Le Cap
Avec 3,5 millions d’habitants, le Cap est la seconde ville la plus peuplée d’Afrique du Sud après Johannesburg. Des onze langues parlées dans le pays, l’Afrikaan, le Xhosa et l’anglais sont les plus communément utilisées au Cap. Possédant une richesse naturelle à rendre jalouse les autres villes du pays, le Cap cache aussi une histoire impressionnante. Berceau de mouvements égalitaires, théâtre de manifestations contre la ségrégation raciale et la domination des blancs institutionnalisée par les lois de l’Apartheid, le Cap est au cœur de tous les combats. Et quand en 1962, Nelson Mandela est arrêté par la CIA, il sera enfermé sur l’île de Robben à 9km au sud du Cap, prison dans laquelle il restera 18 ans. C’est ici aussi qu’il fera son discours le jour de sa libération en 1990. Politique, la « Mother City » est d’ailleurs le siège du gouvernement sud-africain qui réside dans les imposantes maisons à colonnes du Parlement érigées en 1884.
L’attachement du Cap à la défense des droits de l’homme n’a rien d’étonnant. Passée de main en main pendant des siècles, la ville avait été officiellement fondée en 1652 quand Jan van Riebeeck de la Compagnie Néerlandaise des Indes orientales s’y établit pour créer une étape permettant de se reposer au milieu de ses voyages vers l’Est. C’est sans compter que l’endroit était déjà habité par les peuples de Khoi et de San. Transformée en base pour les échanges et le commerce entre les Indes et l’Europe, la ville voit les voyageurs se succéder. Elle sera tour-à-tour choisie par les explorateurs portugais, les premiers à débarquer sur la pointe africaine, puis viennent les Hollandais, les Huguenots français, les Britanniques qui, tous, y installèrent leurs quartiers. Les Français aussi y laisseront leur empreinte notamment dans ce village nommé après eux : Franschhoek. Logé dans une vallée à 60 km à l’est du Cap, le musée mémorial des Huguenots rappellent leur présence. C’est d’ailleurs de cette époque que le Cap acquiert son surnom de taverne des mers à cause des centaines de voyageurs du monde entier, venus se ravitailler dans les repaires de la ville.
Le passé tumultueux de la ville se distingue aussi par ses monuments qui témoignent des vestiges de l’histoire coloniale. Il y a, par exemple, le Slave Lodge datant de 1679, qui, comme son nom l’indique, servait à loger les esclaves de la Compagnie Néerlandaise des Indes orientales et sert aujourd’hui de musée d’histoire de la culture égyptienne. La plus vieille construction du pays se trouve d’ailleurs au Cap et il s’agit du château de Bonne Esperance. Cette forteresse militaire située dans le centre de la ville fut en effet construite entre 1666 et 1679 par les Hollandais. L’hôtel de ville construit en 1905 se remarque par sa façade de style néo-Renaissance, et c’est dans la cathédrale anglicane St-Georges, d’un style néogothique qu’un certain Desmond Tutu fut ordonné premier archevêque noir.
L’île de Robben est également connue à travers le monde pour son rôle de prison politique, reflet des conflits qui divisèrent le peuple sud africain. C’est le long séjour de Mandela dans l’une des cellules de ce site classé depuis 1997, qui en fait une étape incontournable pour bien des visiteurs. Rendez-vous aussi dans le site historique classé : le quartier malais, que l’on appelle aussi « Bo-Kaap ».Ce quartier insolite pour ses petites maisons aux couleurs fluos, fut habité par les esclaves de Malaysie et d’Indonésie que l’on surnommait « Cape Malays ». Le meilleur endroit pour comprendre l’histoire de ce peuple forcé de rejoindre le Cap de Bonne Esperance par la main hollandaise, est le musée Iziko Bo-Kaap. Ne manquez pas non plus le District Six Museum qui retrace l’histoire de la communauté noire évacuée du quartier déclaré “zone blanche” et dont les monuments religieux furent abattus les uns après les autres. Enfin Gugulethu est un village qui vibre au rythme du jazz dans les clubs, un mélange coloré et authentique avec les problèmes de pauvreté qui accompagnent sa récente ouverture vers le tourisme. Alice Cannet
Publié le 16/12/09
Crédit photos : © Cape Town Tourism