Parc national de Terelj

Dimanche 31 juillet : tomate party

Mouton
11h, reveil tardif; nos voisins ont eu le temps de tuer un mouton et, c'est devant le depecage de la bete que nous petit-dejeunons. Un autre attend son tour a quelques metres mais ici tout est fait pour que l'animal souffre le moins possible et meurt rapidement; les Mongols respectent toute forme de vie. Nous avons vu toutes les etapes de la decoupe du mouton a l'assiette en passant par le vidage des trippes et leur nettoyage, et tout ca en famille. Le mouton a cuit longtemps comme un bourguignon de sorte que, meme Sophie en a mange sans grimacer, Christophe en a evidemment repris sans se faire prier (il faut bien faire honneur a la cuisiniere).

Avant de passer a table, nous nous sommes adonnes a un drole de rituel ou l'on fait passer une pierre bouillante sortant de la marmite d'une main a l'autre. L' echange verbal etant assez limite avec nos hotes, nous avons d'abord pense que c'etait pour preparer nos mains a la chaleur de la viande, c'est en fait pour se purifier et eloigner les maladies. Pour les maladies on ne sait pas, en tout cas Christophe s'est brule la main. Toujours est il qu'on a bien rit pendant ce repas et nous avons fait un grand pas dans la communication, la vodka aidant. Nous nous sommes presentes a notre tour au travers de nos photos de famille de Paris et de notre projet grace a la mappemonde gonflable. Se sont enchainees partie de volley et "tomate" (souvenez vous, les jambes ecartees, on se faisait passer la balle entre les jambes, puis on a grandi et.). En tout cas, ca leur a beaucoup plu. Les Mongols sont d'un naturel tres rieur et d'une grande gentillesse. On nous avait parle de leur sens de l'hospitalite et de leur joie de vivre, on confirme, c'est un vrai plaisir de pouvoir vivre ces moments avec eux. La journee se termine au puit a quelques kilometres de la, histoire de rapporter 3/4 bidons d'eau. C'est dans ces moments la qu'on prend conscience de la valeur de certaines choses devenu tres banales chez nous, comme l'eau qui coule d'un robinet.

Lundi 1er aout : Première chevauchée

Orcho, 25 ans invite Sophie a une initiation de traite de jument en lui montrant la technique. D'abord, les poulains font venir le lait puis elle prend le relais de ses mains expertes. Sophie s'y essaiera sans grand succes, les quelques gouttes qui sont sorti d'un seul pie (sur deux) ayant atterri sur son avant bras! La survie en milieu campagnard, c'est pas gagne. Elle nous a ensuite ouvert sa gers pour une seance d'essayage de costumes traditionnels fait main (les Mongols deels), meme Christophe y a eu droit malgre les 20 cm qui le separent de son proprietaire. Elle en offrira un a Sophie qui, tres emue, lui offrira en retour son beau boitier de poudre compact l'Oreal parce qu'elle "le vaut bien"!

Et 3 jours sans pouvoir poser les fesses

La fin de journee sera marque par une heure de cheval qui aura suffit a marquer de bleus l'interieur de nos cuisses; les selles mongoles sont en bois, c'est sans doute une des raisons pour lesquelles ils montent debout sur les etriers. Du haut des collines, nous avons pu nous rendre compte de l'immensite des paysages environnants et assister a l'envol majestueux d'une chouette.
Nous partagerons un dernier diner chez Orcho agremente de tours de magie qui les ont bien amuses. Que la guide des magicians nous pardonnent, nous avons divulgues nos tours. Abracadabra!

Du Mardi 2 Aout au jeudi 4 : Terelj

Nous disons au revoir à toute la famille avec une petite pointe au coeur puis nous repartons en direction de l'est à 2h d'UB; nous passerons 3 jours en gher dans le parc national de Terelj. Les paysages sont très différents: conifères, hautes collines et torrents à foisons justifient son surnom de "Petite Suisse asiatique". Malheureusement c'est aussi beaucoup plus touristique et artificiel: nous avons trouvé les dinosaures en carton pâte assez pitoyables, sans parler des camps de ghers bien disposées en enfilade qui défigurent le paysage.
Nous sommes dans une gher appartenant a des amis de notre logeuse d'UB au milieu d'autres ghers habitées par des Mongols, car, après notre dernière expérience, pas question de se retrouver parqués avec les groupes de touristes japonais! Seul hic: l'absence de WC ( sauf si on supporte bien les fosses a purin) et pas d'endroit a l'abris des regards de ces jeunes Mongols en vacances; Sophie obligée à faire plusieurs centaines de mètres, trouvera une solution moins contraignante: pisser aux quatres coins de la yourte (et ca la fait rire! Christophe beaucoup moins.).Même si ce n'est pas aussi authentique, malgré une pluie battante, nous aurons droit au chaleureux accueil mongol : la maîtresse de maison, après nous avoir allumé un feu et porté du thé, nous a gracieusement offert des "buuz", raviolis de mouton cuits a la vapeur et specialité culinaire numero 1 de la Mongolie. C'est ensuite un défilé de joyeux drilles qui s' invite sans frapper pour nous saluer autant que pour nous réclamer de la vodka ou encore pour nous vendre de la vaisselle! La yourte s'apparente en fait à un moulin, ni verrous, ni cadenas, les lois de l'hospitalité sont telles en Mongolie qu'on entre sans s'annoncer, qu'on se sert en viande ou en thé même si personne n'est présent. Peut-être qu'au-delà de la rigueur des conditions de vie, c' est l' absence de biens matériels qui entretient cette culture de l' hospitalité chez ce peuple nomade. Finalement, la seule chose qu ils ont vraiment peur de perdre, ce sont leurs chevaux et leur élevage. Cela durera sans doute jusqu'a ce que la pensée capitaliste n'arrive dans ce coin reculé du monde et encore préservé du matérialisme.
Nous nous endormirons dans une cacophonie de chants accompagnée d'une guitare mal accordée que nous ont infligé des jeunes carburant a la vodka.Nous profiterons de ce coin très agréable à cheval car les marches sont rendues impossibles compte tenu de nombre de ruisseaux et rivières qui parsèment le sol. C'est donc sur des selles russes plus confortables que les mongoles que nous traverserons ces cours d'eau parfois profonds.La cuisine se fait sur le poële, il faut l'allumer deux à trois fois par jour et chercher du bois, mais ce n'est plus un problème depuis qu'on nous a appris le technique de la bougie, pas bêtes les Mongols! Ca prend quand même du temps pour faire bouillir de l'eau mais comme on n'a rien a faire.Accompagnés de notre hôte, Christophe s'est essayé a la pêche. Nous avions rapporté un hameçon et du fil, il ne manquait plus que le reste: il a trouvé une belle branche de bois incurvée et Sophie s'est occupé du morceau qui fera office de flotteur. Les pieds dans l'eau, Christophe lance l'hameçon puis le tire a nouveau, il en sortira un fil nu, un mauvais réglage du bouchon étant sans doute responsable de la perte du crochet dans les galets! Christophe persiste a dire qu' il s'agissait en fait d'une truite énoooorme. La partie aura dure 30 secondes.
Retour a la maison pour un dernier repas avec la famille qui nous a invités. Eclairés à la bougie (pas d'électricité oblige), nous sommes un peu gênés car nous dînons seuls avec le père attablés par terre alors que les autres sont assis autour sur les lits, leur bol a la main.

Suite a cette deuxième expérience mongole, nous constatons qu'il n'est pas facile d'enchaîner les rencontres avec la même ferveur. La semaine précédente passée aux côtés de la famille d Archa et Marcha nous a demandés un certain investissement pour les connaître, les comprendre et partager tous ces moments. Comme un voyage, on a besoin de digérer une rencontre pour mieux se rendre disponible pour la suivante. Dans la même journée quitter les uns et se retrouver en présence de toutes ces nouvelles têtes dans notre yourte nous a rendu au début probablement moins enthousiastes qu'a l'habitude. On imagine que c'est le lot de l'itinérance.

Avec notre regard d'occidental sur certains pays dit "pauvres", on débarque avec nos clichés en tête et la réalité est souvent très différente de ce qu'on imaginait, avec pour résultat quelques comportements maladroits. Les Mongols ne manquaient de rien et nous avons parfois eu l'air ridicule avec nos échantillons de shampooing et nos crayons. De même on les croit en dehors de la modernité, et nos discours peuvent parfois sembler décalés, alors qu'ils sont au fait de beaucoup plus de choses qu on ne pense. La prochaine fois, on prendra certainement un peu plus de recul avant de nous lancer.