En route pour les montagnes
Nous roulons maintenant vers l’Himachal Pradesh, la région au Nord du Pendjab la moins peuplée d’Inde. Sur la route, les villages se suivent, parfois se touchent. La densité de la population est perceptible immédiatement. Fini les espaces libres, inoccupés. L’humain est omniprésent, il se frôle, se touche.
A Pathānkot, ville située à l’extrême nord du Pendjab, nous mettons le cap à l’Est, vers les montagnes. Très rapidement la route s’élève et l’air se rafraichi. Les villages s’éloignent les uns des autres. La végétation change radicalement. Nous poursuivons notre montée, la route se resserre et bien souvent il n’y a de place que pour un seul véhicule. Chaque croisement demande l’arrêt d’un des véhicules et fréquemment il faut faire marche arrière, surtout dans les villages étroits. Les habitants ont accroché leurs maisons d’un côté sur le flanc de la montagne et de l’autre, côté vide, elles sont posés sur des pilotis pour combler la différence de hauteur.
Nous longeons des à-pics vertigineux sans garde fous. Masya a regagné l’arrière du véhicule, elle a le vertige. Les paysages sont somptueux et Mathieu mitraille. L’appareil photo et la caméra n’ont pas le temps de refroidir. On veut saisir tous ces instants. La végétation est luxuriante : pins, eucalyptus, tecks, essences rares et inconnues. Nous croisons des rizières d’altitude. Les femmes sont à l’œuvre. Faucille en main, elles coupent le riz mûr, lient la paille qu’elles ramènent à la maison sur leur tête en d’immenses gerbes. Nous continuons notre ascension des contreforts de l’Himalaya et les premières plantations de thé apparaissent. Les singes ont fait leur apparition, ils traversent la route, s’invitent dans les villages. Quelquefois, leur cul rouge posé sur une pierre, ils regardent passer les voitures. Beaucoup de mères portent leur petit sur le dos ou accroché au ventre.
Nous progressons lentement, très lentement, pas plus d’une centaine de kilomètres pour cinq heures de conduite, mais nous ne sommes pas pressés. Palampur, Dharamsala, résidence du Dalai lama en exil du Tibet proche depuis 1959, Mandi et enfin Shimla, chef lieu de la province fondée par les anglais et capitale d’été de 1865 à 1939. Son climat agréable en fait la destination favorite des indiens fortunés de Delhi. Construite sur une colline, on peut y voir les traces du passé colonial de l’Inde au travers de beaux monuments et édifices. Le seul hic : la circulation y est très difficile voire impossible. La population a explosée et les murs ne se sont pas écartés.
La route décline et les montagnes s’éloignent doucement. Nous roulons maintenant en direction de Delhi, la capitale du pays.