir. Séance de Yoga sur le toit de la superstructure toujours au rythme des vagues qui ont habilement desiquilibré le Yogi débutant que je suis. Le bateau fait toujours des zig zag autour de son cap évitant les vagues de front. Ce n'est pas gênant, le Manet a un peu d'avance sur sa course. L'arrivée est prévue le 22 au RedHook terminal de Brooklyn à 4H du matin.

Le temps est maintenant complètement bouché : brouillard et bruine. Les 4 passagers que nous sommes passons une journée un peu étrange. Une torpeur s'est emparée de nous, la mauvaise nuit et le brouillard aidant. Journée de maintenance aussi : sieste encore, nettoyage du linge et mise à jour du journal de bord. J'ai reçu un mail de ma douce aussi ce matin. J'ai sorti du sac le lecteur MP3.. en recherche de chaleur sur ce rafiot triste comme le temps de ce soir.

Les visages de l'océan me paraissent innombrables. Pourtant je n'ai pu en saisir qu'une infime partie. Les combinaisons vent, soleil, nuages, vagues, courants, oiseaux, états d'âme sont infinies. 5ème jour de mer et une vraie distance s'installe. Est ce là maintenant cette préhension de l'espace que j'attendais et qui finalement m'imprègne ? Ou juste les 4 heures de décalage horaire ?

Quelle rigolade ce matin pour faire la moindre chose avec le roulis du bateau. Toutes les démarches sont titubantes. C'est idiot mais c'est comme si toute le monde à bord était raide ! Hormis peut être le jeune qui nous sert à table dont le travail l'oblige à avoir une dextérité à toute épreuve.

C'est le premier jour où je n'ai pas osé aller à l'avant du bateau. Trop de roulis ce matin. Trop de nuit à présent.

Vue du cargoAu bord du navireGM MANET
Salle de commandeOiseauxles remous