Moscou quartier par quartier

Kitaï Gorod, Arbat, Tverskaya et la Galerie Tretiakov

Le quartier de Kitaï Gorod

Le quartier de Kitaï Gorod jouxte celui du Kremlin. C’est le plus ancien de la ville et est depuis son origine le quartier commerçant. Moscou a été souvent détruite au fil des siècles par des incendies, et il ne reste que peu d’éléments témoins du passé dans les petites rues de ce quartier. Vous pourrez, en levant un peu les yeux, voir des architectures typiques de différentes époques, et arriverez en flânant devant le palais des boyards Romanov.
La visite de cette vieille bâtisse est intéressante car les intérieurs sont meublés et agrémentés par des objets d’époque et des personnages de cire. Le tout vous fait plonger au temps des Boyards, ces nobles de la famille des Romanov, dans leur palais du 16e siècle.

La vieille rue Arbat

La maison Melnikov

La maison Melnikov

Entre les stations de métro Arbatskaya et Smolenskaya s’étire une petite rue piétonne, la vieille rue Arbat.

Commencez en partant du Kremlin et passez devant la Bibliothèque Lénine, vous arriverez  vite dans ce quartier qui a vu naître la classe moyenne russe puisqu’au temps des tsars c’est là que s’installèrent les employés de la famille royale et les commerçants. Ne vous trompez pas, il ne s’agit pas de la nouvelle rue Arbat, cette grosse artère sans âme percée au temps de Khrouchtchev et qui a sacrifié de nombreux bâtiments anciens… Détournez votre regard sur la gauche et vous apercevrez le départ d’une rue bien plus petite, intimiste, hors du temps. La promenade révèlera au plus perspicace de belles surprises architecturales, il y en a pour tous les goûts. Malheureusement la rue est devenue avec les années de plus en plus commerciale, et il faut chercher d’avantage les recoins sortis tout droit d’un autre temps.
Conseil : Enfilez-vous dans les ruelles et découvrez de magnifiques petites églises ou des très beaux hôtels particuliers.
L’un d’entre eux est la maison Melnikov, témoin rare de l’architecture constructiviste du début du 20e siècle. ### Le quartier autour de la rue Tverskaya

  Le théâtre du Bolchoï
Le théâtre du Bolchoï Au pied de la rue Tverskaya se trouve la place des théâtres, elle aussi redessinée après le passage de Napoléon en 1812. Parmi eux se trouve le prestigieux et non moins connu Théâtre Bolchoï, tout juste rénové et qui a réouvert ses portes au public fin 2011. Les plus grands compositeurs et les plus grands artistes se sont ici un jour produits. La rue Tverskaya est considérée comme les Champs Elysées moscovites. Autrefois bordée de boutiques chics, c’est aujourd’hui l’artère principale de la ville, avenue bruyante bordée de cafés, de centres commerciaux huppés et de nombreux établissements bancaires.

La boutique Elisseiev
La boutique Elisseiev
Conseil : n’hésitez pas à pénétrer dans les arrières cours, à passer sous les porches… Vous découvrirez les anciens bâtiments et retrouverez l’âme du Moscou d’autre fois. A ne pas manquer : la boutique Elisseïev, magasin d’épicerie fine qui marque les esprits par son décor baroque plutôt chargé, avec des plafonds dorés, des colonnes en bois sculpté et de magnifiques jeux de miroirs. Il est possible d’y acheter du caviar, mais les prix sont loin d’être abordables…

La galerie Tretiakov

Façade de la Galerie Tretiakov

Façade de la Galerie Tretiakov

La galerie Tretiakov figure au rang des plus grands musée du monde, et elle l’est pour ce qui concerne l’art russe. Son fondateur n’est autre que le riche marchand d’art Pavel Tretiakov qui, bien plus qu’un simple mécène, eu l’idée de demander à des grands peintres comme Repine de dresser les portrait des plus éminents personnages de son époque. Ainsi naquit sa formidable collection, qui s’agrandissait au fur et à mesure que Tretiakov décidait d’acquérir une œuvre qu’il jugeait à même de laisser une trace dans l’histoire. Un peu avant sa mort, en 1892, il légua toute sa collection à la ville de Moscou qui en fit un musée d’Etat.
Les collections du musée sont aujourd’hui réparties dans deux bâtiments, plutôt éloignés l’un de l’autre.
Commençons par celui qui réunit l’art depuis le 12e siècle jusqu’au début du 20e siècle. La façade du bâtiment est bien connue du grand public, réalisée dans un style néo russe classique en 1902.
A ne pas manquer : pour les passionnés d’icônes, la collection est la plus riche du monde.
Le plus de ce musée : on découvre au fil des salles les toiles des plus grands peintres, et l’on saisit du bout des doigts quelques éléments de l’âme russe qui nous permettent de mieux cerner ce peuple parfois si mystérieux. Conseil : au fil des salles vous verrez défiler des grands noms comme Repine, Vasnetsov, Sourikov, Gué, Vroubel, Serov…  N’essayez pas de tout faire, mieux vaut sélectionner les salles qui ont pour vous le plus grand intérêt, au risque sinon de ressortir avec une tête trop pleine et de ne rien retenir.

Le deuxième bâtiment, appelé également Nouvelle Galerie Tretiakov, renferme les collections du 20e siècle. C’est lui aussi le plus grand du monde en terme d’art russe de cette époque.

carré noir sur fond blanc
"Carré noir sur fond blanc", Malevitch Il est situé sur les bords de la Moskova, non loin de la station de métro Oktiabrskaya et de l’Ambassade de France. Le bâtiment en lui-même n’attire pas l’œil pour sa beauté mais plutôt par l’incrédulité qu’il suscite… Ce n’est autre qu’un grand hall de béton dépourvu de charme. Il ne faut cependant pas s’y arrêter et pénétrer à l’intérieur où les collections, bien mises en valeur, sont divisées en trois sections. Il y a d’abord les années 1910-1920, qui ont connu les mouvements contestataires du cubisme, futurisme, néo primitivisme ; c’est l’avant-garde russe, portée par des peintres comme Chagall, Malevitch, Gontcharova ou encore Kandinsky. Viennent ensuite les années 1930-1950, caractérisées par l’hégémonie du réalisme socialiste, seul courant artistique toléré par l’Etat. Toutes les œuvres entrent dans les mêmes canons : il faut représenter le peuple, la classe ouvrière, les dirigeants, glorifier le travail, la patrie ou encore la famille. On ne retient ici pas un peintre en particulier, mais ce style si caractéristique de son époque vaut le détour.
Enfin la dernière section est consacrée aux années 1950-1980, marquées par le retour de l’avant-garde. On présente ici l’art contemporain et conceptuel avec des œuvres parfois surprenantes.
A ne pas manquer : la section du réalisme socialiste et, pour les amateurs, les toiles magistrales de l’avant-garde du début du 20e siècle.
  monument à Pierre le Grand
Le monument à Pierre le Grand Puisque vous êtes dans les parages, faites un petit tour au Parc des arts, juste à côte de la Nouvelle Galerie Tretiakov. Ce parc expose, parmi un nombre incalculable de sculptures en tout genre, les statues déchues des anciens dirigeants soviétiques. Vous pourrez admirer Lenine et Staline sous tous les angles, Marx et Dzerjinski (le fondateur de la Tcheka, ancêtre du KGB) ainsi que nombre de statues qui était autrefois positionnées sur les grandes places du pays pour glorifier le parti unique.
En savoir plus : lire l’article sur le Parc des Arts de Moscou.

Insolite : Depuis ce parc il est possible d’apercevoir la colossale statue de Pierre le Grand, qui trône à 94m de haut sur les bords de la Moskova ; c’est la troisième statue la plus haute du monde. L’auteur est le célèbre Tsereteli, qui a récemment offert aux Etats Unis une grosse larme dans un immeuble pour commémorer les victimes du 11 Septembre. Son œuvre sur la Moskova est très controversée en Russie, et même haïe par les Moscovites.
Il faut dire que son histoire n’est pas commune : initialement, Tsereteli voulait offrir aux Etats Unis une statue de Christophe Colomb découvrant l’Amérique. Mais celle-ci fut refusée outre atlantique, jugée trop laide… il remplaça alors la tête de l’explorateur par celle de Pierre le Grand, ce qui donne un ensemble plutôt anachronique puisque le tsar est vêtu d’habits du 15e siècle et domine des bateaux de la flotte espagnole ! De plus ce tsar n’est pas dans les bonnes grâces des moscovites, et ceci depuis des siècles, car n’oublions pas que c’est lui qui a déchu Moscou de son rang de capitale au profit de Saint Pétersbourg… Alexandra Billard

Publié le 15/05/12
Crédits photos : © Alexandra Billard, © Moscowjobnet, © Szczebrzeszynski