Information générale
Le petit monde de la pierre éternelle
La réputation d’Anvers précède sa visite. Pour chacun, elle est la ville du diamant, la plateforme du négoce mondial de la plus belle pierre du monde, la plus solide, la plus brillante, la plus chère. Le diamant et son rayonnement international sont si importants dans l’économie de la ville qu’un secteur lui est entièrement consacré : le one square mile, une petite enclave d’1 km² où valsent des valises menottées au poignet des négociants aux airs faussement sereins. 70% des diamants dans le monde proviennent d’Anvers. Ils y sont estimés, taillés, polis, achetés, vendus ; Des sommes astronomiques à 9 zéros en dollars et des pierres aux valeurs inestimables se croisent et se recroisent chaque jour dans un ballet sous très haute sécurité (le quartier reste traumatisé par le casse du siècle de 2003 lors duquel plus de 100 millions d’euros de diamants ont été volés).
C’est dans les années 1880 que le diamant commence à briller à Anvers, d’abord dans le café Flora, puis au sein du Diamond Club (première bourse de diamants bruts et taillés) fondé en 1893 par des spécialistes qui affluent vers la ville (les diamantaires sont alors des Juifs installés depuis le XVe siècle). Voilà une bien belle occasion de prospérer et de devancer Amsterdam, la rivale économique. En 1904, la Beurs voor Diamanthandel, première bourse de diamants (taillés), voit le jour. Le bâtiment existe toujours, et on y clôt encore les marchés par une exclamation en hébreu, « mazal ! », invoquant la chance et la bonne fortune. Au XXe siècle, les deux guerres mondiales mettent un frein à cette ascension. Puis dans les années 1950, mais surtout 1960, c’est le grand boom et l’industrie emploie plus de 30 000 tailleurs. 3 écoles diamantaires sont ouvertes, les quatre Bourses battent leur plein : les deux premières citées plus haut ainsi que la Vrijediamanthandel pour les pierres brutes et taillées et le Diamantkring pour les diamants bruts. Mais depuis les années 1970, la concurrence est rude, surtout celle de l’Inde : les grandes familles de Bombay s’imposent dans l’économie anversoise jusqu’à représenter aujourd’hui six des dix diamantaires les plus importants de la ville, et il ne subsiste que 1800 tailleurs (contre 800 000 en Inde).
Le quartier des diamantaires et ses 4 bourses forment un univers étrange régi par la confiance, les regards et la maîtrise des codes indéchiffrables par les novices exclus du cercle très restreint des experts. Longtemps réservé aux acteurs principaux de ce théâtre, le quartier dispose aujourd’hui d’un espace de 1000m² accessible aux touristes du diamant: Diamondland. Pour célébrer des fiançailles, un anniversaire de mariage ou toute autre occasion marquante, on vient y admirer le savoir-faire des artistes tailleurs. On peut aussi acheter des pierres préparées sur place, avec ou sans monture, les faire sertir par des experts, le tout accompagné de certificats de garantie en bonne et due forme (en vigueur depuis les années 1970). Pour poursuivre l’aventure et explorer plus à fond l’histoire du diamant, rendez-vous au Musée du Diamant pour apprendre, observer et vivre une expérience interactive autour de la pierre mythique.
Audrey Bonnet
Publié le 10/12/2009 Crédit photos : © Anvers Tourisme et Congrès