Djenné

Le lendemain nous reprenons la route. Cette fois le retour est amorcé. Il nous reste pourtant une dernière visite importante à rendre à un des hauts lieux de l'architecture soudanaise: la mosquée de Djenné réputée pour être la plus grande construction en terre crue du monde; et comme notre itinéraire passe à une trentaine de km de la ville comment ne pas faire le détour?
La route qui mène au Bani, affluent du Niger, n'est pas mauvaise. Là il nous faudra laisser les camping cars et nous débrouiller pour parcourir les 5 km restant. Nous arrivons tôt dans l'après midi au bord de la rivière, trouvons un campement tout près de l'eau et préparons notre visite du lendemain matin. Le soir, alors que la pleine lune joue avec les branches d'un gommier, nous avons la surprise de voir arriver toute une famille. Elle habite la case proche de notre campement et nous en avons croisé les membres dans l'après midi. Mais à ce moment ils sont là parents et enfants, cérémonieux, revêtus des « habits du dimanche » et nous apportent le présent de bienvenue, une calebasse de lait de chèvre fraîchement tiré. Nous passons un moment ensemble à tenter d'échanger quelques propos, touchés par le geste et frustrés de ne pas pouvoir mieux exprimer notre gratitude. Ces instants resteront un souvenir fort de notre voyage.

Le lendemain matin nous retrouvons notre guide. Dans sa gabardine foncée boutonnée de haut en bas, avec ses petites lunettesrondes et son français parfait il ressemble plus à un instituteur qu'à un pro du tourisme quand? Il nous conduit à la pirogue qui nous fera passer le Bani, traversée qui ne dure que quelques minutes car la rivière, en cette saison, n'est ni bien haute ni bien large. Pour continuer dans la couleur locale nous louons une charrette tirée par un cheval étique qui nous mène jusqu'en ville.
Djenné tout comme Tombouctou n'a rien d'exceptionnel; quelques grandes belles maisons, aux façades décorées, aux portes imposantes compensent tout juste l'impression que nous ont laissée les petites rues sales et nauséabondes au milieu desquelles les égouts coulent à l'air libre. Mais la mosquée mérite à la fois sa réputation et justifie à elle seule le détour. Nous avons en plus la chance d'être là un lundi jour de marché qui se tient sur la place devant le monument et adoucit la solennité de sa façade par sa couleur et sa vie.

Après Djenné le retour ne connaît plus d'écart. Nos visas arrivant bientôt à expiration, il nous faut quitter le Mali. La traversée de la Mauritanie puis celle du sud marocain nous attend, presque 3000km qui se déroulent sans encombres. Que nous reste-t-il de ce voyage? Rien de plus, rien de moins que ce qu'apportent les voyages réussis : des souvenirs, des moments partagés, une découverte du monde, des images certaines éblouissantes qui resteront gravées, d'autres plus banales qui s'estomperont peut-être, des souvenirs de rencontres nombreuses (c'est là un des avantages du voyage en camping car sur le voyage organisé) dont quelques unes laisseront des traces indélébiles et le plus important une meilleure connaissance des Hommes qui nous remet à notre vraie place et nous incite à plus de tolérance. Sauf si avant même le départ et tout au long du parcours on reste persuadé de détenir la vérité, la seule, la vraie. Mais alors pourquoi partir de chez soi ?

Le Bani en face de DjennéLa route du retour à travers la Mauritanie