Récit
Découverte des lieux
Nous voilà partis de Paris, dimanche matin 10 heures, pour Dol de Bretagne, environ 3 heures 45 de route. Pas beaucoup de circulation et un temps qui va en s'améliorant et en se réchauffant au fil des kilomètres.
Pourquoi Dol de Bretagne ? C'est un mystère, le cadeau surprise de mon anniversaire : nous devons nous rendre au domaine des Ormes et passer la nuit du 21 au 22, perchés, non sur la montagne, mais dans un arbre, où une cabane, réservée de longue date, nous attend.
C'est la première "difficulté", la seconde, qui est en fait la principale, c'est l'accès à la cabane.
On pourrait penser, en gens raisonnables, qu'il suffit d'une échelle ou d'un escalier de bois pour y accéder. Que non pas. Régine, puisque c'est d'elle qu'il me faut parler, a choisi la cabane la plus difficile d'accès.
De quoi s'agit il ? Il faut tout d'abord s'équiper : un casque, une paire de gants, un baudrier avec deux crochets de survie (rien qu'entendre ce mot, on est rassuré !) et une roulette à deux poulies qui va rouler (c'est une fonction évidente) sur un câble tendu à 10-15 mètres du sol. Nous sommes quatre couples, dont deux jeunes et un couple qui travaille dans un cirque (y a de la triche !).
Une ascension périlleuse
Il faut atteindre ce fichu câble et pour cela grimper sur une échelle qui donnera accès à une p
lateforme. L'échelle est faite de larges barreaux de bois, tenue par des câbles, tremblante autant que moi. Bien mettre son corps au centre des barreaux et non sur les côtés, car l'échelle tournerait alors sur elle-même; accrocher ses deux manilles de survie et en avant.Notre moniteur, Mathieu, nous fait une petite démonstration. Pas facile de mettre les crochets en place lorsqu'on est trop petit, d'ailleurs, l'exercice est interdit aux enfants. Il l'est aussi, et ça se comprend, aux femmes enceintes et aux personnes en état d'ébriété….
Nous allons mettre un bon quart d'heure pour arriver à destination, notre cabane étant la plus éloignée : nous sommes logés chez "séquoia 4".
L'installation dans la cabane
La cabane, c'est 30 mètres carrés : une terrasse, avec deux chaises longues en teck et une table basse, le logement proprement dit, un matelas posé à même le sol avec deux oreillers et une moustiquaire, un coin toilette (si l'on peut dire) : il s'agit, derrière un paravent, d'un seau hygiénique (mettre une couche de sciure avant toute opération).
A disposition, une petite trousse de secours, un litre d'eau, des bougies à bien éteindre avant de s'endormir ! Nos bagages, nous les montons nous-mêmes à l'aide de la corde qui file le long de l'arbre.Une fois là-haut, que faire ?
En redescendre bien sûr, pour faire les courses alimentaires. Nous avons pensé qu'après tout, il valait mieux dîner à bord de notre cabane (on ne fait pas ça tous les jours !) plutôt que d'aller au restaurant (ça, on peut le faire tous les jours !). Alors, nous voilà prêts pour les manœuvres de descente.
C'est déjà plus facile, ou moins difficile…
Petit tour dans le domaine, où presque tout est inscrit en anglais, achat de victuailles pour notre petit dîner aux bougies et remontée (ouf !). Sur une petite table, il y a un livre d'or. En fait, c'est beaucoup plus un livre d'histoires ou d'humeurs qu'un livre d'or : chacun y va de ses sensations. Et on apprend, à travers une lecture attentive, que ce sont surtout les femmes qui réservent, en tout cas en ce qui concerne notre cabane, en cachette de leurs compagnons. L'une d'entre elles a même bandé les yeux de son compagnon pendant tout le trajet, de leur domicile au pied de l'arbre !
On apprend aussi que ce type de couchage a des vertus aphrodisiaques et on suivra, au long des pages, les aventures d'une nuisette, je ne vous en dis pas plus ! Une autre va regretter le manque de porte manteau, d'étagère et souhaiterait un sommier (!).
Une nuit sous les étoiles
Nous allons donc dîner au sommet de notre arbre, dans le silence, à peine gênés par le bruissement des câbles de nos voisins (les acrobates) qui vont et viennent. Le soleil s'est couché, il commence à faire frais, et nous allons terminer notre pique nique emmitouflés dans nos sacs de couchage .
Ça y est : bonne nuit et bon anniversaire !
C'est tout à fait étonnant de dormir dans une cabane qui bouge un peu, d'entendre le bruissement des feuilles, d'être plus près que jamais des étoiles !
Nous avions commandé notre petit déjeuner pour les 9 heures 30. Il est livré à l'heure dite, par panier, accroché au câble qui file le long de l'arbre. Il fait très frais, le temps est bien gris et il se met à pleuvoir, mais pas question de quitter la terrasse, d'autant que le feuillage du séquoia nous protége bien de cette petite pluie fine.
Nous déjeunons de viennoiseries (croissants, pains aux raisins et au chocolat, petits pains avec confiture et beurre, thé et café…). Deux écureuils se font la chasse sur l'arbre voisin…
Sur le chemin du retour
11 heures arrivent, et il nous faut descendre, à regret, de notre arbre, non sans avoir complété au préalable le Livre d'Or.Je descends en premier, Régine me faisant parvenir nos bagages par la voie des airs (pas en les jetant, mais en les descendant à l'aide du crochet…). La pluie a cessé, nous rendons les affaires au bungalow de réservation.
Mathieu est là, et nous le remercions. C'est un employé CDD car en fait, son vrai travail, ce sont ses études d'optique par correspondance, qu'il n'a pas l'air de vouloir terminer très vite… Régine remplit la fiche de satisfaction, en profite pour y mettre ses suggestions d'amélioration et nous repartons vers Paris.
Au début de notre route, nous avons dû mettre un peu de chauffage, mais au fur et à mesure des kilomètres, la pluie cesse et la chaleur se fait forte ! Je mets la radio : c'est pas mon jour de chance, car nous tombons sur une émission de France Inter sur le parachutisme de loisir avec saut accompagné. Je crains le pire pour août 2006 !