Lundi 13 Juin
Port de Fiscardo….Où l’on peut, devant les « Rooms to Let », tout en haut de la côte qui longe les quais.
Réveil en fanfare ce matin au son de la sirène d’un bateau qui annonce son arrivée. J’aime me jour en pareil cas, la lumière et le soleil qui éclaire pleins feux toutes les maisons de pêcheurs étagées sur la colline. Le rose et le jaune dominent avec les volets bleus et, au premier plan les filets jaunes et verts en attente de pêche.
Me reviennent en tête quelques lignes, dont j’ai oublié l’auteur, les voici « : Je ne sais pas grand-chose sur les maisons, mais je sais qu’elles ont leur caractère, voilà tout. Elles brodent des persiennes de couleur et des portes étincelantes sur le jour. »
Avant notre embarquement à 10 heures,nous faisons à nouveau notre balade du front de mer à travers les chaises et les tables des restaurants éparpillées. Les touristes dorment encore, le soleil en se levant est brûlant, l’été Grec bat déjà son plein.
Nous achetons quelques bricoles, cartes postales, ainsi que le tableau « marine à voiles », fait main. La perspective des petites rues transversales où déboulent les marches blanches des maisons, forme de jolies images de la Grèce Typique. Les yachts arrimés hier au soir sont toujours là, tandis que la mer se pointille de voiliers.
Le long des côtes de Fiscardo , s’ouvrent plein de grottes servant d’abris à des phoques méditerranéens, en voie d’extinction, mais protégés par de jeunes volontaires ONG venant de toute l’Europe. C’est le Normand Robert Guiscard, qui avait fait construire l’église au XIe siècle, mais il ne reste que des ruines. Il donna son nom à la ville qui devint Fiscardo en son honneur.
Nous nous sommes mis en attente de départ, sur la rue en pente raide, derrière un camion. Nous attendons le ferry, que faire d’autre q’attendre au pays de Pénélope !....
Cap’tain’ Aristidis se pointe à l’heure dite et nous fait rejoindre sans problèmes, en une heure seulement le port de Leucade, Vassiliki et notre point d’ancrage, au bout de la plage, où stationne déjà un camping car de Nantes. Repas et sieste, grosse séance de lèche vitrines, courses au super market, pris une « pinte » de bière à une terrasse sur la mer. Puis lecture du « monde » découvert dans une épicerie près des légumes, longs échanges d’impressions avec nos voisins, repas, puis repos.
A demain.
Mardi 14 Juin
Plage de Vassiliki, sud de Leucade.
Il est 8 heures seulement. Beau soleil, il y a trois ou quatre corps étendus sur le mouchoir de poche de sable, les cailloux composent le reste de la plage que les gens évitent. A quai quelques bateaux amarrés et deux au large qui ont dormi sur l’eau. Le vent fou d’hier a cessé, on entend seulement le ressac de la mer.
Traverser l’île du sud au nord, est une affaire vite réglée, car il y a seulement 40 kilomètres qui séparent Vassiliki de Lefkada. Nous arrivons juste à temps pour voir le pont se lever, canaliser deux bateaux, puis reprendre son poste de passeur de voitures et de motos.
Nous voilà donc maintenant sur le continent Grec, nous devons traverser la province de l’Epire, où paissent de nombreux troupeaux, joindre Ioanina puis le pays des Zagoria que sillonne le canyon du Vikos. Les travaux de la ville battent leur plein à Ioanina, les déviations signalées au départ cessent leurs indications aussitôt, de sorte que nous nous perdons et renonçons à faire un arrêt visite de la ville. Nous partons donc directement sur Monodendri, point de départ du parcours aux gorges du Vikos.
Magnifique région, que l’on voit pour la seconde fois, sans vraiment la connaître. Il faut dire que les petits villages montagnards sont séparés de dizaines de kilomètres à parcourir à pieds, par le sentier muletier. Monodendri est un de ces villages bâti en pierres grises, jusque sur les toits qui doivent peser des tonnes. Les maisons à encorbellements bordent la grande rue faite de pavés luisants comme du marbre. Des tavernes et hôtels accueillent le visiteur sans déparer le reste de l’habitat traditionnellement médiéval. Nous prenons la petite route qui mène à Oxia où se trouve le belvédère sur le Vikos. Bien asphaltée au départ, elle se couvre bientôt d’ornières et de cailloux dévalant des pentes longeant notre itinéraire. Mais, jusqu’à présent nous pouvons passer prudemment. Nos arrêts « admiration de paysage » sont nombreux et aisés, car nous sommes seuls sur ce chemin de montagne. Pas tout à fait pourtant, un couple d’Anglais venant en sens inverse, s’arrête pour nous porter secours, nous croyant en panne et nous dit que le reste du parcours « it’s very bad » . Bon, nous voilà prévenus ! Remerciements chaleureux pour leur proposition d’assistance, leur information et, reprise du voyage. Le chemin sinue à l’abrupt de la falaise coupée de terrasses jadis cultivées par des ermites et découvre des grottes qui servirent de refuge au cours des guerres, puis….
Bientôt s’élèvent des rochers feuilletés, incroyables .Le soleil à son coucher y déverse sa palette de couleurs et ces images sont saisissantes. Ce paysage se poursuit sur plusieurs kilomètres,les formes arborées se diversifient : Ici on dirait des livres empilés, là une cathédrale avec ses tours ou bien un monolithe mille feuilles. Il y en a d’impressionnantes quantités et notre visite s’éternise. Désormais il reste peu de temps pour joindre Oxia et son belvédère sur la canyon.
Le chemin s’arrête, il y a un petit parcours à faire à pieds, au ras du précipice, juste quelques dizaines de mètres qui paraissent infranchissables. Arrivés au sommet, le balcon d’Oxia surplombe le vide et nous offre un panorama somptueux sur le canyon du Vikos aux pentes ombragées de conifères, de chênes et de châtaigniers. Le site, la solitude qui y règne, le mystère qui entoure cette région, le danger peut-être aussi, nous emplissent d’une sorte d’inquiétude irraisonnée. En bas à mille mètres sous nos pieds serpente le ruisseau du Vikos, où foisonnent les truites.
Le soleil en se couchant, laisse la place au crépuscule, il faut retourner sur nos pas jusqu’à Monodendri, sans avoir trouvé le monastère Aghia Parekevi que nous avions visité en 1986. Il faudrait envisager une autre balade pédestre à laquelle on renonce, par manque d’entraînement. De plus l’état du couple rencontré, de retour d’une de ces marches à pieds, nous dissuade et nous incite à la prudence.
En relisant mon carnet de bord et classant mes photos je suis persuadée que nous reviendrons dans cette région de Zagoria, absolument magnifique, où l’on est un peu livré à soi-même, comme dans une sorte de désert verdoyant pas si hostile que ça….et situé aux antipodes des cités archéologiques surpeuplées.
La nuit tombe, l’heure du coucher est toujours un problème dans ce pays où les chambres à louer sont plus nombreuses que le nombre d’habitants…et où le camping sauvage peut être puni d’emprisonnement….Nous devons trouver un endroit pas trop isolé, qui ne gène personne et qui nous plaise. Nous avons dédaigné à Monodendri une place publique et nous avons eu tort, car rien de mieux ne s’est présenté. Mais ici, se cache un petit chemin de terre et d’herbe au milieu de nulle part. Il fait notre affaire. Un petit ruisseau passe là, où les crapauds croassent, les oiseaux von pépier toute la nuit, doucement, comme à mots couverts. Un tracteur passe, sans problèmes et nous laisse en paix. Autour de nous, des collines feuillues, des champs d’un vert tendre régal des troupeaux, c’est reposant !....Mais le chemin du retour se profile et on l’envisage sans aucune mélancolie, tout chargés que nous sommes de notre moisson de souvenirs.
Mercredi 15 Juin
Campement du retour, dans les champs verts, route de Monodendri.
Temps gris, ce matin, les oiseaux ont discuté toute la nuit. A côté de nous sous les herbes vertes court un petit ruisseau où les crapauds s’interpellent. Sinon, peu de circulation sur la route à 50 mètres devant notre chemin. Nous partons vers Igoumenitsa, notre port d’embarquement pour l’Italie.
Il y a beaucoup de monde à Igou, mais on trouve à se caser provisoirement le long du quai, comme on le faisait autrefois en rentrant de Turquie, ou bien de Grèce. Il s’agit maintenant de trouver l’agence Anek pour changer la date de notre retour initialement prévu pour le 30 Juin. Après la visite le quatre agence satellites, on atteint la direction Anek, qui programme notre traversée pour demain 16 Juin. Nous partons ensuite comme le suggère notre guide, sur la route front de mer vers Plataria, Sivota ,Perdika. Très belle route virageuse, surplombant les îles et la mer d’un bleu profond, véritables images de cartes postales, on les revoit, afin de créer uns conclusion digne de notre voyage.
En rentrant de notre excursion, nous nous installons sur le port pour attendre demain. Puis nous faisons les courses et Jeannot fait s’esclaffer l’épicier qui lui donne illico une bouteille d’eau minérale glacée en cadeau. C’est souvent ainsi lorsque l’humour est bien perçu …Je crois bien que notre épicier ne nous oubliera pas de sitôt, il nous raccompagne sur la porte de sa boutique, nous serre la main cordialement. Qui sait, peut être reviendrons nous le voir ?.....
Notre place sur le port n’est pas idéale, les bruits de moteurs de bateaux sévissent jusque tard dans la nuit, mais on essaie quand même de dormir, car on a une journée d’attente demain.
Jeudi 16 Juin
Parking du port d’Igoumenitsa..
Nos voisins, un à un sont partis, il reste seulement un Italien, un Allemand et nous, infime partie de la tour de Babel. Hier au soir nous avons visité les bureaux du port et repiqué un joli magasin de souvenirs. Ce matin nous allons faire notre shopping : un robe bleue pour Fanou, un tee shirt blanc pour Daniel, avec un commentaire. J’ai renoncé à celui qui portait une belle pensée de Socrate « la seule chose que je sais c’est que je ne sais rien » ! je ne sais pas comment Titou aurait pris cette phrase que pour ma part je trouve magnifique.
Puis on quitte le port qui flambe de chaleur et où le bruit des moteurs de bateaux ne s’arrête pas même entrés au port. On cesse de les entendre quand ils repartent.
On rejoint à quelques centaines de mètres d’Igoumenitsa, un accotement qui surplombe le port. Il y a d’immenses eucalyptus sous lesquels il fait bon. De plus, quel panorama sur la mer, d’où partent et arrivent des bateaux sans arrêt. La majorité vient d’Italie, comme celui à destination de l’île de Corfou ou à Patras. C’est d’ailleurs celui là de retour à 21 heures qui nous prendra à son bord jusqu’à Ancône.
Donc : Efkaristo, la Grèce…..Parakalo…..Posso Kani….C’est bien le moment de me remémorer ces mots, car au moment de les dire ils sont partis dans les replis de ma mémoire. …Alors tant pis ! Je dis les miens et… Efkaristo ….ça marche quand même, presque toujours !....
Sur ce parking, il y a un chien gentil comme tout, à qui l’on fait un menu de miettes de thon et de pain . Il lèche la boite de thon de fond en comble et laisse tout le pain. Il s’installe sur le seuil de la petite chapelle fermée à clé et fait fête à tous les visiteurs qui le nourrissent à tour de rôle….
Nous sommes à nouveau au port en attente de notre ferry de la compagnie Anek « Héllénik Spirit » . Nous attendons entre deux camions frigorifiques et lorsqu’ils partent la place est prise par des Hollandais, qui s’installent dans leur transat juste devant notre camion, nous empêchant de manœuvrer le cas échéant. Jeannot les trouve vraiment culottés, partout chez eux et trouve redoutable leur coalition. C’est sans doute eux qui ont raison car : l’union ne fait elle pas la force ? On peut quand même essayer de se défendre…Il met le contact comme pour partir et ils s’en vont ailleurs avec leur attirail de repos. La leçon semble avoir été bonne…
Héllénic Spirit arrive à 9 heures 30 comme prévu. Les campings cars qui nous suivaient passent à l’avant, sans attendre l’ordre et ils squattent les meilleures places près des hublots. Pour notre part bien qu’arrivés les premiers, toutes les baies sont prises quand on arrive sur le pont « open dek ». Il nous reste le fond promenade des chiens…
Nous partons à la découverte du bateau, boire un pot sur le pont abrité du vent , puis à la boutique Duty Free , pour acheter l’Ouzo détaxé, la carte Visa n’est pas acceptée à cause de l’heure tardive. Nous perdons notre chemin dans les dédales d’escaliers et le réceptionniste vient gentiment nous raccompagner. Nous nous endormons, je ne sais plus à quelle heure, la chaleur est extrême ; on doit établir un courant d’air en maintenant la baie du fond ouverte à l’aide du guide Michelin. On n’arrête pas le progrès...
Vendredi 17 Juin
Ce matin dès 6 heures, toilette avant la cohue de 7 et 8 heures, puis déjeuner, rangement, prépa du dîner et attente.
Il est 9 heures 30, nous revenons chercher la caméra pour d’éventuelles jolies images. Sur le pont, la piscine se remplit et les gens cuisent au soleil. Le ménage se déroule dare-dare, pour préparer la traversée suivante. Laveurs de vitres, de sol, de tables, de chaises etc.…
« Watch your steep » est-il écrit partout, ce qui doit vouloir dire « attention à la marche ». Un lécanicien vient d’en manquer une justement. Il est tombé en heurtant sa tête sur le sol. Jeannot se précipite pour savoir que c’est la « testa » qui a pris une bosse et non la « cabeza » comme il a formulé la question…en mélangeant les langues.
Juste devant nous une petite fille sort de la piscine et tente d’enfiler sa culotte, opération compliquée qui demande de l’équilibre et du savoir faire. Finalement mettre les deux pieds dans le même trou ce n’est pas le pied pour une culotte…et elle s’en va, le derrière à l’air, la culotte enroulée autour de la taille.
On arrive incessamment nous dit l’hôtesse en plusieurs langues. Il s’agit de repiquer la nôtre, avec moult difficultés on y arrive. Il faut maintenant descendre au Dek où les conducteurs commencent déjà le démarrage, opération interdite tant que le bateau n’est pas arrivé. Finalement c’est comme en Afrique, rien ne sert d’interdire…..
Bientôt se profilent les images d’Ancône et de ses centaines de clochers. Le bateau Axia d’Héllenic Spirit entre au port. Quant à moi, j’ouvre l’agenda, carte de l’Europe à la page 75 et 76, nous changeons de planète.
Balma Août 20
Le voyage a eu lieu du 15 Mai au 19 Juin 2005
Les images et la mise en page sont de Jean
Le récit est de Lucie
Jean.bedrignans@club-internet.fr